La maladie noire due au Chronic paralysis virus - La Semaine Vétérinaire n° 1687 du 14/09/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1687 du 14/09/2016

SYNTHÈSE

PRATIQUE MIXTE

Formation

Les mauvaises conditions climatiques du début du printemps 2016 ont obligé les abeilles à rester longtemps confinées, provoquant notamment de la famine, les réserves ayant été insuffisantes. Mais la surdensité a également favorisé les cas de paralysie chronique, ou maladie noire, due au Chronic paralysis virus (CPV ou CBPV, pour Chronic bee paralysis virus ). La maladie noire est aussi appelée mal des forêts, car elle survient souvent sur des colonies qui produisent du miel de miellat, en trouvant leur nourriture sur les conifères notamment, ou mal de mai, car elle se déclare souvent – mais pas systématiquement – au début de la saison de butinage. Elle tient son nom au fait qu’elle provoque la perte des poils des abeilles, dont l’abdomen apparaît alors noir et luisant.

Facteurs d’apparition

La maladie noire est souvent présente à l’état latent dans les ruchers. Selon une étude, cela concerne plus de 60 % des ruchers en France.

Le virus est souvent retrouvé au sein des colonies, mais la maladie ne se développe que si les abeilles sont victimes d’un stress. Parmi les facteurs de stress en cause, les carences en nourriture, telles qu’observées cette année, sont souvent évoquées, entraînant la consommation d’une source d’approvisionnement exclusive, tel le miellat.

Le virus et les symptômes associés à la maladie peuvent aussi apparaître au sein de colonies malades, intoxiquées ou ayant subi les affres de conditions climatiques défavorables.

Ce sont les butineuses, ouvrières en fin de carrière, qui paient le plus lourd tribut à la maladie. Celle-ci entraîne en effet des pertes de miel considérables, les abeilles chargées de récolter les provisions ne pouvant plus travailler correctement. Selon les apiculteurs, les récoltes s’annoncent déjà très mauvaises cette année.

Facteurs favorisants

La pose de trappes à pollen semble aussi favoriser la maladie noire au sein des ruchers. Les experts pensent qu’il se crée alors des microlésions sur la cuticule des insectes, constituant ainsi une porte d’entrée pour le virus.

Selon les experts de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), le virus contribue de manière significative à la mortalité des abeilles. Certaines d’entre elles, porteuses du virus, peuvent ne jamais développer la maladie ou ne contaminer que quelques sujets de la colonie.

Sources de contamination

Le virus peut pénétrer dans l’abeille par voie orale, mais aussi par des lésions de la cuticule lors d’un simple contact. Le parasite Varroa ne semble pas transmettre la maladie. L’Anses a montré que le virus est encore présent et infectant dans les déjections d’abeilles, ce qui explique la contamination entre insectes au sein même de la colonie. Dès lors, il est compréhensible que le confinement favorise la maladie.

Les adultes sont les cibles privilégiées, mais le virus peut également atteindre les pupes et les larves.

Une charge virale élevée a été trouvée par l’Anses chez des fourmis prélevées près de colonies malades, ces insectes contribuant peut-être à disséminer le virus. L’apport de miellat à la colonie par les ouvrières semble être une cause établie de transmission du virus à une colonie, mais il en existe peut-être d’autres, dont la contamination par le matériel.

Symptômes

L’inoculation expérimentale du virus sur des abeilles adultes montre que la maladie incube environ 5 jours, les premiers cas de mortalité pouvant être observés 7 jours après l’inoculation.

Des corps d’inclusion, signes du passage viral au sein de la cellule, apparaissent dans les cellules de l’épithélium du tube digestif ainsi que dans le système nerveux d’abeilles malades. Le virus se réplique probablement dans les cellules de ces organes. Cependant, une charge virale importante est également identifiée dans l’hémolymphe d’abeilles infectées. Une carence en protéines semble aussi favoriser la maladie.

L’étude d’une colonie atteinte par la maladie noire peut avant tout faire penser à une intoxication par des neurotoxiques, car les abeilles sont agitées, peu actives, tremblent et rejettent les butineuses rentrant au trou de vol (l’entrée de la ruche). Sont parfois aussi observées des abeilles tremblantes qui se nettoient et forment alors un petit groupe. D’autres “tirent la langue”. Une observation attentive est donc nécessaire.

Avant toute chose, des abeilles “noires”, ayant donc perdu leurs poils abdominaux, sont observées (l’abdomen des abeilles de race jaune demeure bien entendu jaune). Elles paraissent luisantes, brillantes et leur abdomen semble raccourci et gonflé, en raison parfois d’une constipation. Il importe de ne pas confondre ces signes avec la présence naturelle d’abeilles noires locales qui, certes, ont un abdomen noir, mais poilu.

Un taux élevé de mortalité

Il convient d’être attentif aux signes nerveux manifestés par les abeilles. Les individus sains sont agités et repoussent ceux qui sont malades au trou de vol. On parle de “houspillage”. La paralysie est par ailleurs évoquée, car les butineuses se présentent devant la ruche, les ailes “en croix” et tremblantes. Souvent incapables de pénétrer dans la ruche, elles meurent à l’entrée, formant un tapis d’insectes. Les colonies se vident alors peu à peu de leurs butineuses.

L’observation attentive des signes cliniques (comportement, abeilles noires, ailes en croix, etc.) et de l’environnement (climatique, saisonnier, arboricole avec production de miellat) peuvent mettre sur la piste de la maladie.

L’estimation des pertes peut confirmer les doutes en cas de maladie déclarée, mais ce ne sera pas le cas sur des colonies présentant une faible expression de la maladie ou du portage sain.

Il s’agira d’effectuer un diagnostic différentiel en établissant une comparaison avec les maladies neurotoxiques et les intoxications.

Diagnostic

Pour confirmer les suspicions du diagnostic clinique, il est nécessaire de procéder à des analyses de laboratoire.

Des tests d’immunofluorescence ont longtemps été effectués, mais ce sont aujourd’hui essentiellement les tests par polynuclear chain reaction (PCR) qui sont utilisés, afin de détecter et de quantifier la charge virale. Il est ainsi possible de savoir si le virus est présent dans la colonie et en quelle quantité. Les charges virales fortes montrent une maladie établie, alors que les faibles charges signifient que le virus est présent à l’état latent. Il est donc important d’associer le résultat de laboratoire au diagnostic clinique avant de conclure à la présence ou non de la maladie.

Prévention

Pour prévenir la maladie, il convient de veiller à ce qu’aucun miellat ne soit disponible pour les abeilles lors de l’hivernage. Certains experts recommandent la transhumance dans d’autres régions offrant une grande variété d’espèces florales. Enfin, un renouvellement des reines par d’autres issues de colonies résistantes non malades est préconisé.

Lorsque la colonie est simplement porteuse saine du virus, il suffit de ne pas créer de déséquilibres (butinage sur sapin, par exemple) pour éviter que la maladie ne se développe. En revanche, si celle-ci est bien installée, les pertes de colonies peuvent être considérables. À l’heure actuelle, aucun traitement ou vaccin n’est en effet disponible contre cette affection.

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