Zycortal®, un minéralocorticoïde de synthèse pour le traitement de la maladie d’Addison - La Semaine Vétérinaire n° 1691 du 11/10/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1691 du 11/10/2016

ENDOCRINOLOGIE

PRATIQUE CANINE

L'ACTU

Auteur(s) : CLAIRE CHÉRY 

La maladie d’Addison est difficile à diagnostiquer, mais facile à traiter, dès lors que des suivis réguliers sont entrepris. La solution injectable à base de désoxycortone et à libération prolongée proposée par Dechra permet un contrôle de la maladie à long terme.

Composé de pivalate de désoxycortone, hormone stéroïde de synthèse analogue de l’aldostérone, Zycortal® est la première spécialité avec autorisation de mise sur le marché vétérinaire contenant seulement un minéralocorticoïde disponible en Europe. Distribué par Dechra depuis mai dernier, ce traitement a été présenté aux praticiens lors d’un tour de France au mois de septembre dernier. Notre confrère Dan Rosenberg, praticien à Micen Vet (Créteil, Val-de-Marne) et qui a participé à l’étude clinique précédant la mise sur le marché du médicament, est revenu à cette occasion sur les éléments clés conduisant au diagnostic de la maladie d’Addison et à l’utilisation de Zycortal®.

Reconnaître et diagnostiquer la maladie

La principale cause de la maladie d’Addison est un hypocorticisme primaire presque toujours dû à une destruction du cortex surrénalien d’origine probablement auto-immune. Elle associe donc d’emblée une insuffisance en minéralocorticoïdes et en glucocorticoïdes. Le conférencier a mis l’accent sur l’importance de l’épidémiologie dans le diagnostic de la maladie d’Addison, dont l’expression clinique peut être confondue avec de nombreuses autres affections (insuffisance rénale ou hépatique, par exemple). Cette dernière concerne principalement de jeunes chiens (entre 2 et 6 ans), les femelles étant davantage atteintes que les mâles. L’expression clinique est peu spécifique (anorexie, abattement, vomissements). Des anomalies biochimiques ou hématologiques peuvent être observées (azotémie, hypercalcémie, hypoglycémie, anémie, absence de formule de stress) et doivent faire l’objet d’une réflexion rigoureuse afin de ne pas passer à côté d'un hypocorticisme. Le dosage de la kaliémie (hyperkaliémie) et de la natrémie (hyponatrémie), complété par un test de stimulation à l’hormone adrénocorticotrope (ACTH), permet d’établir le diagnostic final. D’autres tests diagnostiques sont possibles pour exclure ou confirmer la maladie d’Addison (dosages de l’ACTH endogène et du cortisol basal en particulier).

Utilisation du Zycortal®

Si le chien est présenté en crise addisonienne, le traitement consiste en une perfusion à haut débit de chlorure de sodium 0,9 % (80 ml/kg la première heure), le débit de perfusion étant ensuite diminué et ajusté. Une injection de prednisolone est réalisée en parallèle (0,1 à 0,5 mg/kg).

Dès que l’état de l’animal est stable, une première injection de pivalate de désoxycorticostérone (Zycortal®), dont la libération du principe actif se fait de manière prolongée, est réalisée à la dose de 2 mg/kg par voie sous-cutanée. Cette posologie proposée par Dan Rosenberg diffère un peu de celle indiquée dans le résumé des caractéristiques du produit (2,2 mg/kg).

Un ionogramme est réalisé au bout de 10 jours (temps pour atteindre la concentration maximale en pivalate de désoxycorticostérone). Si ce dernier est correct, l’animal est revu 25 jours après la première injection. Dechra recommande une injection tous les 25 jours avec une posologie s’adaptant au résultat de l’ionogramme à 10 jours.

Selon Dan Rosenberg, c’est surtout la fréquence des injections qui peut varier, la posologie qu’il recommande étant quasiment toujours de 2 mg/kg. Par exemple, si lors du contrôle à 25 jours, aucune hyperkaliémie ou hyponatrémie n’est constatée, il est possible de repousser l’injection suivante à 30 jours au lieu de 25, cet intervalle pouvant être diminué si l’état de l’animal se dégrade entre-temps. Au contraire, lorsque les résultats de l’ionogramme montrent une hyponatrémie ou une hyperkaliémie, l’injection suivante peut se faire plus tôt, au bout de 20 jours, par exemple. En parallèle, une substitution en prednisolone est entreprise (0,1 mg/kg/j).

Dès que l’intervalle de traitement au Zycortal® est stable et que l’état général du chien le permet, la dose de glucocorticoïdes est diminuée de moitié tous les 15 jours.

Les posologies finales varient le plus souvent entre 0,025 et 0,05 mg/kg/j en cours de traitement. En cas de forte activité sportive, d’événement stressant ou de maladie aiguë, le propriétaire peut doubler la dose de prednisolone les jours concernés afin d'offrir une réponse au stress plus physiologique.

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