Cas clinique de boiteries d’origine alimentaire chez des vaches laitières - La Semaine Vétérinaire n° 1696 du 15/11/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1696 du 15/11/2016

CONFÉRENCE

PRATIQUE MIXTE

Formation

Auteur(s) : LORENZA RICHARD 

Un élevage de 70 vaches montbéliardes présente des problèmes de boiterie depuis plusieurs mois. La visite permet de constater que 59 % des animaux sont boiteux.

Au dernier parage, les ulcères de sole représentent 40 % des lésions podales, suivis par la maladie de Mortellaro (34 %) et des abcès de la ligne blanche (17 %). De plus, 23 % des vaches souffrent de tarsites, qui sont des témoins d’inconfort de couchage ou d’adaptation aux logettes. La majorité des boiteries observées sont ainsi d’origine non infectieuse. Les autres problèmes de l’élevage sont des mammites, peu nombreuses mais suraiguës avec perte du quartier infecté, et des métrites à la suite de non-délivrances (14 % des vaches).

Excès azoté, mobilisation graisseuse et acidose chronique

Le taux d’urée relevé dans le lait est fortement excédentaire, entre 446 et 494 mg/ml aux cinq derniers contrôles, pour un idéal compris entre 270 et 330 mg/ml. Ce taux est un marqueur fiable d’un excès d’apport azoté dans la ration depuis plusieurs mois. En plus d’être cher et de ne pas améliorer la productivité, cet excès d’azote provoque un surmenage hépatique. Le foie assurant moins bien son rôle de régulateur de l’inflammation, les vaches deviennent plus sensibles aux infections, notamment podales et mammaires.

De plus, le potentiel de néoglucogenèse du foie étant réduit (la détoxification hépatique de l’ammoniac en urée étant une priorité métabolique), une plus forte mobilisation graisseuse s’effectue en début de lactation. Elle est mise en évidence autour du vêlage par un taux butyreux (TB) supérieur à 50 chez près de 17 % des vaches et un TB trop élevé par rapport au taux protéique (TP) chez 33 % d’entre elles. Une inversion de taux chez 25 % des animaux est également observée, ce qui signifie que ces derniers ne consomment pas assez de fibres. En effet, la ration semi-complète n’est pas suffisamment ingérée, notamment en raison d’un problème d’accès à l’auge pour les vaches boiteuses, ce qui aggrave le déséquilibre alimentaire.

Un tamisage de cette ration montre également qu’elle est très fibreuse, ce qui limite l’ingestion. L’acidose ruminale, suspectée en raison de la faible proportion de vaches au repos qui ruminent (17 %, alors qu’elle devrait être supérieure à 60 %) est liée à un déséquilibre de consommation en faveur des concentrés.

Enfin, la forte mobilisation graisseuse provoque un amincissement du bourrelet graisseux podal, qui n’assure plus aussi bien son rôle d’amortisseur du pied sur le sol bétonné. Cela est à l’origine de lésions sur l’onglon, notamment d’ulcères.

Conseils de rationnement et d’hygiène

Des conseils concernant l’accès à l’auge et l’entretien correct du bâtiment, notamment l’augmentation de la fréquence de curage, l’utilisation d’un désinfectant associé à une litière sur le sol des logettes et l’utilisation d’un pédiluve sec à la sortie du robot, sont délivrés, afin d’éviter tout problème d’infection. Toutefois, les boiteries semblent essentiellement liées à l’alimentation. La ration trop riche au tarissement et l’excès azoté de celle de lactation installent un cercle vicieux où la mobilisation graisseuse, les boiteries et une mauvaise ingestion aggravent encore le déséquilibre alimentaire et les boiteries. Des conseils de rationnement des animaux sont ainsi essentiels. La ration des vaches en lactation doit être rééquilibrée en éliminant ou réduisant les tourteaux de colza et de soja et le complément de production riche en azote, pour leur préférer un complément énergétique peu acidogène (50 % de farine de maïs, 25 % d’orge, 25 % de pulpe de betterave, par exemple). Afin de limiter la mobilisation des réserves lipidiques en début de lactation, les vaches taries devraient recevoir une grande quantité de foin (uniquement du foin durant la première moitié de la période sèche), et ne recevoir de l’aliment (type tourteau de soja et complément énergétique) que les trois dernières semaines du tarissement (augmentation progressive pour arriver à 3 kg d’aliment au vêlage).

Olivier Salat Commission vaches laitières SNGTV, praticien à Saint-Flour (Cantal). Article rédigé d’après une présentation faite lors des journées nationales des GTV à Nantes (Loire-Atlantique), du 18 au 20 mai 2016.

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