Les lésions consécutives à des sévices ou des accidents diffèrent - La Semaine Vétérinaire n° 1678 du 08/06/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1678 du 08/06/2016

MALTRAITANCE

PRATIQUE CANINE

Auteur(s) : BÉNÉDICTE ITURRIA 

Une étude compare les dossiers d’animaux accidentés ou violentés intentionnellement. Elle donne des outils pour aider les praticiens à identifier les cas de maltraitance.

La corrélation entre la maltraitance animale et les violences domestiques, voire les comportements criminels, est désormais clairement établie et fait de plus en plus l’objet de l’attention des vétérinaires, des professionnels de santé et des pouvoirs publics. Des guides pratiques à l’usage des cliniciens se développent1, dans lesquels sont décrits les signes qui doivent alerter : discours peu cohérent du propriétaire quant à l’origine des blessures de son animal de compagnie, animal apeuré et/ou victime de plusieurs blessures successives, autres animaux au sein du même foyer précédemment accidentés ou morts, etc. Cependant, malgré ces supports, il est toujours difficile pour un praticien d’identifier les cas de maltraitance, et notamment de faire la distinction entre des blessures dues à des sévices de celles consécutives, par exemple, à un accident de la circulation. Lors de la consultation, c’est en effet l’excuse souvent invoquée par les propriétaires coupables de mauvais traitements pour justifier les lésions osseuses de leur compagnon (l’animal aurait été « heurté par une voiture »…).

La première étude où la cause des blessures est connue

« Peu de documentation dans la littéra ture vétérinaire décrit les types de blessures causées intentionnellement par les humains sur les animaux », déclare Emily McCobb, professeur à l’École de médecine vétérinaire Cummings (Tufts University, Massachusetts, États-Unis), soulignant le besoin d’une plus grande sensibilisation et d’une meilleure connaissance du problème. Ce constat a été le point de départ d’une étude cas-témoins2 réalisée en collaboration avec l’American Society for the Prevention of Cruelty to Animals (ASPCA), qui œuvre pour la protection animale. Ces travaux comparent les dossiers médicaux de 476 chiens et chats. 426 concernent des animaux pris en charge par l’hôpital Foster des petits animaux de l’école Cummings pour un traumatisme après une collision avec un véhicule. Les 50 autres, fournis par la branche juridique de l’ASPCA et issus de procédures pénales pour maltraitance, font état de blessures consécutives à des sévices. Il s’agit de la première étude du genre à analyser deux populations d’animaux dont la cause des blessures est connue.

Des fractures avec des localisations préférentielles selon leur origine

Le résultat de cette recherche révèle que les traumatismes non accidentels et les accidents causés par des véhicules provoquent des types de blessures différents sur le squelette et les tissus mous. Les lésions observées le plus souvent après des accidents de la voie publique sont des fractures pelviennes, des cas de pneumothorax, des contusions pulmonaires et des plaies cutanées du type abrasion ou dégantage. Lors de blessures intentionnelles, sont plutôt observées des fractures du crâne, des dents, des vertèbres et des côtes, des hémorragies sclérales et des lésions au niveau des griffes. Il existe, de plus, une différence nette concernant les fractures des côtes : dans les cas de maltraitance, les lésions sont en général bilatérales. Lors de choc avec un véhicule, ces fractures se produisent le plus souvent en partie craniale et sont unilatérales. Les chercheurs constatent également la présence de fractures anciennes chez les victimes de blessures non accidentelles, comme cela est souvent le cas pour les humains qui ont été maltraités.

Cette étude, qui sera publiée en septembre prochain dans Journal of Forensic Sciences, spécialisé en sciences médicolégales, a d’ores et déjà été mise en ligne. Cet outil permet aux vétérinaires d’utiliser les preuves scientifiques mises à leur disposition pour dénoncer la maltraitance animale.

1 Exemple : Recognising abuse in animals and humans, de l’Animal Welfare Foundation, bit.ly/1XSpJIY.

2 Intarapanich N. P., McCobb E. C., Reisman R. W. et coll. Characterization and comparison of injuries caused by accidental and non-accidental blunt force trauma in dogs and cats. J. Forensic Sci. 2016, doi : 10.1111/1556-4029.13074.

Cette étude permet aux vétérinaires d’utiliser les preuves scientifiques mises à leur disposition pour dénoncer la maltraitance animale.
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