Résistances des parasites aux vermifuges : notions à connaître - La Semaine Vétérinaire n° 1697 du 23/11/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1697 du 23/11/2016

SYNTHÈSE

PRATIQUE MIXTE

Formation

Auteur(s) : ANNE COUROUCÉ-MALBLANC 

Martin Nielsen, vétérinaire (Gluck Equine Research Center à l’université du Kentucky, aux États-Unis), a présenté deux conférences lors du congrès de l’European College of Equine Internal Medicine (Eceim), qui s’est tenu du 3 au 5 novembre à Helsinki (Finlande) : l’une sur les résistances des parasites aux vermifuges et l’autre sur le contrôle du parasitisme interne. Le point sur ces sujets avec notre confrère et les recommandations du guide sur le contrôle des parasites de l’American Association of Equine Practitioners (AAEP)1 , dont il préside le comité.

Qu’est-ce que la résistance des parasites aux vermifuges ?

« La résistance est la capacité des parasites à survivre à des traitements qui sont généralement efficaces contre cette espèce et au même stade de développement. Le développement de résistances est génétique et nécessite que des gènes de la résistance soient présents. Sa vitesse est déterminée par la pression de sélection et par le nombre de parasites survivant à un traitement qui transmettent leurs gènes à la génération suivante. Avec une sélection continue et la reproduction de parasites résistants, la fréquence de gènes résistants dans une population de parasites augmente jusqu’à ce que le traitement devienne inefficace. Une fois que la résistance est présente, il n’y a pas de retour en arrière. L’objectif du contrôle de la résistance est donc de prévenir les premières étapes du développement de celle-ci et de retarder l’apparition de gènes de la résistance. » Les résistances actuellement connues sont résumées dans le tableau 1.

Notion de refuge

Les refuges représentent une portion de la population de parasites qui échappent à la sélection d’une molécule donnée au moment du traitement. Cette sous-population inclut des stades non affectés par celui-ci (exemple : larves enkystées de cyathostomes lorsque des traitements non larvicides sont effectués), tous les stades des parasites vivant dans les pâtures et tous les parasites des chevaux non traités. Plus la proportion de parasites est importante dans le refuge et plus les résistances se développent lentement. Ceux dans le refuge ne sont pas “sélectionnés” pour présenter des résistances et les résistants sont alors dilués au sein d’une population de parasites sensibles qui représentent la majorité de la population. D’une façon logique, tous les stades de parasites présents sur les pâtures, comme les œufs et les larves préinfestantes, sont toujours dans des refuges. Certains anthelminthiques n’ont pas d’efficacité contre des stades de parasites, qui peuvent alors également être considérés comme partie du refuge (exemple du pyrantel qui n’est pas efficace sur les stades de parasites présents en dehors de la lumière gastro-intestinale).

Ce concept peut être exploité en maintenant à un niveau minimal la fréquence des traitements lorsque le refuge dans la pâture est bas (notamment lors de températures extrêmes, avecdes hivers froids et des étés chauds).En conséquence, la pratique qui consisteà “traiter puis bouger les animaux” est désormais considérée comme sélectionnant des résistances de façon plus importante.

De plus, le refuge peut être utilisé en laissant des chevaux sans traitement lors de chaque vermifugation. Le comptage des œufs permet alors de sélectionner les excréteurs modérés et importants. Une étude a mis en évidence que traiter avec des molécules efficaces uniquement les animaux ayant plus de 200 œufs par gramme (OPG) permet de limiter cette opération à 50 % des chevaux, tout en contribuant toujours à une réduction d’environ 95 % de l’excrétion globale des œufs.

Le test de réduction d’excrétion fécale des œufs ou FECRT

Le fecal egg count reduction test (FECRT) est utilisé pour déterminer si les strongles et/ou les ascaris sont résistants à un anthelminthique donné. Pour effectuer ce test, il convient d’effectuer un prélèvement avant la vermifugation. L’anthelminthique est alors administré et un deuxième prélèvement de fèces est réalisé 14 jours après. Le nombre d’œufs dans l’échantillon pré et post-traitement est utilisé pour calculer le pourcentage de réduction d’excrétion des œufs pour chaque cheval individuellement. La réduction moyenne pour tous les animaux testés est alors calculée afin de déterminer la réduction au sein de cet élevage ou de cette écurie. Cette valeur sert à définir la présence ou l’absence de résistance.

Il n’existe pas, à ce jour, de recommandations spécifiques pour interpréter une FECRT chez les chevaux. Néanmoins, les valeurs du tableau 2 peuvent être utilisées comme guide.

Il est recommandé d’inclure au moins six chevaux pour le calcul de la FECRT dans chaque élevage. Il est également préconisé de recruter les chevaux avec le nombre d’OPG le plus élevé possible et d’employer des techniques de comptage ayant une limite de détection basse (moins de 25 opg).

Les chevaux ne doivent pas avoir reçu de traitement anthelminthique au moins 8 semaines avant de procéder au FECRT (de préférence 12 semaines si la moxidectine a été utilisée).

Les chevaux partageant les mêmes pâtures partagent les mêmes populations de parasites. Il n’est pas possible de trouver des résistances chez certains individus et pas chez d’autres s’ils vivent dans les mêmes conditions. La FECRT ne peut être interprétée qu’à l’échelle du troupeau et jamais individuellement.

Période de réapparition des œufs ou ERP

L’egg reappearance period (ERP) est définie comme étant l’intervalle entre le dernier traitement efficace et la réapparition d’une excrétion significative des œufs de strongles. La surveillance de l’ERP dans un élevage est importante, car sa réduction est un signe précurseur de développement de résistances. Cela a particulièrement un intérêt pour l’ivermectine et la moxidectine.

Le tableau 3 indique l’ERP usuelle pour les anthelminthiques les plus fréquemment utilisés lorsqu’ils sont totalement efficaces. Les lactones macrocycliques étaient caractérisées par des périodes de réapparition très longues qui deviennent de plus en plus courtes (4 à 5 semaines dans des élevages qui ont des fréquences de traitement importantes).

Pour évaluer l’excrétion des œufs chez un cheval adulte (plus de 3 ans), des fèces doivent être prélevées un minimum de 4 semaines après l’ERP de la dernière molécule utilisée. Exemple, après la moxidectine (ERP = 10 à 12 semaines) : attendre au moins 16 semaines ; après l’ivermectine (ERP = 6 à 8 semaines) : attendre au moins 12 semaines ; après les benzimidazoles (fenbendazole/oxibendazole) ou le pyrantel (ERP = 4 à 5 semaines) : attendre au moins 9 semaines avant une coproscopie.

Il existe peu de données pour définir des seuils d’excrétion des œufs chez le cheval adulte. Néanmoins, la population peut se répartir entre faibles, moyens et forts excréteurs (tableau 4).

1 bit.ly/2g98fWV.

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