Le loup et l’agneau 2.0

La position debout a permis à l’homme de se distinguer des autres espèces animales et de se faire respecter de prédateurs tels que le loup. Elle est aussi symboliquement ce qui différencie dans la société le sujet libre de l’esclave. Libre, le cinéma d’Alain Guiraudie le reste. L’Aveyronnais n’a pas cédé à la facilité d’exploiter le succès de L’Inconnu du lac (2013) en persévérant dans une veine similaire. Si, comme ce précédent opus, Rester vertical reste habité par l’érotisme et la peur de l’animal sauvage, la narration renoue plutôt avec l’imaginaire fantasque des films antérieurs, tirant le réel vers les figures du conte avec une désinvolture qui peut désarçonner mais a le courage de s’affranchir du conformisme. À l’instar du personnage principal, scénariste nomade en panne d’inspiration, on ne sait jamais où le récit nous mène. À la recherche du loup sur les causses de Lozère, Léo rencontre une bergère qui lui parle de la crainte qu’elle en a. Ils auront un enfant. Quand la jeune mère s’en va sans prévenir, le héros s’improvise fils-père et reprend ses pérégrinations imprévisibles. De la réalité contemporaine, elles nous dévoileront l’inquiétante étrangeté. Vagabondant entre rêve, utopie et brutalité du monde, le film aborde les questions existentielles (la naissance, le sexe, la mort) avec une frontalité organique et une littéralité rares au cinéma. Il montre aussi qu’une manière de se débarrasser du loup est de cesser d’en avoir peur. Face à lui, Léo reste droit, debout, vivant.
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Rester vertical d’Alain Guiraudie, avec Damien Bonnard, India Hair, Raphaël Thiéry, Laure Calamy, Christian Bouillette, 1 h 40, sortie le 24 août.