Les réseaux de soins et leur logique financière pointés du doigt - La Semaine Vétérinaire n° 1699 du 07/12/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1699 du 07/12/2016

SANTÉ PUBLIQUE

ACTU

Auteur(s) : CLARISSE BURGER 

Le contre-rapport de l’économiste Frédéric Bizard, qui sera remis aux candidats à la présidentielle, critique violemment l’étude du cabinet de conseil Asterès sur les réseaux de soins en France. Explications.

Enfin, on peut vraiment débattre », explique l’économiste Frédéric Bizard (A 91), qui vient de publier son rapport intitulé Le Vrai Visage des réseaux de soins. Ce document sera remis aux candidats à la présidentielle, de droite comme de gauche. L’auteur le présente comme une contre-analyse de l’étude réalisée par le cabinet Asterès sur les réseaux de soins, rapportant fidèlement les arguments des organismes d’assurance privés (OAP) et des organismes complémentaires d’assurance maladie (Ocam). Frédéric Bizard a voulu mettre au jour ce que l’enquête Asterès a omis de préciser sur ces fameux réseaux de soins : leur dysfonctionnement qui génère le renoncement aux soins pour certaines personnes, l’absence de régulation, avec à la clé une médecine de réseau de moins bonne qualité, une mauvaise gestion et une couverture du risque insuffisante. Pour tout dire, « un concept incompatible avec les principes de notre système de santé (dont l’égalité des soins et le libre choix du professionnel de santé) ».

L’étude Asterès critiquée

Premier constat de l’économiste : le taux des dépenses de santé prises en charge par l’assurance maladie (76,6 %) n’a pas bougé depuis 2000. Les tarifs français seraient même dans la moyenne basse européenne. Les garanties des contrats collectifs en optique sont, par exemple, déconnectées des besoins réels sanitaires, avec une baisse de la qualité des soins et une hausse des dépenses. Pour Frédéric Bizard, les réseaux de soins répondent en réalité à une logique financière à court terme, au détriment de la qualité de la prise en charge.

Autre argument rejeté par l’économiste, celui de l’explosion des dépenses de soins dans l’Hexagone. « Rien le prouve. Les estimations sérieuses prévoient d’ici à 2060 une hausse comprise entre 0,7 et 2,8 points de produit intérieur brut, selon les prévisions de la Commission européenne ou de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), explique Frédéric Bizard. La France ne dépense pas trop, mais mal ! » Le coût des soins ambulatoires en France est le moins élevé des pays développés, en part de dépenses totales (25 % des dépenses totales versus 33 % en moyenne dans les États de l’OCDE). Quant aux dépenses hospitalières, elles représentent 35 % en France, contre 28 % au sein de l’OCDE.

Enfin, le problème du “reste à charge” qui serait uniquement dû aux pratiques tarifaires libres trop élevées des professionnels de santé, il s’agit là aussi d’une contre-vérité pour l’économiste, car la France a le niveau de reste à charge le plus faible (8 %) des pays de l’OCDE, dont la moyenne s’élève à 20 %.

Une médecine de réseau peu innovante

Frédéric Bizard dénonce aussi l’absence de contrôle de ces organismes et le manque de transparence de leurs pratiques. « C’est la jungle », dit-il. Car les plateformes commerciales des OAP « sont aujourd’hui à la fois juge et partie dans les décisions prises au nom des assurés, sans aucune supervision d’une autorité indépendante. C’est une menace pour le respect du secret médical, la non-sélection du risque et l’utilisation des données de santé ».

Pour l’économiste, leurs solutions ne font qu’aggraver les inégalités d’accès aux soins dans l’Hexagone, instituant une médecine à deux vitesses, « de qualité et innovante pour les uns, et low cost pour les autres ». De plus, ces réseaux veulent davantage de pouvoir. « Les réseaux centrés sur les soins sont anachroniques avec l’évolution stratégique du risque santé qui sera de plus en plus globale, tout au long du cycle de vie des assurés », ajoute l’auteur, pour qui la médecine de riches pour tous va devenir une médecine de pauvres pour le plus grand nombre.

Enfin, pour les “pro” de ces réseaux, la santé est une marchandise comme une autre et le professionnel de santé représente une faible valeur ajoutée. « C’est incompatible avec le modèle français de santé qui est fondé sur la délégation de confiance avec un professionnel de santé indépendant et un patient qui fait confiance », leur oppose Frédéric Bizard. Pour lui, l’approche globale portant sur les prix, les volumes et la qualité ne fonctionne pas en santé, car celle-ci n’est pas une marchandise.

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