Stérilisation de la chienne et de la chatte : quelles options ?

Il n’existe à l’heure actuelle aucun moyen de stérilisation médicale à moyen ou long terme facile à mettre en œuvre et sans risque, chez la chienne ou la chatte. La technique chirurgicale doit être choisie en fonction de l’animal et de la technicité du chirurgien, au cas par cas, en ayant informé les propriétaires des risques et des conséquences de la stérilisation.

Stérilisation chimique

Agonistes de la GnRH

Les agonistes de la GnRH¹ (desloréline) stimulent dans un premier temps l’axe hypothalamo-hypophysaire avec une augmentation sérique en LH et en FSH² à l’origine d’un effet flare-up et l’induction des chaleurs (utilisation hors autorisation de mise sur le marché ou AMM, chez la femelle). Dans un second temps, ils sont responsables de l’internalisation des récepteurs hypophysaires à la GnRH et de l’arrêt de la production de LH et de FSH avec inhibition de l’activité ovarienne. Chez la chienne, l’ovulation au cours de l’œstrus ainsi induit est aléatoire, moins présente lors d’implantation en anœstrus précoce. L’implantation au cours de l’œstrus est controversée, car elle présente des risques d’induction de pyomètre. Dans le cadre de la contraception, l’effet flare-up serait à éviter. Plusieurs protocoles ont été envisagés, notamment l’administration conjointe de progestagènes, mais celle-ci ne fait que retarder l’effet flare-up. Actuellement, il n’existe pas de protocole efficace pour pouvoir éviter cette induction de chaleurs lors de la pose d’un implant en vue de stérilisation. La durée d’efficacité de l’implant, assez variable d’un individu à l’autre, peut s’étendre jusqu’à 27 mois. Les effets secondaires sont des chaleurs prolongées à la suite de kystes ovariens (15 %), des lactations induites (11 %), des changements de comportement (6 %) ou des métropathies. La fertilité après traitement est comprise entre 60 et 85 %. Cet implant pourrait être proposé chez la chienne prépubère, avec une administration annuelle, afin d’éviter l’effet flare-up.

L’utilisation de la desloréline hors AMM est très récente chez la chatte. L’effet flare-up est également présent. La durée d’action varie de 6 à 36 mois. Les données disponibles à ce jour sur la fertilité post-traitement, bien qu’insuffisantes, révèlent qu’elle est normale. Toutefois, et il convient d’en informer le propriétaire, il s’agit actuellement de la seule solution efficace et présentant peu de risques pour stériliser médicalement la chatte à moyen et long terme.

Molécules ayant un feedback négatif sur la production de FSH/LH

Les progestagènes (acétate de médroxyprogestérone, acétate de mégestrol, proligestone, acétate de delmadinone) agissent par rétrocontrôle négatif sur l’hypothalamus. Ils sont utilisés depuis longtemps, mais présentent de nombreux effets secondaires : effet diabétogène, suppression de l’axe adréno-cortical, hyperplasie glandulokystique de l’endomètre, prolifération du tissu mammaire et développement de tumeurs malignes, prise de poids. La proligestone est celui qui a le moins d’effet progestatif. Ces molécules sont fortement déconseillées et à n’utiliser que ponctuellement, chez la chienne et la chatte.

Les antiandrogènes chez la chienne ont un effet central calmant non prédictif de ce qui serait observé sous castration chirurgicale. Les injections doivent être répétées tous les 4 mois.

Les androgènes sont commercialisés aux États-Unis, mais non disponibles en Europe. Ils sont, chez la chienne, d’une très grande efficacité et peuvent être utilisés comme traitement de l’hyperplasie glandulokystique ; ils sont déconseillés sur les animaux présentant des troubles hépatiques et induisent une hypertrophie clitoridienne. Chez la chatte, ils provoquent un syndrome de masculinisation morphologique et comportemental. La dose thérapeutique est très proche de la dose toxique. Ils sont fortement déconseillés.

La chatte étant une espèce polyœstrienne saisonnière à photopériode positive, l’utilisation de la mélatonine est évoquée pour inhiber la production et la sécrétion de GnRH et induire l’anœstrus. Il existe une présentation ovine de mélatonine sous forme d’implant. La pose en œstrus apporte une efficacité d’environ 2 mois. En interœstrus, l’induction des chaleurs est possible et l’efficacité serait d’environ 4 mois, ce qui n’est pas toujours suffisant pour toute la saison. La reprise de la fertilité est estimée à 75 % après traitement. Le recul vis-à-vis de cette molécule est actuellement trop faible.

Approche immunologique

Les recherches s’orientent vers la conception de vaccins dirigés contre des protéines des spermatozoïdes, la GnRH ou la zone pellucide. Pour d’autres espèces, il existe des vaccins anti-GnRH, mais les résultats sont assez décevants chez le chien.

Stérilisation chirurgicale

La stérilisation chirurgicale est une technique permanente qui est indiquée pour prévenir les tumeurs mammaires, en chirurgie du pyomètre, pour traiter les affections hormono-dépendantes ou pour gérer les troubles liés à la reproduction. Elle s’accompagne de complications liées à l’anesthésie et à la technique chirurgicale, de risques d’incontinence urinaire chez la chienne, d’obésité, d’une augmentation des risques de fracture de type Salter-Harris par retard de fermeture des cartilages de croissance, de diabète ou de l’apparition d’autres types de cancer.

Deux techniques chirurgicales sont classiquement utilisées, par les flancs ou par la ligne blanche, ainsi que la technique par cœlioscopie.

La technique par la ligne blanche permet un accès aux deux ovaires et une augmentation de l’incision en cas de complications opératoires (gestation, pathologie utérine, hémorragie). Les soins postopératoires et les risques d’éventration sont plus importants.

La stérilisation par les flancs est indiquée chez les animaux sauvages ou lors de développement mammaire. Elle est plus compliquée lors de distension abdominale et d’obésité. La cicatrice peut être une contre-indication pour les animaux d’exposition. Le score de la douleur postopératoire semble plus important avec cette technique chez la chienne.

La cœlioscopie nécessite une petite incision, est moins traumatisante, mais impose un équipement spécifique. Les complications de saignement peuvent être difficiles à gérer.

Le débat ovariohystérectomie versus ovariectomie est toujours d’actualité chez la chienne. L’ovariectomie semble moins invasive et suffisante pour la prévention des pyomètres pour une durée de chirurgie et d’anesthésie plus faible. Chez la chatte, l’ovariohystérectomie n’est indiquée que lors d’affection utérine ou de gestation non souhaitée.
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¹ Hormone de libération des gonadotrophines hypophysaires.

² Hormone lutéinisante et hormone folliculostimulante.

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