Mammites, ce fléau mondial - La Semaine Vétérinaire n° 1687 du 14/09/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1687 du 14/09/2016

SYMPOSIUM INTERNATIONAL

PRATIQUE MIXTE

L'ACTU

Auteur(s) : STÉPHANIE PADIOLLEAU  

La prévention des mammites par les pratiques d’élevage, la sélection et l’utilisation raisonnée des traitements était un fil conducteur du symposium mammites de la Fédération internationale des laiteries.

Nantes a accueilli le 6e symposium sur les mammites, organisé par la Fédération internationale des laiteries (FIL-IDF), du 7 au 9 septembre derniers. Cet événement a lieu tous les cinq ans dans un pays différent, et fait le tour des recherches, des pratiques et des difficultés rencontrées par l’élevage laitier dans toutes les espèces.

Des problématiques communes

Plusieurs constats peuvent être faits à partir de l’ensemble des communications et des échanges du symposium. Les mammites sont un problème global, qui affecte toutes les espèces. Chez les chameaux, la prévalence des mammites subcliniques est supérieure à 20 % au niveau des animaux, et peut aller jusqu’à plus de 80 % des quartiers dans certains pays et élevages. Chez les vaches, cette affection est citée comme la plus importante en élevage laitier dans huit pays européens sur 14 (étude menée auprès des pays membres du comité permanent pour la santé et le bien-être animal de la Commission européenne), et arrive en second pour trois autres, et la plus importante pour l’industrie agroalimentaire dans 11 pays sur 14 (et la seconde pour les trois restants). En Inde, les mammites cliniques des vaches et des bufflonnes représentent un coût annuel de 61 millions de dollars américains, et les affections subcliniques environ 92 millions.

La maîtrise à l’épreuve du long terme

Tous les pays rapportent des difficultés, d’une part dans l’adhésion des éleveurs aux recommandations destinées à contrôler les mammites, d’autre part dans la persistance des efforts de maîtrise. Il s’agit aussi de lutter contre la résistance aux antibiotiques, même si les profils de résistance des souches issues de mammites n’ont, semble-t-il, pas évolué. Aucune émergence de résistance n’apparaît au niveau mondial, mais, pour pouvoir l’affirmer avec certitude, il conviendrait d’étudier les souches isolées il y a 30 ans avec les moyens actuels de diagnostic.

De nombreux pays ont mis en place des actions ou des programmes de maîtrise et des recommandations (« Les mammites, j’anticipe » en France, Cellcheck en Irlande), même en Inde, où 70 % des 16 millions de producteurs laitiers détiennent une à deux vaches, et seulement 5 % plus de cinq. Les solutions proposées sont cependant différentes : programmes élaborés associant l’utilisation sélective d’antibiotiques, d’obturateurs, ou solutions à bas coût ouvertes au plus grand nombre (citrate de sodium par voie orale ; phytothérapie locale).

Afin d’obtenir un meilleur résultat, il est souligné que l’éleveur doit avoir à sa disposition des éléments faciles à mettre en œuvre et à évaluer, et le programme s’accompagner d’actions d’informations et de suivi.

Cellules somatiques, moins c’est mieux !

Les comptages cellulaires sont généralement utilisés comme outils de diagnostic et de gestion. Les seuils varient selon les pays, les programmes de maîtrise et les exigences des laiteries et des transformateurs, mais tous s’accordent à reconnaître que moins il y a de cellules, mieux c’est. Il n’existe pas de limite inférieure à ne pas dépasser sous peine d’amoindrir la fonction immunitaire des vaches. Tout ce qui favorise une diminution des comptages cellulaires, individuels ou de tank, est bon à considérer, sans négliger les aspects économiques. Identification des animaux à traiter ou à réformer, protocoles de traitement, techniques de tarissement : il est important de déterminer des pratiques qui améliorent la santé de la mamelle sans détériorer la trésorerie des élevages. Les programmes de sélection génétique montrent aussi leur efficacité : le facteur cellule est un bon élément à considérer dans le choix des reproducteurs, afin d’améliorer la santé des mamelles. Il ne s’agit toutefois que d’un outil parmi d’autres. Si les conditions d’élevage sont dégradées, la génétique ne pourra pas être l’unique solution. L’hygiène et la biosécurité sont aussi des leviers d’amélioration de la qualité du lait et de la santé des mamelles.

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