Les objets connectés, une offre naissante en canine - La Semaine Vétérinaire n° 1699 du 07/12/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1699 du 07/12/2016

VÉTO 2.0

PRATIQUE CANINE

L'ACTU

Auteur(s) : GWENAËL OUTTERS 

L’émergence des objets connectés a pu être notée dans les allées de l’exposition commerciale. Une tendance qui n’a pas échappé aux organisateurs du congrès, qui ont proposé une présentation sur le sujet, avec les espoirs dont ils sont porteurs, mais aussi les points de vigilance qu’ils soulèvent.

En 2020, chaque foyer français possédera 30 objets connectés. Ils font partie de la domotique, des sports, de l’électroménager, de la santé. Les trackers d’activité, les balances ou les tensiomètres connectés sont déjà des outils du quotidien pour certains. En santé animale, notre confrère Thierry Poitte, fondateur du réseau CAP douleur, a présenté l’intérêt de tels dispositifs dans le suivi de la souffrance. Par exemple, le collier d’activité permet d’évaluer la douleur arthrosique, qui ne présente souvent pas de corrélation entre son intensité et les images issues des examens complémentaires. En effet, les douleurs chroniques ont des répercussions sur le comportement de l’animal, et le collier permet d’en juger. Les essais de notre confrère montrent une réelle différence d’activité enregistrée avant et après la mise en place du traitement antalgique. L’application Dolodog permet par ailleurs d’évaluer les différentes composantes de la douleur arthrosique, et de guider les orientations thérapeutiques, d’objectiver des résultats et de contrôler les traitements. Cette application donne en outre au praticien une “image moderne” du bien-être animal. D’autres colliers sont capables de mesurer les paramètres physiologiques (température, fréquences cardiaque et respiratoire, activité physique1).

Côté imagerie, le premier échographe connecté (Oscult®) est commercialisé par Skwazel. Il permet de partager les examens en temps réel, avec un confrère expert qui assure en direct une interprétation des images, un réglage des paramètres, ou qui donne des indications sur les manipulations. Le tapis connecté est un outil en hospitalisation. Les capteurs enregistrent les mouvements et la fréquence respiratoire, données utiles lors du suivi postopératoire. Des puces électroniques connectées mesurant la température corporelle sont commercialisées en Grande-Bretagne. Du côté des propriétaires, les colliers de tracking, pour retrouver les animaux, ont du succès. Certains particuliers ont aussi adopté la caméra pour une surveillance à distance. Les gamelles connectées, mesurant la quantité d’aliment ou d’eau ingérés, ont pour l’instant une visée ludique, mais pourraient, en fonction des développements à venir, être utiles au suivi et à la gestion de certaines affections (obésité, maladie rénale chronique, diabète).

Source : conférence de Thierry Poitte, réalisée en partenariat avec La Compagnie des vétérinaires.

1 PetPace®, Voyce®, Whistle®.

DE NOUVEAUX OUTILS QUI SOULÈVENT DES QUESTIONS

L’utilisation des objets connectés chez l’animal dans un but médical soulève des questions. La première est d’identifier qui va les vendre : les sites internet, les grandes enseignes, les centres de bien-être animal, le vétérinaire, des sociétés partenaires de la profession ? D’ailleurs, ces outils doivent-ils être proposés à la vente ou loués ? Et comment gérer l’obsolescence des dispositifs ? Vers qui doivent être dirigées les données pour qu’elles soient valorisées ? Vers le fabricant permettrait d’exploiter les informations chiffrées en grand nombre pour établir, par exemple, des normes en fonction de la race, de l’âge, du mode de vie, etc. Ces données doivent-elles être directement accessibles au propriétaire ? Cela ne risquerait-il pas de “gadgétiser” ces objets ? A contrario, une analyse directe par le vétérinaire permet l’interprétation et la valorisation des informations pour redonner un côté humain à ces technologies. Quoi qu’il en soit, l’interaction entre le vétérinaire et le fabricant est nécessaire pour valider une médecine individualisée préventive, prédictive, personnalisée et participative. Alors, le cercle vertueux entre le fabricant, le vétérinaire et le propriétaire trouvera sa légitimité dans l’utilisation des données.
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