L’EMA veut bannir l’oxyde de zinc - La Semaine Vétérinaire n° 1701 du 06/01/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1701 du 06/01/2017

MÉDICAMENTS VÉTÉRINAIRES

PRATIQUE MIXTE

L'ACTU

Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL 

L’Agence européenne des médicaments (EMA) recommande de ne plus utiliser l’oxyde de zinc chez les porcs.

Le Comité des médicaments vétérinaires (CVMP) de l’Agence européenne des médicaments (EMA), qui s’est réuni du 6 au 8 décembre, recommande de ne plus octroyer d’autorisations de mise sur le marché (AMM) et de retirer celles existantes pour les médicaments vétérinaires contenant de l’oxyde de zinc1, en raison des risques potentiels pour l’environnement.

Un composant à bannir

L’EMA ne fait pas dans la demi-mesure. Selon le CVMP, le rapport bénéfice/ risque pour les produits vétérinaires contenant de l’oxyde de zinc est nul. Il estime en effet que les avantages de ce composant pour la prévention de la diarrhée chez les porcs ne l’emportaient pas sur la menace potentielle pour l’environnement. Par ailleurs, le comité a reconnu qu’il existe un risque de cosélection pour la résistance associée à l’usage d’oxyde de zinc, bien que celui-ci ne soit pas quantifiable. La recommandation du CVMP fait suite à une saisine, notamment par la France, concernant l’utilisation de produits vétérinaires à base de ce composant, administrés oralement aux espèces destinées à la production d’aliments. Le motif de cette saisine était principalement les préoccupations liées à l’environnement et à l’augmentation de l’antibiorésistance.

Des risques pour l’environnement

Du côté de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), la question de l’utilisation de l’oxyde de zinc est régulièrement abordée. Dans un avis sur la colistine publié en octobre 20162, l’Anses souligne que l’oxyde de zinc peut se substituer aux traitements antibiotiques, notamment pour la prévention des infections digestives. Toutefois, l’agence rappelle que cette alternative « présente des risques préoccupants pour l’environnement (de contamination irréversible des sols avec un risque accru pour les sols acides), mais aussi de développement de résistance aux antibiotiques (colocalisation du gène de résistance au zinc sur la cassette de résistance à la méticilline chez le staphylocoque doré) ».

Un usage à encadrer

L’Anses a rendu en 2013 un avis3 sur l’évaluation bénéfice/risque de l’utilisation de l’oxyde de zinc dans l’alimentation des porcelets sevrés pour la prévention des diarrhées. Dans ses conclusions, l’agence recommandait déjà de n’employer ce composant que dans les ateliers avec engraissement, sans traitement des lisiers avant épandage, et en baissant les teneurs en zinc des aliments d’engraissement par l’emploi de phytases. Par ailleurs, elle précisait aussi que « l’autorisation éventuelle de l’oxyde de zinc comme prémélange médicamenteux pour les porcelets en postsevrage devrait s’accompagner de la mise en place d’un système de surveillance de la résistance au zinc, de la résistance croisée ou cosélectionnée à certains antibiotiques et d’une surveillance annuelle des quantités utilisées au niveau national ». Toutefois, selon l’Anses, l’efficacité en prévention des diarrhées modérées du postsevrage chez le porcelet est démontrée à la dose de 3 100 ppm et pour une durée maximale de 14 jours. Mais l’agence tenait compte des effets négatifs possibles liés à « l’utilisation d’oxyde de zinc en tant que prémélange médicamenteux (épandage de lisier de porcelets en postsevrage) », qui représente « un risque toxique pour les différents compartiments de l’environnement (sédiment, aquatique et terrestre) ». Le niveau d’impact dépendant notamment du type d’élevage et de la teneur en zinc des aliments tout au long de la période d’élevage.

1 bit.ly/2gsKigc.

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3 bit.ly/2hJZBmX.

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