Et si les vétérinaires devenaient les premiers protecteurs des animaux ? - La Semaine Vétérinaire n° 1700 du 13/12/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1700 du 13/12/2016

ACTU

Et si les vétérinaires devenaient les premiers protecteurs des animaux ? Cette perspective peut apparaître comme infondée, voire provocante. En effet, depuis 2000 ans av. J.-C., les soins prodigués aux animaux sont attestés, tandis que la France peut se flatter d’avoir créé la première école vétérinaire au monde sous Louis XV. Les vétérinaires sont donc les protecteurs historiques du monde animal. Mais sont-ils en première ligne ? Sont-ils ceux qui combattent la souffrance avérée ou à venir ? Ceux qui mobilisent l’opinion publique ou les élus pour faire reculer la maltraitance ? Ceux qui proposent un nouveau paradigme favorable au monde animal ? À l’évidence, non, car cette mission est prioritairement portée par les associations de protection animale. Pourtant, un animal aurait pu réunir dans cette démarche les protecteurs et les vétérinaires, c’est le cheval. À l’origine de leur profession, c’est principalement vers lui que se tournèrent les premiers “soigneurs d’animaux”. De même, c’est au nom du cheval que les premières réglementations, notamment sur la protection animale, prirent racine avec la création de la Société protectrice des animaux (SPA). L’hypothèse d’un combat commun en restera là : avec le temps, la profession vétérinaire a principalement développé ses capacités d’actions préventives et curatives liées aux pathologies. En résumé, elle s’est tournée vers l’animal. Tandis que les associations de protection animale ont visé la société pour la convaincre d’établir des relations plus respectueuses à l’égard des bêtes.

En faisant ce constat, je n’oublie évidemment pas l’investissement admirable de certains vétérinaires, qui, de l’Œuvre d’assistance aux bêtes d’abattoirs (OABA) à l’association d’Aide aux vieux animaux (AVA), en passant par les centres de soins pour la faune sauvage ou la stérilisation des chats, ne comptent ni leur temps, ni leur argent pour venir en aide aux animaux domestiques ou sauvages. Mais la profession vétérinaire dans son ensemble est-elle à la hauteur de sa vocation ? Comment se fait-il que ce soit une association, L214, qui ait révélé les scandales récurrents des abattoirs, alors que la présence vétérinaire s’inscrit dans les obligations de ces établissements ? Pourquoi les abattages rituels, pratiqués dans des conditions odieuses et hors la loi ne sont-ils dévoilés que par des associations ? Pour quelle raison les ménageries pathétiques sont-elles toujours repérées par des organismes de protection animale ? De même, on aurait pu légitimement penser que l’interminable débat sur le statut de l’animal dans le Code civil relèverait du combat élémentaire du monde vétérinaire. Idem pour la récente loi pour la reconquête de la biodiversité, qui semble n’avoir intéressé les vétérinaires que pour l’identification des nouveaux animaux de compagnie (NAC)... Et la question de la tauromachie, des chasses traditionnelles, voire de la surconsommation de viande… Le regard éclairé du vétérinaire ne serait-il pas nécessaire au débat ?

En ce début de xxie siècle, les pulsations de la société intègrent chaque jour davantage (pour le meilleur ou pour le pire) nos voisins de planète, les animaux. La question essentielle d’une cohabitation harmonieuse nous amène à revisiter les certitudes d’hier. Fini les animaux machines, désormais on leur reconnaît la sensibilité, l’altruisme, la peur et la joie, la douleur et le rire… mais ce constat ne suffit pas. Il doit s’accompagner d’un renouveau dans nos relations réciproques. Les vétérinaires ont une compétence inestimable pour accompagner cette transition en tirant la réflexion vers le haut sans anthropomorphisme déplacé. Le nouveau Code de déontologie de la profession, publié récemment, montre que le vétérinaire est passé progressivement d’une déontologie autoprotectrice de la profession à une déontologie protectrice des usagers de la profession. Cet incontestable progrès ne pourrait-il pas constituer les premières marches d’un engagement vers la condition animale ? L’Ordre national des vétérinaires s’est tout récemment prononcé contre la corrida, en condamnant les souffrances générées. De même, il demande clairement l’étourdissement avant la saignée à l’abattoir. Ces positions courageuses ouvrent la voie d’un engagement nécessaire pour faire reculer la souffrance animale.

ALLAIN BOUGRAIN-DUBOURG

est journaliste, producteur, réalisateur, et président de la Ligue pour la protection des oiseaux. Passionné par les animaux, il est chroniqueur et producteur d’émissions leur étant consacrées. Il exerce par ailleurs nombre de missions autour de l’animal et de la biodiversité, au ministère de l’Agriculture ou dans des instances. Membre du collectif AnimalPolitique, il est signataire du manifeste du même nom, publié le 22 novembre 2016.
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