Les bonnes conditions d’un sevrage artificiel

Le sevrage artificiel est une période critique dans la vie du cheval. Il s’accompagne souvent d’une perte d’état physique, de stress. En outre, c’est un moment propice à l’apparition de stéréotypies. Cela concerne 100 % des chevaux domestiques qui sont sevrés à l’âge de 6 mois. Sachant que l’idéal serait probablement d’attendre un âge tardif pour séparer la mère de son poulain et que le sevrage se produise à leur initiative plutôt que par la volonté de l’homme, comment s’adapter de façon optimale aux contraintes de l’élevage et sevrer au mieux le poulain ?

Alimentation

Une transition alimentaire mérite d’être mise en place. Il est préférable que l’alimentation soit riche en fibres et en matières grasses plutôt qu’en sucres et en amidon. Il est aussi recommandé d’augmenter le temps consacré par les poulains à leur alimentation, en leur donnant notamment plus de fourrages variés et moins de concentrés.

Conditions du sevrage

Plusieurs études ont été effectuées pour déterminer les modalités qui permettraient d’obtenir le meilleur sevrage.

Des essais de séparation ont ainsi été commencés à 2 semaines de vie chez le poulain et poursuivis jusqu’à l’âge de 3 mois, sans bénéfice.

Sur un lot de 10 poulains, des séparations quotidiennes de 15 minutes, augmentées jusqu’à 6 heures, ont été réalisées. Ce lot était comparé à un lot témoin de 16 poulains sevrés à 6 mois. Le jour J, l’équipe de recherche a comparé le nombre de hennissements par jour : deux fois moins de hennissements ont été relevés dans le lot “progressif” versus le lot témoin. L’équipe de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) de Nouzilly (Indre-et-Loire) montre ainsi qu’il est bénéfique d’habituer les jeunes à être séparés progressivement des mères, au travers d’une barrière, pendant le mois qui précède le sevrage définitif.

Une autre expérience a consisté à retirer les mères progressivement, au rythme d’une par jour, et a montré que cela induit notamment moins de stress et une perte moindre de poids.

L’équipe a également observé qu’il vaut mieux, le jour du sevrage, mettre les poulains en groupe et au pré. Une autre option est même préférable : l’introduction d’adultes non apparentés le jour du sevrage. Il est alors constaté que les poulains hennissent moins, qu’ils manifestent moins de comportements aberrants ou agressifs et que le taux de cortisol est inférieur.

Il importe de maintenir les poulains dans des groupes d’adultes hétérogènes. Cela permet d’établir des associations préférentielles entre les membres du groupe.

Il est également préférable de regrouper les poulains mâles plutôt que de les laisser seuls.

Le sevrage au pré est donc préconisé. Néanmoins, si le sevrage doit s’effectuer au box, il convient de tenter de maintenir les poulains par paire s’ils ne manifestent pas de comportements agressifs.

Après le sevrage : comment faire ?

Dans un groupe aux conditions de vie enrichies, on observe moins de signes d’alerte et de vigilance, les poulains sont moins peureux ou émotifs.

Des tests génétiques sont aussi utilisés pour relever une éventuelle surexpression de certains gènes. Un contraste fort est noté entre les deux groupes : dans le groupe “conditions de vie enrichies”, les gènes de l’activation cellulaire peuvent être observés ; dans le groupe des “conditions de vie non enrichies”, ce sont plutôt les gènes de mort cellulaire qui sont visibles. Le mode de vie laisse donc une véritable empreinte.

L’enrichissement peut également se faire chez les chevaux au pré, afin de diminuer l’émotivité.

Enfin, en 2005, l’équipe Inra de Nouzilly avait déjà montré qu’il était possible de profiter de ce sevrage pour manipuler les poulains (caresses et prise en main pendant 15 jours). Ces manipulations ont un effet positif notamment sur la pose du licol et sur l’apprentissage du marcher en main. Dans le lot des poulains tout de suite manipulés, ces effets sont observables 10 mois plus tard.
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