Pourquoi des compétences vétérinaires sont-elles requises pour la biologie animale ? - La Semaine Vétérinaire n° 1697 du 23/11/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1697 du 23/11/2016

DÉCRYPTAGE

Auteur(s) : SERGE TROUILLET 

Depuis 2013, les laboratoires de biologie médicale ne peuvent plus réaliser d’actes de biologie vétérinaire. Au-delà de cet aspect légal, bon nombre de résultats rendus par ces laboratoires de proximité sont faux, car non adaptés aux spécificités d’espèces.

Le praticien a souvent besoin, dans le cadre de son diagnostic, de procéder à des analyses. La plupart du temps, elles sont réalisables sur place, avec la présence de certains matériels et les compétences imposées par le cahier des charges des cliniques, des centres de vétérinaires spécialistes et des centres hospitaliers vétérinaires. Mais, « par habitude et facilité (…) , nombre de demandes (…) sont adressées (…) à des laboratoires de biologie médicale, autrement dit des laboratoires de proximité ayant vocation pourtant, notamment depuis la loi du 30 mai 2013, à ne recevoir que des prélèvements issus du corps humain. L’interrogation sur la légalité de la situation est certes une chose, mais plus important est le questionnement sur la qualité du service rendu, laquelle découle nécessairement, dans ce domaine, de compétences vétérinair es spécialisées. Or, bon nom bre de résult ats rendus par ces laborato ires de proximité sont dignes de faire partie d’un véritable bêtisier… », rapporte Michel Baussier, président du Conseil national de l’Ordre des vétérinaires (CNOV), dans un message de mai dernier. Pourquoi la biologie vétérinaire requiert-elle des compétences spécifiques ?

1  Car les résultats sont à interpréter en fonction de l’espèce

Contrairement à l’espèce humaine, il existe de multiples espèces animales, et cette diversité se retrouve dans l’étude de leur biologie et des processus physiopathologiques. Selon des directeurs de laboratoires de biologie vétérinaire, les laboratoires de biologie médicale ne réalisent généralement aucune validation des méthodes qu’ils utilisent chez l’homme, pour savoir si elles sont utilisables pour les espèces animales. Cela se traduit par de nombreuses erreurs diagnostiques (encadré).

2    Car les automates ne sont pas calibrés pour l’animal

Il arrive fréquemment que le biologiste humain ne sache pas comment interpréter les résultats qui lui sont rendus par les automates sur des échantillons d’animaux. Cette impossibilité procède d’une raison simple : les tests de coagulation et les dosages hormonaux, par exemple, doivent tous avoir été validés sur l’automate pour chaque espèce. Or, précisément, toutes les trousses de dosage disponibles dans le commerce ne sont pas utilisables pour les animaux.

3    Car les pratiques des microbiologistes humains ne sont pas adaptées

Les microbiologistes humains ne sont pas habitués aux germes rencontrés chez les animaux, et ce d’autant que les échantillons sont bien plus fréquemment contaminés que chez l’homme, notamment par des germes fécaux. En outre, quand un laboratoire de biologie médicale réalise un antibiogramme avec des antibiotiques utilisables chez l’homme, il rend délicate la démarche thérapeutique du confrère, puisque celui-ci doit respecter une cascade dans les antibiotiques prescrits.

4    Car un dialogue entre le prescripteur et le biologiste est nécessaire

Les analyses effectuées au sein des laboratoires de biologie médicale le sont “généralement” sans concertation avec le vétérinaire prescripteur, alors que le conseil en amont et en aval de l’étape purement analytique est indispensable pour garantir la qualité des résultats et l’orientation thérapeutique, ou la suite de la démarche diagnostique.

Source : d’après des entretiens réalisés avec des directeurs de laboratoires de biologie vétérinaire souhaitant garder l’anonymat.

LES CELLULES ANIMALES NE SONT PAS DES CELLULES HUMAINES !

En hématologie, il est fréquent de lire dans les résultats d’analyses vétérinaires faites par des laboratoires “humains”, des commentaires tels que « neutrophiles agranulaires ». Or les neutrophiles du chien et du chat n’ont physiologiquement pas de granulations azurophiles telles que celles observables chez l’homme après coloration des frottis sanguins. De la même manière, il est fréquent de comprendre que des analyses issues de ces structures ont été maladroitement validées, avec de « fausses leucocytoses » secondaires à une érythroblastose (les machines comptent comme globules blancs toutes les cellules ayant des noyaux, dont les érythroblastes), de « fausses thrombopénies » secondaires à la présence d’agrégats plaquettaires chez le chat (en raison de sa grande capacité à agréger les plaquettes, il convient de vérifier microscopiquement sur le frottis pour éviter de conclure trop vite qu’il s’agit d’une thrombopénie) ou de particularités raciales (telles les thrombopénies du cavalier king-charles, dont les plaquettes sanguines sont plus grandes et, de ce fait, naturellement moins nombreuses).
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