Un portrait au grand large

Les aventures océanographiques de la Calypso ont bercé les soirées télévisées de nos années 1970. Longtemps chouchou des Français, Jacques-Yves Cousteau fut célèbre dans le monde entier. Co-inventeur du scaphandre autonome, cinéaste et conteur prolifique, infatigable explorateur des mers, leader environnementaliste, l’homme au bonnet rouge méritait bien un biopic. Après sept ans de travail, Jérôme Salle signe une majestueuse épopée qui n’est pourtant pas une hagiographie. Un grand spectacle doublement familial qui met hors champ les hauts faits de la vie du commandant pour accompagner l’évolution de ses relations avec les siens : sa première femme, Simone, et leurs deux fils. Un cadre intimiste élargi au cinémascope qui nous révèle une personnalité contrastée : son extraordinaire enthousiasme, son imagination rêveuse, sa force de persuasion, mais également l’égocentrisme, la distance, l’absence d’états d’âme pour parvenir à ses fins. Lambert Wilson prête au personnage son nez et sa silhouette amaigrie (de 10 kg) en jouant avec élégance sur ses ambiguïtés. Elles nourriront le lien conflictuel avec Philippe, fils cadet, disparu précocement, véritable héros d’un récit qui lui attribue l’éveil écologique de Cousteau. La réalité fut certainement plus complexe, mais il faut reconnaître à cette ambitieuse fiction l’authenticité d’un élan pour attirer l’attention des jeunes générations sur une figure charismatique de l’environnement, un peu oubliée. Histoire de rappeler que nous en manquons ?
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L’Odyssée de Jérôme Salle, avec Lambert Wilson, Pierre Niney, Audrey Tautou, Bertrand Lavernhe, France, 2 h 02, sortie le 12 octobre.