Anthropomorphisme, zoomorphisme : différences et conséquences - La Semaine Vétérinaire n° 1686 du 07/09/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1686 du 07/09/2016

RELATION HOMME-ANIMAL

ACTU

Auteur(s) : LORENZA RICHARD 

La 14 e conférence internationale sur la relation homme-animal, à Paris du 11 au 13 juillet, a été l’occasion d’expliciter ces notions et de démontrer qu’elles procèdent de perceptions différentes.

Les notions d’anthropomorphisme et de zoomorphisme, ainsi que leurs conséquences sur le lien entre l’homme et l’animal, ont été explicitées par Anne McBride et Judith Adams, de l’université de Southampton (Royaume-Uni), lors de la 14e conférence internationale sur la relation homme-animal1 à Paris, du 11 au 13 juillet. En effet, ces termes sont souvent employés, mais rarement clairement définis. Les conférencières considèrent que ces notions procèdent d’états d’esprit différents.

Trois types d’anthropomorphisme

Pour Anne McBride, la personne anthropomorphe attribue à l’animal une capacité de cognition (croyances et pensées) et une sensibilité, mais de trois façons différentes :

- le type cognitif attribue une vie mentale et des émotions à l’animal, mais c’est une constatation qui n’implique pas chez lui d’empathie. La personne peut toutefois s’en occuper correctement (comme elle pourrait le faire d’une voiture, par exemple) ;

- le type critique a une empathie objective. Il considère que l’animal dispose d’une vie mentale et d’émotions d’un point de vue qui lui est propre et qui diffère de celui des humains. La personne s’en occupe alors bien dans la grande majorité des cas. Toutefois, dans certains troubles psychologiques, elle peut lui faire du mal consciemment, mais cela reste rare ;

- le type non critique a une empathie subjective : il prête des émotions et des valeurs humaines à l’animal sans tenir compte de son propre point de vue et sans considérer ses besoins réels. C’est le type le plus fréquemment rencontré. Cela peut déboucher sur des problèmes de dégradation du bien-être de l’animal. Son propriétaire peut lui imposer un idéal de beauté, une alimentation ou un mode de vie non adaptés qui provoquent de la frustration ou de l’ennui. Il peut être caressé ou manipulé contre son gré et cela peut entraîner chez lui de l’anxiété. Toutefois, ces mauvais traitements ne sont pas perçus par l’homme, qui croit souvent bien faire, en s’appuyant sur des perceptions erronées de l’animal. Enfin, ce type d’anthropomorphisme peut encore légitimer des maltraitances par attribution d’intentions ou de traits de caractère humains (race de chien classée dangereuse, chien sale, chat bête, etc.).

Le zoomorphisme, un état d’esprit différent

À la différence de l’anthropomorphisme non critique, qui provient d’une projection de traits humains sur un animal réel, le zoomorphisme est l’internalisation pour soi de traits propres à un animal, qu’il soit réel ou imaginaire (un chat ou une licorne, par exemple). Comme l’explique Judith Adams, la personne absorbe les caractéristiques supposées de l’animal, pour s’échapper de sa condition humaine par fantaisie ou par trouble de l’identité. Certains peuvent alors adopter des comportements qu’ils attribuent à l’animal qu’ils pensent être, ou subir des chirurgies esthétiques pour lui ressembler (crocs de panthère, corne, etc.). Cet état d’esprit, dénué d’empathie, peut également déboucher sur une négligence ou une maltraitance d’un animal de compagnie, notamment dans les troubles graves de la personnalité.

Ainsi, contrairement à certains auteurs qui considèrent qu’anthropomorphisme et zoomorphisme peuvent être corrélés ou font partie du même état d’esprit, les conférencières les différencient totalement. Ils ne sont toutefois pas vus comme des comportements opposés, mais parallèles, et sont souvent observés à des degrés divers chez les propriétaires d’animaux. Compte tenu du fait qu’ils peuvent avoir un effet négatif sur le bien-être animal, il conviendrait de les étudier davantage afin que les professionnels sachent les reconnaître. Pour prévenir les maltraitances, souvent involontaires, il serait également bénéfique d’éduquer les personnes à considérer le bien-être de leur animal de son point de vue à lui, en fonction de ses besoins et de ses perceptions propres.

1 Organisée par l’International Association of Human-Animal Interaction Organisations (IAHAIO), en partenariat avec la Fondation Adrienne-et-Pierre-Sommer.

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