Évaluation des porcelets mort-nés par échographie thoracique

Une analyse précise des stades de mortalité des porcelets nouveau-nés (en cours de gestation, pendant ou après la mise bas) est indispensable pour préciser les axes de progrès propres à chaque élevage. Les porcelets mort-nés contribuent à plus de 30 % des pertes en maternité, mais sont parfois mal enregistrés. L’échographie thoracique avec une sonde linéaire standard permet de distinguer les porcelets nés vivants et les mort-nés, et ainsi de vérifier la qualité d’enregistrement de ces derniers. Ces résultats font suite à un essai présenté par Sylviane Boulot (Ifip, Institut du porc), lors des journées de la recherche porcine (JRP) à Paris, en février dernier.

Échographie thoracique

En élevage, en l’absence de surveillance des mises bas, la détermination du stade de mort repose sur des observations visuelles imprécises : examen externe, localisation dans la case, état des onglons, etc. La méthode de référence requiert une autopsie avec réalisation d’un test de flottaison du poumon. Cet examen est toutefois rarement réalisé en élevage. Afin de déterminer si les porcelets sont morts pendant la mise bas (vrais mort-nés) ou après celle-ci (faux mort-nés), une nouvelle méthode d’échographie thoracique a été testée. L’essai a été mené sur 256 porcelets morts à la naissance ou dans les 24 premières heures de vie et conservés à 4 °C durant 1 à 2 jours à la station expérimentale de l’Ifip, Institut du porc, à Romillé, en Ille-et-Vilaine (les momifiés sont exclus de l’étude). L’échographie thoracique est réalisée chez tous les porcelets dans l’espace intercostal au niveau de l’articulation du coude, soit avec une sonde linéaire amovible de 5 MHz, soit chez 214 d’entre eux avec une sonde sectorielle de 5 MHz. Avec la sonde linéaire, le poumon hépatisé (non ventilé) est clairement visible chez le porcelet mort-né, et des artéfacts¹ liés à la présence d’air sont également facilement repérés chez l’animal né vivant. La concordance entre le test de flottaison du poumon et l’examen échographique est très bonne : 99 % pour les animaux nés vifs et 98 % pour les mort-nés.

Une méthode simple et rapide

En revanche, les images sont plus difficiles à interpréter avec la sonde sectorielle et le risque d’erreur est plus grand. La concordance avec le test de flottaison du poumon descend à 87 % chez les nés vifs et à 96 % chez les mort-nés, avec respectivement 6 % et 2 % d’indéterminés. Cela provient de la moindre performance de ce type de sonde à faible profondeur et d’un contact avec la peau sur une zone limitée.

L’impact de conservation des porcelets est également testé, en réalisant l’échographie avec la sonde linéaire après 4 à 6 jours de conservation à 4 °C et après congélation. La concordance avec le test de flottaison du poumon réalisé après ces périodes est de 100 %, à la fois chez les mort-nés et les nés vivants.

Ainsi, la différenciation entre porcelets vrais et faux mort-nés par échographie thoracique peut être réalisée avec une sonde linéaire et avec des porcelets décongelés ou conservés au frais durant 4 à 6 jours. Le diagnostic est alors plus rapide, et facilité car le praticien peut échographier plusieurs animaux lors d’une même visite.

De plus, le matériel nécessaire étant standard, il peut être utilisé pour de nombreux autres diagnostics, notamment le contrôle de gestation ou la mesure de gras et de muscle. Son amortissement est, de ce fait, rapide.

• 1 Lichtenstein D. A. Lung ultrasound in the critically ill. Ann. Intensive Care. 2014;4 (1):1. doi:10.1186/2110-5820-4-1.