Prise en charge d’un traumatisme crânien - La Semaine Vétérinaire n° 1670 du 15/04/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1670 du 15/04/2016

CONFÉRENCE

Pratique canine

FORMATION

Auteur(s) : Andrew Brown*, Anne Montel**

Fonctions :
*Diplomate ECVECC, praticien à l’université d’Édimbourg (Écosse). Article rédigé d’après une présentation faite lors du congrès de l’European Veterinary Emergency and Critical Care Society à Lyon, en juin 2015.

Les animaux victimes de traumatismes crâniens sont souvent admis avec des blessures impressionnantes. Pourtant, une prise en charge rigoureuse permet de stabiliser rapidement ces animaux, dont le pronostic est moins sombre qu’il peut paraître.

Évaluation initiale de l’animal

Il ne faut pas se focaliser sur les fractures potentielles, mais considérer l’animal dans sa totalité. Un examen classique est réalisé, dont celui des voies respiratoires, de l’appareil cardiovasculaire (recherche des signes de choc : couleur des muqueuses, pouls, fréquence cardiaque, température des extrémités, temps de remplissage capillaire) et du système nerveux (niveau de conscience, locomotion et posture, diamètre et motricité pupillaire, respiration). Il est important d’objectiver l’état mental de l’animal le plus précisément possible (de préférence avant administration de sédatifs) afin de pouvoir le réévaluer au cours de la prise en charge. Il peut être intéressant de prendre des photographies de l’individu. L’échelle de Glasgow modifiée permet au vétérinaire d’établir un pronostic. Le score est à réévaluer fréquemment, avant et après traitement.

Gestion des convulsions

Les convulsions peuvent survenir immédiatement après l’événement traumatique ou être retardées. Elles sont traitées par du diazépam (0,5 mg/kg par voie intraveineuse à effet, idéalement via un cathéter papillon dans un membre pelvien, pour réduire les manipulations à proximité du lieu du traumatisme) ou du phénobarbital (16 mg/kg/24 heures en quatre bolus). Une perfusion continue est parfois nécessaire (propofol ou midazolam). Un monitoring rigoureux s’impose alors (surveillance d’une hypotension, d’une hypoventilation ou d’une hypovolémie).

Analgésie

L’utilisation d’opioïdes est recommandée (attention, néanmoins, aux risques d’hypotension).

Gestion des lésions crâniennes

La plupart du temps, les lésions primaires (qui sont dues au traumatisme lui-même) ne peuvent être prises en charge. L’action se porte sur la prévention et sur la correction des lésions secondaires, qui sont la réponse de l’organisme au traumatisme initial (inflammation, œdème, hypoxie cérébrale). Il est impératif de restaurer une bonne oxygénation cérébrale : restaurer la pression artérielle en oxygène (PaO2) et la perfusion cérébrale. La pression de perfusion cérébrale (PPC) dépend de la pression artérielle moyenne (PAM) et de la pression intracrânienne (PIC) : PPC = PAM – PIC. Elle est compromise en cas d’augmentation de la PIC et de diminution de la PAM. Une hypertension associée à une bradycardie réflexe est alors notée.

Restauration de la pression artérielle en oxygène

Une oxygénothérapie s’avère nécessaire. L’administration d’oxygène par masque ou par intubation trachéale est préférable aux sondes nasales, qui peuvent provoquer des éternuements et donc augmenter la pression intracrânienne.

Correction de l’hypovolémie

Les cristalloïdes isotoniques ou hypertoniques, ou des colloïdes synthétiques peuvent être utilisés. Les solutés hypotoniques, qui risquent d’augmenter la pression intracrânienne et de provoquer des hyperglycémies (ces solutés contenant du glucose), sont proscrits. Les cristalloïdes hypertoniques ont pour avantage d’augmenter rapidement le volume vasculaire et de diminuer l’œdème cérébral. Ils sont contre-indiqués sur les animaux déshydratés ou présentant des hémorragies.

Diminution de la pression intracrânienne

Plusieurs mesures et précautions peuvent être mises en place : élever la tête de l’animal d’un angle de 15 à 30°, retirer la collerette et les cathéters à la jugulaire, éviter les stimuli et les molécules provoquant une vasodilatation. L’utilisation de mannitol est recommandée. En revanche, les corticoïdes sont à proscrire (plusieurs études réalisées en médecine humaine ont montré qu’ils étaient responsables d’une augmentation de la mortalité).

Il est important de réévaluer fréquemment l’animal pour adapter le pronostic et la prise en charge. La récupération est souvent longue (plusieurs semaines). Un nursing de qualité et un bon plan de réalimentation sont fondamentaux pour la récupération de ces animaux.

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