POURQUOI DÉFENDRE UN ENSEIGNEMENT POUR LES MONOGASTRIQUES D’ÉLEVAGE DANS LES ENV ? - La Semaine Vétérinaire n° 1668 du 01/04/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1668 du 01/04/2016

Décryptage

Les enseignants en productions hors-sol des quatre écoles nationales vétérinaires (ENV) françaises exposent les multiples enjeux de cette formation, qui confère aux jeunes diplômés un rôle déterminant dans l’accompagnement des éleveurs.

Des enjeux professionnels forts et évolutifs

Les monogastriques d’élevage (porcs, volailles mais aussi lapins) représentent une part importante des protéines animales consommées en France et dans le monde (infographie).

La France reste, malgré les crises, un pays majeur en aviculture et en production porcine en Europe. Plus largement, ces productions sont en pleine croissance dans les pays émergents ou en développement. Cette dimension internationale est essentielle, du point de vue sanitaire, mais aussi parce qu’elle offre de belles opportunités professionnelles pour de jeunes vétérinaires.

De nouveaux enjeux sociétaux, apparus ces dernières années, remettent en cause le modèle de production des filières avicoles et porcines : l’agroécologie, le plan ÉcoAntibio 2017, les exigences croissantes du consommateur en matière de qualité et de sécurité des aliments, la prise en compte croissante du bien-être animal, etc.

Le vétérinaire est, de fait, naturellement impliqué dans ces problématiques, mais doit néanmoins affirmer cette légitimité en jouant un rôle déterminant dans l’accompagnement des éleveurs dans ces évolutions (réduction de l’usage des intrants médicamenteux, notamment). Les menaces sur la délivrance du médicament soulignent cette nécessaire implication. Ce nouveau contexte est source de nouveaux questionnements pour le vétérinaire et donc pour la formation des futurs vétérinaires.

Faut-il maintenir un enseignement dédié aux filières avicole et porcine dans le cursus de tronc commun des ENV ?

En étant un peu provocateur, on peut s’interroger sur la légitimité d’enseigner une matière (production, nutrition, médecine des porcs, volailles et lapins) qui concernera plus tard si peu d’étudiants… La réflexion nécessite aussi de se pencher sur le profil sociologique des étudiants vétérinaires. Pourquoi si peu de vocations ? Des sondages réalisés auprès des étudiants au fil de leur cursus montrent que les vocations pour les métiers des filières avicole et porcine sont quasiment nulles parmi les étudiants de 1re année. L’enseignant est donc en “terre de mission” pour essayer d’en convaincre quelques-uns de franchir le pas.

Comment améliorer l’efficacité de l’enseignement dans ce secteur ?

Actuellement, la situation des ENV est disparate, mais, globalement, les objectifs de formation restent les mêmes :

– sensibiliser les étudiants vétérinaires aux spécificités de ce secteur professionnel et aux principes de la médecine de population ;

– former des vétérinaires susceptibles d’exercer dans ces filières, en combinant des actions de formation initiale et de formation continue.

Au stade de la formation initiale, au-delà de la transmission de connaissances, un objectif majeur est donc d’attirer les étudiants vers les filières avicole et porcine, en leur montrant l’attrait et la diversité des approches auxquelles fait appel cette médecine (zootechnie, alimentation, génétique, pathologie, épidémiologie, infectiologie, hygiène alimentaire, etc.).

Cette formation initiale s’appuie sur des enseignements théoriques pluri?disciplinaires (zootechnie, alimentation, médecine, maladies réglementées et zoonoses) :

– une formation à la démarche clinique via des élevages cas et des autopsies, des séances de résolution de cas cliniques en salle ; la rencontre avec des vétérinaires praticiens exerçant dans ces filières pour situer le contexte d’exercice ;

– pour les étudiants intéressés en 5e année, des parcours personnalisés, avec des audits d’élevages à problème, des stages et des projets de thèse. Plusieurs thèses vétérinaires sont ainsi réalisées chaque année sur des problématiques de santé des porcs ou des volailles.

Un accent particulier est mis sur des problématiques sociétales, telles que le bien-être animal et la réduction des intrants médicamenteux.

La formation dispensée repose sur un partenariat très fort avec les praticiens qui participent, à des degrés variables selon les années du cursus et les écoles, à l’encadrement des visites d’élevage et des thèses vétérinaires et/ou accueillent les étudiants en stages.

Un autre enjeu : la formation continue et spécialisée

De manière récurrente, de jeunes vétérinaires intègrent ces filières après quelques années d’exercice dans d’autres secteurs. Un enjeu consiste à aiguiller ces confrères lors de cette reconversion, puis à les accompagner dans leur nouvelle activité. Deux certificats d’études approfondies vétérinaires (CEAV) y contribuent : gestion de la santé et de la qualité en production porcine, d’une part, et en productions avicole et cunicole, d’autre part.

Les collèges européens de spécialistes constituent également un enjeu de premier plan pour la profession. Si cela concerne un faible nombre de vétérinaires (diplômés des collèges européens ou résidents dans le but d’obtenir le diplôme), ceux-ci représentent la profession dans des filières stratégiques au niveau national et international. Sur le plan national, ces spécialistes sont les interlocuteurs privilégiés des professionnels et des pouvoirs publics, notamment en cas de crise sanitaire. Sur le plan international, leur existence constitue un élément de crédibilité et de visibilité des vétérinaires français par rapport à leurs homologues européens et des pays tiers.

Deux programmes de résidanat impliquant les écoles françaises ont ainsi été agréés ces dernières années : un programme pour l’European College of Poultry Veterinary Science à l’École nationale vétérinaire de Toulouse (ENVT) et un autre, conjoint ENVT-Oniris, pour l’European College of Porcine Health Management (diplôme récemment reconnu par le Conseil national de la spécialisation vétérinaire pour conférer le titre de spécialiste en France).

Quelques enseignants à la manœuvre

Comment les enseignants impulsent-ils ce secteur ? Leur investissement se traduit en plusieurs axes :

– une implication forte des enseignants-chercheurs des ENV dans les collèges européens en participant à leurs instances (board, comités d’éducation ou d’accréditation). L’année 2015 a vu notamment l’organisation de l’European Symposium of Porcine Health Management à Nantes (1 427 vétérinaires européens participants) ;

– une cohérence enseignement-recherche : les enseignants-chercheurs sont impliqués dans des activités de recherche en physiopathologie des maladies infectieuses porcines et avicoles dans un contexte de réduction des intrants médicamenteux. Ils exercent ces activités au sein d’équipes pluridisciplinaires dans les unités mixtes de recherche (UMR) Institut national de la recherche agronomique (Inra)-écoles vétérinaires (UMR Inra-Oniris biologie épidémiologie, analyse de risque, UMR ENVT-Inra interaction hôte agent pathogène et UMR Anses-ENVA-Inra biologie moléculaire et immunologie parasitaire) ;

– l’interaction importante avec les partenaires socio-économiques (vétérinaires praticiens, instituts techniques, organisations de production) pour des actions de recherche appliquée ;

– la participation aux instances professionnelles (dont les associations de praticiens), qui permet la constitution d’un réseau pour l’accueil des étudiants à différents stades de la formation.

LES ENSEIGNANTS EN PRODUCTIONS ANIMALES HORS-SOL DES QUATRE ÉCOLES VÉTÉRINAIRES FRANÇAISES

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