À vache boiteuse, réforme heureuse… ou comment réduire la proportion de vaches boiteuses en élevage - La Semaine Vétérinaire n° 1689 du 28/09/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1689 du 28/09/2016

CONFÉRENCE

PRATIQUE MIXTE

Formation

Auteur(s) : STÉPHANIE PADIOLLEAU  

La 10e conférence internationale sur les boiteries des ruminants, dont voici quelques temps forts, a eu lieu au Chili fin 20151. La dermatite digitée y occupait une large place et il a été montré qu’elle touche la Nouvelle-Zélande, qui se croyait épargnée. La prochaine édition se déroulera du 6 au 9 septembre 2017 à Munich, en Allemagne.

Dermatite digitée

Des résistances aux antibiotiques étant constatées dans le cas de tréponèmes isolées chez l’homme, la prudence est requise dans l’utilisation d’antibiotiques pour le traitement de la dermatite digitée. Des essais, conduits avec plusieurs produits non antibiotiques, notamment des gels ou des sprays à base de cuivre et de zinc chélatés, ont été comparés à l’efficacité d’un spray à base de chlortétracycline. Les études ont été menées sur des vaches présentant des lésions de dermatite digitée au stade M2. Les résultats obtenus avec les traitements non antibiotiques sont équivalents ou meilleurs que ceux obtenus avec des sprays antibiotiques, avec des résultats positifs significatifs par rapport aux lots témoins, non traités. En ce qui concerne les pédiluves, les résultats constatés dépendent de l’ergonomie du dispositif, de la concentration des produits utilisés et du nombre d’animaux traités avant le remplacement des solutions. Un prélavage des pieds avant le passage dans le pédiluve permet de réduire la quantité de matières organiques et donc d’améliorer l’efficacité de celui-ci.

Des infections à mycoplasmes polymorphes

Aux Pays-Bas, plus de 50 épisodes d’infections à mycoplasmes ont été constatés sur une période de 3 ans. Les élevages atteints étaient des exploitations de plus grande taille que la moyenne nationale et situées dans le nord du pays. En moyenne, 7,7 % des animaux ont manifesté d’importants signes cliniques, soit de mammite, soit d’arthrite, soit de ces deux affections dans 60 % des cas (Mycoplasma bovis). Des troubles respiratoires ont été signalés chez les génisses de remplacement dans moins de 50 % des élevages, mais aucun cas n’a été rapporté chez les vaches en lactation. Dans la plupart des élevages atteints, une même souche de mycoplasme a été identifiée dans les prélèvements effectués dans les articulations atteintes et dans les poumons des jeunes animaux. Les souches étaient élevage-dépendantes et, dans quelques cas, plusieurs ont été identifiées dans le même élevage.

Facteurs de risque de boiterie

Certains facteurs augmentent le risque de boiterie, même chez des vaches conduites au pâturage : la densité et les pressions exercées lors du rassemblement des animaux, l’impatience des éleveurs au moment de rentrer les vaches, le revêtement du sol, en particulier l’utilisation de gravier pour faire la jonction entre le sol du bâtiment et l’extérieur, les longues distances, en particulier si le sol est chaotique, les fortes pluies, la politique en matière de naissance (vêlages groupés, saisonniers ou étalés) et celle des réformes. Une étude menée dans des élevages irlandais montre que chez les vaches qui présentent une boiterie avant et après le vêlage, l’intervalle est plus élevé entre le vêlage et la conception (43 jours en moyenne) que chez celles qui n’ont jamais boité (26 jours). Une notation corporelle basse, inférieure à 2,5, ou une perte d’état rapide augmente le risque de boiterie, mais celle-ci peut être constatée plusieurs semaines, voire plusieurs mois plus tard. Un historique de boiterie est aussi associé à une plus forte probabilité de souffrir de boiterie à l’avenir. Une étude effectuée par tomodensitométrie et radiographie a montré que certaines affections du pied occasionnent des lésions irréversibles.

Traitement par voie intraveineuse locorégionale

Dans du phlegmon interdigité en phase aiguë, l’utilisation d’antibiotiques par voie systémique conduit à des concentrations locales non thérapeutiques. 30 vaches laitières présentant un phlegmon clinique avec un score de locomotion allant de 3 à 4 sur 5 ont été traitées par une perfusion locale de marbofloxacine (0,67 mg/kg). Un tourniquet a été préalablement posé sur la portion proximale du métatarse ou du métacarpe du membre atteint et l’injection a été effectuée par petits bolus pendant 60 à 90 secondes, au moyen d’un cathéter posé sur la veine digitale commune dorsale III.

1 Proceedings of the 18th international symposium and 10th conference on lameness in ruminants, Valdivia, Chili, 2015, bit.ly/2deytb3.

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