Nature et mode d’action des pré- et probiotiques

D’après la définition de l’Organisation mondiale de la santé, les probiotiques sont des microorganismes vivants qui, lorsqu’ils sont administrés en quantités adéquates, produisent un bénéfice pour la santé de l’hôte. Les prébiotiques sont des ingrédients alimentaires non digestibles et fermentescibles, qui servent de substrats sélectifs pour certaines bactéries du microbiote intestinal ayant un rôle bénéfique sur la santé (dont les probiotiques) : ils favorisent leur croissance ou limitent celle de bactéries pathogènes. Sophie Holowacz, docteur en science des aliments, en a expliqué le fonctionnement lors du cours de base en phytothérapie et micronutrition de Wamine, le 24 septembre à Paris.

Rééquilibrer le microbiote intestinal

Le microbiote intestinal est constitué de 800 à 1 000 espèces de bactéries différentes, chaque individu pouvant héberger jusqu’à 200 espèces, situées essentiellement dans la lumière intestinale ou adhérentes à l’épithélium. Il est considéré comme un organe à part entière, qui intervient dans la digestion des aliments, les défenses antimicrobiennes et immunitaires et le renforcement de la fonction de barrière intestinale (action sur les jonctions serrées entre entérocytes, par exemple). Il se constitue à la naissance et se modifie avec le vieillissement, l’alimentation, la maladie ou les traitements (notamment antibiotiques). Un déséquilibre au niveau du microbiote, appelé dysbiose, est à l’origine de problèmes de santé : infections, diarrhées, maladie inflammatoire chronique de l’intestin (Mici), mais également pathologies associées à des réactions immunitaires inadaptées, telles que les dermatites atopiques, l’asthme, les maladies auto-immunes, etc.

L’administration de pré- et probiotiques permet de rééquilibrer la composition du microbiote intestinal et de restaurer le fonctionnement de l’écosystème intestinal. Il peut en résulter une réduction de l’inflammation intestinale chronique ou aiguë (en cas de Mici, notamment), de certains troubles cutanés ou respiratoires, de la résistance à l’insuline dans les cas d’obésité, etc. Ils peuvent également être administrés aux animaux nés par césarienne, dont le microbiote se constitue à la naissance à partir de la flore environnementale et cutanée uniquement, et non vaginale.

Conditions d’utilisation

Pré- et probiotiques se trouvent dans l’alimentation (dans certaines plantes pour les premiers, des produits lactés pour les seconds) ou les compléments alimentaires.

Les probiotiques sont essentiellement des bactéries lactiques, des bifidobactéries et des levures du genre Saccharomyces. Pour agir au niveau de l’écosystème intestinal, ils doivent répondre à certaines exigences : être vivants, ingérés, non pathogènes, résistants dans le tube digestif (notamment au pH gastrique), avoir des effets sur la santé documentés et être résistants aux procédés technologiques et au temps de conservation. Leurs effets dépendent des souches utilisées (en veillant à ce qu’il n’y ait pas d’antagonisme entre elles), de la dose et de l’aliment vecteur. Il est préférable de ne pas associer les probiotiques à d’autres substances dans les compléments alimentaires (sucre, charbon, etc.), cela peut en effet impacter leur survie au cours de la conservation de cette préparation. En revanche, étant consommés immédiatement, ils peuvent être distribués et leur administration doit être répétée, car ils ne peuvent pas coloniser durablement l’intestin.

Les prébiotiques ne sont pas digérés dans l’estomac ni dans l’intestin grêle, et ils sont utilisés par les bactéries du microbiote du côlon. Ce sont surtout des oligosaccharides et des polysaccharides, bien que l’utilisation de nouvelles molécules soit en cours d’étude (pectines, acides gras oméga 3, polyphénols, etc.). Leur effet est notamment positif sur la fréquence et la consistance des selles en cas de constipation, sur l’absorption du calcium, etc. Substrat des probiotiques, ils leur sont ainsi complémentaires.
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