La dynamique du vivant

Quarante ans après les ouvrages d’Edward Osborne Wilson (Sociobiologie : une nouvelle synthèse) et de Richard Dawkins (Le Gène égoïste) qui ont suscité des polémiques jusqu’à aujourd’hui, voici un livre qui ravive la pertinence de leurs thèses “évolutives”, tout en en proposant une variation plus ouverte, à l’abri de tout réductionnisme. Écrit par un spécialiste du comportement animal, Dans l’œil du pigeon contribue à démontrer que la théorie de Darwin, pourvu qu’on ne la limite pas aux individualités, n’a pas fini de bousculer notre compréhension du vivant. Le Québécois Luc-Alain Giraldeau en offre une synthèse convaincante, depuis l’émergence des premiers réplicateurs (décrits par Dawkins) il y a plus de trois milliards d’années jusqu’à – grâce à la complicité du temps et d’un processus sélectif aveugle plus probabiliste que déterministe – l’élaboration de gènes et de leurs “véhicules” que sont les espèces… mais aussi la diversité de leurs comportements. Cette perspective dynamique autorise de judicieux rapprochements éthologiques entre espèces distinctes (les hommes et les oiseaux, par exemple) comme elle élargit le champ d’expertise de la biologie évolutive aux sociétés (animales ou humaines) et à leurs cultures. L’auteur plaide à juste titre pour que cette grille de lecture biotique soit davantage mise à profit par les sciences sociales et humaines. La médecine elle-même gagnerait à mieux repérer les mécanismes évolutifs en jeu dans les interactions organismes/pathogènes.
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Dans l’œil du pigeon – Évolution, hérédité et culture de Luc-Alain Giraldeau, collection “Essais & Documents”, Éditions Le Pommier, 192 pages, 13,5 x 20 cm, broché, 19 €.