Les coulisses d’une équipe vétérinaire en or

Avec deux médailles d’or par équipe, pour le concours complet et le saut d’obstacles (CSO), l’équipe vétérinaire française a vécu des moments forts à Rio (Brésil), lors des Jeux olympiques qui se sont déroulés du 5 au 21 août derniers. Voici les coulisses d’une organisation sans faille au niveau vétérinaire, qui a contribué à ce succès.

CSO : et de deux !

L’équipe de CSO clôture en beauté ces Jeux olympiques. Que de rebondissements, que d’émotion ! L’équipe de France a connu quelques bas pour arriver à un haut très haut à Rio.

Après le forfait du cheval de Simon Delestre pour une fêlure quelques jours après son arrivée et de petites coliques de Flora quelques jours avant le début des épreuves, le moral des troupes n’était pas au plus haut.

La première journée d’épreuves a également vu la chute de Pénélope Leprévost et son élimination de la compétition en individuel. L’équipe de France semblait alors poursuivie par la malchance. Mais c’était sans compter sur le formidable esprit d’équipe et l’envie de vaincre de ses quatre cavaliers, de leurs chevaux et de tout leur staff.

Mardi 16, la deuxième manche par équipe a permis aux cavaliers d’exprimer tout leur talent avec trois magnifiques parcours sans faute de Kevin Staut, Pénélope Leprévost et Roger-Yves Bost, qui prend juste un point de dépassement de temps, et un parcours avec une barre (4 points) pour Philippe Rozier. La France finit donc cette journée avec 1 point de pénalité, en embuscade derrière quatre équipes avec 0 point de pénalité : les Pays-Bas, l’Allemagne, les États-Unis et le Brésil.

Mercredi 17, l’équipe de France sort de son embuscade en signant un parcours sans faute et dans le temps pour Kevin Staut et sans faute avec 1 point de dépassement de temps pour Bosty et Philippe Rozier, et termine première par équipe avec 3 points, devant les États-Unis avec 5 points et l’Allemagne avec 8 points, qui a devancé le Canada au barrage.

Un scénario incroyable et une équipe de France qui a su montrer tout son talent en ne cédant jamais à la pression.

Félicitations à Jérôme Thévenot, le vétérinaire de l’équipe de France de CSO, qui a su gérer les chevaux au mieux en faisant toujours de leur bien-être sa priorité.

Complet : de la préparation vétérinaire… à l’or !

Préparation de l’équipe vétérinaire française

Le site de compétition équestre se situe au sein d’un complexe militaire dans le quartier de Déodoro.

Une imposante clinique vétérinaire a été construite en dur sur le site olympique pour traiter les chevaux en cas de besoin. Quatre box d’hospitalisation, dont un entièrement capitonné, ont été installés, ainsi qu’une grande salle d’examen équipée d’un travail. Le sol est parfait pour les chevaux.

Une salle d’examens de radiographie et d’échographie, gérée par notre confrère Erik Bergman, est mise à disposition. Grâce à la société Idexx, un laboratoire est également disponible sur place. Une salle de chirurgie et deux autres de couchage et de réveil complètent ces installations. L’équipe vétérinaire est internationale.

Une tente climatisée a été montée à l’extérieur de la clinique afin d’abriter les treating box où les vétérinaires traitants des équipes effectuent les différents soins sur les chevaux.

Les écuries ont également été bien pensées. Les chevaux y sont hébergés dans des box en dur de 5 x 3 m avec sol capitonné et lumière modulable. Chaque nation a accès à un espace de rangement pour la sellerie et l’alimentation. Des balances sont également à disposition dans les écuries pour surveiller le poids des chevaux. Chaque nation s’est approprié son emplacement en personnalisant sa décoration, qui rivalise avec celle de la nation voisine.

C’est parti pour la team véto !

Le jeudi 4 a été la journée de répétition des équipes présentes sur le cross-country des JO.

Les équipes vétérinaires ont été briefées le mercredi soir par Juliana Freitas, la Veterinary Services Manager (VSM) des Jeux, et Jenny Hall, VSM des JO de Londres et responsable ici des vétérinaires du cross. 25 vétérinaires y participent, accompagnés d’assistants vétérinaires, eux-mêmes aidés par des équipes présentes sur chacune des six zones, avec van ambulance et anesthésiste. Des vétérinaires “volants” sont également sur place. Un relai est pris à la clinique vétérinaire par une autre équipe pour réceptionner un cheval accidenté, par exemple.

Le jeudi matin, l’équipe des vétérinaires et de leurs assistants est rassemblée dans la cooling zone, à l’arrivée du cross. Des sacs à dos verts contiennent l’équipement nécessaire à chaque vétérinaire pour intervenir immédiatement sur un cheval.

