Jugez-vous efficaces les mesures annoncées pour lutter contre la maltraitance en abattoir ? - La Semaine Vétérinaire n° 1677 du 01/06/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1677 du 01/06/2016

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Auteur(s) : PROPOS RECUEILLIS PAR  MICHAELLA IGOHO 

UN RENFORCEMENT DES CONTRÔLES NE SUFFIRAIT PAS

Esthel Frederic (A 08) Vétérinaire-conseil en élevage, abattage et atelier de découpe. Mon rôle de vétérinaire-conseil m’amène à assurer des missions de responsable qualité dans un abattoir local, et j’ai suivi pour cela la formation de responsable protection animale agréée par le ministère. Les images de maltraitance observées dans les médias sont davantage liées à une malveillance du personnel qu’à une méconnaissance des bonnes pratiques ou à des problèmes de matériel. Dans ce cas précis, un renforcement des contrôles ne suffirait pas : il faudrait un contrôleur en permanence derrière chaque salarié, ou un superviseur général pour visionner des heures de vidéosurveillance, ce qui serait difficile à mettre en place. Le milieu de l’abattoir, et en particulier des abattoirs à faible tonnage, peine à recruter du personnel qualifié : une réflexion sociale sur l’emploi en abattoir et une valorisation des compétences des salariés seraient des mesures plus efficaces à long terme qu’une multiplication des inspections. Parmi les mesures annoncées, les inspections croisées entre les services d’inspection et la structuration d’un réseau de responsables protection animale permettraient d’harmoniser les contrôles, de développer les échanges entre abattoirs et de partager des solutions sur des problématiques communes.

Esthel Frederic (A 08)

LA CONFIANCE EST PERDUE !

Laurent Masson (Liège 05) Praticien rural à Saint-Jeoire (Haute-Savoie). La logique nous impose donc d’apporter des solutions fermes et morales qui garantissent la transparence et l’indépendance des opérateurs de surveillance du bien-être animal en abattoir. Comment un salarié peut-il jouer ce rôle ? Comme d’habitude, nos oligarchies déconnectées du bon sens ou soumises à de fortes pressions lobbyistes ne font pas le poids et se couvrent de ridicule. Le bon sens et le pragmatisme que plus personne “en haut” n’écoute, c’est que face à ce libéralisme, il faut des règles que la société approuve, car nous éprouvons tous de l’empathie pour ces animaux. De nouvelles règles universelles sur les modalités d’abattage, standardisées, validées et obligatoires font partie des actes urgents que ma génération ne saurait plus attendre. Il ne peut plus subsister de dérogation pour des pratiques telles que la saignée des animaux sans étourdissement, ou d’autres méthodes aussi cruelles pour les animaux que dangereuses pour les salariés qui travaillent dans des conditions extrêmement difficiles (horaires, pénibilité, dangerosité, valorisation personnelle). Qui saura dire stop à cette frénésie qui consomme autant les animaux que les gens ? Le courage nécessaire viendra d’en bas, de nous tous, ou ne viendra pas…

Laurent Masson (Liège 05)

LE STATUT DE SALARIÉ RÉFÉRENT EST UNE MESURE POSITIVE

Bien entendu, la création d’un statut de salarié référent en abattoir, comme le propose le gouvernement, est une mesure positive. Les questions d’éthique animale n’ont jamais été jusque-là une priorité des gouvernements, c’est donc un début. Cependant, ce sera très certainement insuffisant pour arriver à supprimer la maltraitance dans les abattoirs, si elle n’est pas associée à une vidéosurveillance. Cette dernière a déjà été mise en place avec succès dans d’autres pays et est considérée comme la mesure la plus efficace. De plus, elle constitue une des solutions les moins onéreuses. J’espère aussi que le gouvernement ne va pas simplement s’en tenir aux maltraitances dans les abattoirs, ce dernier n’étant que la pointe de l’iceberg. Les conditions de l’élevage industriel poussé à l’extrême, comme les poules pondeuses en cage ou les structures telles que la ferme des 1 000 vaches ou veaux, sont aussi sources de souffrances inacceptables aujourd’hui.

Dorothée Aillerie (Liège 06) Praticienne canine à Perrigny (Yonne). Dorothée Aillerie (Liège 06)
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