De nouveaux enjeux pour la médiation animale

La Cité des sciences et de l’industrie à Paris a accueilli, du 11 au 13 juillet, la 14^e conférence internationale sur la relation homme-animal. Les dernières connaissances scientifiques sur le sujet (anthrozoologie) ont été présentées au cours de ces trois jours organisés par l’International Association of Human-Animal Interaction Organizations (IAHAIO) et la Fondation Adrienne-et-Pierre-Sommer¹.

Tenir compte du point de vue de l’animal

Hubert Montagner, psychophysiologiste, a notamment expliqué, lors de l’atelier pédagogique du 11 juillet², que l’un des premiers fondements de la relation homme-animal est leur lien d’attachement mutuel : un individu a de l’empathie pour l’autre et envie de le rencontrer. Un apaisement résulte de cette rencontre, avec un partage émotionnel permettant la libération des émotions et un développement social, affectif, cognitif, etc. Les études montrant les effets bénéfiques de la médiation animale, basée sur une relation tripartite entre l’animal, le professionnel encadrant et le bénéficiaire, sont nombreuses. Toutefois, cette interaction ne doit pas avoir d’effet néfaste sur les animaux. En effet, les espèces impliquées sont très variées (chien, cheval, ruminant, cochon d’Inde, etc.) et les bénéficiaires eux-mêmes très différents (des jeunes enfants aux personnes âgées, tous fragilisés sur le plan physique, psychologique ou social). Ainsi, pour que la rencontre se passe bien, il convient de prendre en compte cinq points : les particularités des animaux (espèce, race, tempérament, etc.), celles des bénéficiaires (âge, état de santé, entre autres), celles des accompagnants de la rencontre (éducateur, thérapeute, etc.), la dynamique de l’interaction (activités effectuées, notamment) et l’environnement global dans lequel celle-ci se réalise, les animaux n’étant pas sensibles aux mêmes informations issues du milieu extérieur (maison de retraite, matin ou soir, bruit ou lumière, etc.). Il s’agit ainsi de considérer également le point de vue de l’animal.

Une plus grande implication des vétérinaires

Pour Caroline Gilbert, maître de conférences en éthologie à l’École nationale vétérinaire d’Alfort, le praticien peut intervenir en sélectionnant l’animal le mieux adapté à l’interaction en fonction de son tempérament. La connaissance, grâce à l’éthologie, des états émotionnels d’un animal permet de déterminer sa capacité à exprimer le comportement qui est attendu dans un contexte particulier. Le vétérinaire peut également faire des préconisations pour la sociabilisation et l’éducation du sujet en fonction des activités auxquelles celui-ci devra participer et des personnes auxquelles il sera confronté. De plus, le praticien est en mesure d’assurer le suivi physique et psychologique de l’animal afin de déceler des problèmes de santé, mais également des comportements d’anxiété, d’ennui ou de stress, révélateurs d’un mal-être au cours des interactions. La délivrance de conseils pour prévenir les risques (zoonoses, par exemple) et répondre aux exigences sanitaires des institutions accueillant les activités de médiation animale est également de son domaine.

La profession pourrait enfin s’engager dans un travail multidisciplinaire (vétérinaires, éducateurs, associations, ministère, juges, etc.) assurant les bonnes pratiques de médiation et le bien-être des animaux qui y sont impliqués.
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¹ Soutenus par Mars Petcare.

² Soutenu également par Wamiz.