Une répétition avec des quads a lieu, mimant un couple cavalier-cheval et délivrant des messages aux équipes en place sur les différents obstacles, tels que « chute du cavalier » ou « chute du cheval ».

L’équipe vétérinaire comporte quatre Françaises : Erin Gillian-Lacourt, Élodie Lallemand, Caroline Tessier et Anne Couroucé-Malblanc. Parmi les assistants vétérinaires figurent également deux Françaises : Poppy McGeown et Adeline Tischmacher.

De l’inspection des chevaux aux épreuves

L’inspection des chevaux de concours complet d’équitation, le vendredi 5, a constitué la première étape de la compétition équestre.

Ces chevaux doivent être présentés à un jury constitué de juges et d’un vétérinaire de la Fédération équestre internationale (FEI), et trotter sur une ligne droite en effectuant un aller-retour.

Les nations profitent de cette inspection pour présenter des chevaux étincelants et des cavaliers arborant les tenues choisies par leur fédération, qui oscillent entre distinction et élégance, parfois même exotisme.

Tous les chevaux présentés à Rio ont été acceptés. À noter cependant quelques frayeurs pour le cavalier espagnol, seul à être passé par la holding box.

Samedi 6 et dimanche 7 marquent le début de la compétition de dressage du concours complet. Les Français ont déroulé de magnifiques reprises et se retrouvent en 2^e position, à 0,2 point de l’Allemagne.

Ils figurent en 3^e, 6^e, 11^e et 14^e positions après le dressage sur 65 cavaliers, dont le premier a pris le départ du cross le lundi 8 à 10 heures.

L’équipe vétérinaire au sein de la compétition de concours complet

Journée bien remplie pour les vétérinaires avec la 2^e répétition du cross le dimanche matin, en présence de toute l’équipe, et l’arrivée à la clinique de trois chevaux de CSO fièvreux, à la suite de leur voyage, la nuit précédente. La journée, qui avait débuté à 7 heures, s’est achevée tard… Les chevaux en clinique vont cependant mieux et l’équipe est prête pour le lendemain.

Le lundi 8 est le jour du cross… Journée chargée pour beaucoup de monde, dont les vétérinaires. Arrivée des équipes à 7 heures sur le site et distribution de documents, de talkies-walkies et de sacs à dos avant de rejoindre leur position sur le cross.

Le cross démarre à 10 heures avec une météo assez propice. L’air et la température modérée offrent de bonnes conditions aux chevaux et à leurs cavaliers. Les nombreuses chutes, surtout au début, mettent les vétérinaires sur le qui-vive, mais au final, tous les chevaux se relèvent et rentrent à pied à l’écurie, pris en charge par le vétérinaire de leur équipe. Deux équidés sont admis à la clinique, sans complication majeure à gérer.

Ce cross s’est révélé difficile et sélectif, mais les chevaux ayant chuté n’ont eu que de petites blessures, tandis que ceux qui l’ont terminé ont bien récupéré.

Une équipe vétérinaire satisfaite

Une partie de l’équipe vétérinaire enchaîne avec l’inspection des chevaux de dressage, qui a lieu après le cross le lundi après-midi, tandis que l’équipe du cross s’octroie un moment de détente.

Mardi 9, la deuxième inspection des chevaux commence dès 8 heures. Trois équidés partent en holding box, mais tous sont finalement acceptés. Si certains semblent quelque peu “accuser le coup”, la plupart des chevaux semblent frais et disponibles.

Deux épreuves de saut d’obstacles sont au programme ensuite : l’une par équipe dès 10 heures, l’autre individuelle l’après-midi, avec la sélection des 25 meilleurs cavaliers et un maximum de trois cavaliers par nation. L’Australie, La Nouvelle-Zélande et la France figurent en tête à l’issue du cross.

Un cheval arrive à la clinique dans la matinée, détournant quelque peu les vétérinaires de la compétition. L’ayant soigné avant la fin de l’épreuve, ceux-ci peuvent finalement vivre en direct le couronnement de la France, qui obtient la médaille d’or !

L’épreuve de l’après-midi est tout aussi incroyable et permet à Nicolas Astier d’être médaillé d’argent. Une journée magnifique, riche en émotions.

Les médias s’emparent de cette première médaille d’or de la France. L’équitation et en particulier le concours complet sont enfin sur le devant de la scène.

Un grand bravo à toute l’équipe encadrante de ces cavaliers et de leurs chevaux, et un coup de chapeau à Xavier Goupil, le vétérinaire de l’équipe de France de concours complet depuis de nombreuses années !
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¹ National Technical Official, professeur en médecine interne équine à Oniris.