Dernier acte

Le titre a beau se référer au chien dans le film, il ne s’agit pas d’un film sur un chien. Si Truman vient de remporter une moisson de goyas (la plus haute récompense du cinéma espagnol) en février, il le doit probablement moins au placide bullmastiff ou au conformisme esthétique de ses images qu’à la manière habile, retenue, avec laquelle il traite un sujet fort délicat : le courage de faire face à une mort annoncée.

La fiction met en scène Julian, un acteur qui, se sachant atteint d’un cancer qui le condamne inéluctablement, décide d’interrompre son traitement pour préparer sa fin, l’accepter comme une part de sa vie. Son ami d’enfance vient du Canada passer avec lui quatre jours, qu’ils savent être les derniers. De cette situation poignante, le film a l’élégance de ne pas forcer le sentimentalisme. Il maintient le pathos à distance, s’autorisant même de l’humour et des airs paradoxaux de feel-good movie. Julian ne laisse pas paraître ses angoisses, mais les reporte sur le sort de son chien (son regard plein de mélancolie exprimant celle que son propriétaire refuse) et procède à un véritable casting pour lui trouver une nouvelle famille. Dans une scène tragicomique, il interroge son vétérinaire – qu’il met un peu dans l’embarras – pour savoir comment un animal peut surmonter le deuil de son maître. Le massif animal de compagnie que lègue Julian n’est-il pas le symbole de ce lien vivant – d’amour, d’amitié – qui lui survivra et dont ce film est une sensible élégie ?

Truman de Cesc Gay, avec Ricardo Darin, Javier Cámara, Dolores Fonzi et le chien Troilo, Espagne, 1 h 46, sortie le 6 juillet (initialement prévue pour le 6 avril).