« La diversité de pensée recherchée ici est une vraie richesse »

Quel est l’objectif du module d’enseignement sur les vétérinaires du xxi ^e siècle ?

L’objectif du module vétérinaire est de sensibiliser les étudiants de 1^re année aux grands enjeux du monde d’aujourd’hui et de demain, à la diversité des métiers de vétérinaire et à leur place face aux grands enjeux. Un objectif parallèle est d’apprendre aux étudiants à œuvrer en équipe.

Pour cela, ils suivent différentes conférences, accomplissent un travail de groupe autour des grands enjeux, participent à des tables rondes avec des professionnels (pas moins de 23 cette année !).

Le module obligatoire débute dès le mois de septembre pour les 1^re année, avant la semaine d’intégration. Il se poursuit en décembre et concerne non seulement les 1^re année, mais également les 2^e année. Nous envisageons de l’étendre l’an prochain aux 3^e année. L’idée est également de reprendre les débats des tables rondes plus tard lorsque le choix professionnel se précise.

Comment s’organise le module ?

Le module est réparti sur quatre jours et, pour faire simple, en trois types d’activité : la première, à base de conférences, une deuxième centrée sur des tables rondes et une troisième autour de réflexions par groupe.

Les conférences ont lieu en début de module avec pour objectif de bien faire prendre conscience aux étudiants de ce qui fait les bases de la profession, même si les métiers sont extrêmement variés ! Ainsi, Le P^r Jean-François Chary introduit le module par l’historique de la profession, de Claude Bourgelat à nos jours. Le P^r Gilles Bourdoiseau expose ensuite l’influence des vétérinaires dans les grandes découvertes scientifiques. Enfin, Patrick Chabrol, praticien, explique comment, sur ces bases historiques, les vétérinaires possèdent des fondements cliniques qui apportent un mode de raisonnement qui leur servira, quel que soit le métier exercé ensuite. Les conférences ont également lieu à la fin des quatre jours pour essayer d’élargir encore les perspectives des étudiants. Pour cela, nous faisons appel à un “grand témoin” : cette année, Pierre Buisson, président du Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL), et Emmanuelle Soubeyran, directrice générale de VetAgro Sup, sont venus présenter la profession, mais aussi des enjeux comme les plans ÉcoPhyto, ÉcoAntibio, le rôle des assurances dans la médecine vétérinaire, etc.

Le deuxième type d’activité est la participation aux tables rondes qui a pour objectif de présenter aux élèves une partie de la diversité des métiers de vétérinaires. Nous organisons deux sessions et douze tables rondes pour chacune d’entre elles, avec un vétérinaire par table (praticien en rurale, canine, hors-sol, exerçant en R & D, en laboratoire, consultant, etc.). Les étudiants, par groupe, doivent participer à six tables rondes à chaque session (30 minutes par table), afin d’explorer les multiples aspects du métier. Au final, chaque groupe aura échangé avec 12 vétérinaires représentant des métiers différents.

Enfin, la troisième activité est la réflexion, toujours par groupe (les mêmes que pour les tables rondes), autour des grands enjeux sociétaux auxquels les étudiants seront confrontés dans leur vie professionnelle et aussi en tant que citoyen. Nous leur donnons assez peu de consignes, en tout cas, nous n’identifions pas les enjeux pour eux. Les enseignants sont juste là pour structurer la réflexion. Et je peux vous dire que les étudiants sont déjà bien sensibilisés ! À l’issue de la phase initiale de réflexion, les groupes identifient un enjeu qu’ils doivent traiter de manière plus approfondie, pour la fin de la semaine, et, le dernier jour, chacun présente son choix aux autres, avec la seule consigne que la présentation dure entre trois et cinq minutes.

Cette forme pédagogique est novatrice. Quels sont ses objectifs ?

La forme pédagogique est assez novatrice, car elle repose beaucoup sur du travail en petit groupe, en autonomie, avec juste une supervision de l’enseignant, de manière à favoriser l’émergence des idées, les échanges et les discussions pour que les étudiants traitent les enjeux qu’ils considèrent, eux, comme fondamentaux. Toutes les activités, aussi bien les conférences que les tables rondes, leur permettent d’affiner leur vision. Globalement, ils sont vraiment capables de prendre du recul et ils nous impressionnent à chaque fois : par exemple, un groupe a traité de l’impact du numérique sur l’autodiagnostic et l’automédication et des conséquences que cela pourrait avoir pour les vétérinaires.

Même la forme de la présentation de fin de module est libre… et je peux vous dire qu’ils ont de l’imagination et qu’ils sont innovants : certains font des vidéos, d’autres des débats, d’autres encore des présentations plus classiques couplées à des vidéos, etc. Cela crée vraiment une atmosphère propice aux échanges entre les groupes.

La relation enseignant-étudiant est également assez novatrice, car chaque groupe a “son enseignant suiveur” et une salle qui lui est dédiée durant la semaine. Ceci favorise les contacts privilégiés et une vraie découverte de l’école par les élèves.

Enfin, je voudrais souligner que l’originalité de ce module provient également de la diversité des enseignants qui y participent : des médecins, des représentants de disciplines plus fondamentales, des zootechniciens, etc. C’est assez rare pour être souligné et cela a été à l’origine d’échanges entre nous aussi intenses que ceux des étudiants entre eux… Nous avons vraiment passé de bons moments à préparer ce module et à voir la maturité de nos étudiants. Bref, la diversité de pensée recherchée ici est une vraie richesse !
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