La parasitologie vétérinaire continue de progresser

Le 12^e symposium Merial sur les parasitoses et les maladies transmises par les tiques, sur le thème des nouvelles tendances en parasitologie des animaux de compagnie, s’est déroulé du 21 au 24 mars à El Vendrell (Espagne). Ce congrès a rassemblé 121 personnes, des vétérinaires spécialistes en parasitologie pour la grande majorité ainsi que des vétérinaires dermatologues d’une trentaine de nationalités. Les parasitoses zoonotiques ont fait l’objet d’une session. L’importance d’une vigilance épidémiologique constante dans les régions touristiques a été rappelée. Le point de vigilance en est la surveillance de la distribution géographique et l’impact sur les populations animales des parasites zoonotiques ou autres agents pathogènes transmis par des arthropodes vecteurs, notamment Bartonella henselae, Leishmania infantum ou Rickettsia spp. Ceci permet de prévenir et de contrôler les infestations chez le chien et le chat pour minimiser les risques d’infections humaines.

Des pathogènes émergents

Une conférence s’est intéressée à l’émergence en Europe d’un trématode, Opisthorchis spp., parasite de la vésicule et des canaux biliaires chez son hôte final, les mammifères ou les oiseaux. Majoritairement retrouvé en Europe de l’Est, O. felineus a été diagnostiqué une fois en France. Lorsqu’elle s’exprime, la clinique associée est non spécifique (syndrome fébrile, troubles gastro-intestinaux) mais peut être grave lors d’infestation massive (cirrhose, par exemple). Une présentation a aussi été consacrée à Onchocerca lupi. Habituellement parasite des ongulés, ce nématode a été trouvé chez un loup pour la première fois en 1967. C’est en 1991 que le premier cas canin a été diagnostiqué. Principalement en position rétrobulbaire, ce parasite est responsable de lésions oculaires chez le chien et chez l’homme (conjonctivite, photophobie, épiphora, exophtalmie, nodules granulomateux). Peu connu, il est retrouvé en particulier en Europe centrale (notamment en Allemagne, en Grèce et au Portugal). Une étude récente¹ révèle une prévalence de 8,4 % chez 107 chiens asymptomatiques grecs et portugais, preuve d’un portage et d’une importance croissante.

A. vasorum, présent dans toute l’Europe

L’accent a été mis sur l’importance croissante d’Angiostrongylus vasorum en Europe, responsable de lésions pulmonaires potentiellement graves. Virtuellement inconnu il y a 10 ans, il est retrouvé dans presque l’intégralité des pays d’Europe aujourd’hui, avec une prévalence allant de 7 à 18 % chez les renards au Royaume-Uni². Cette émergence serait liée à des facteurs climatiques. La connaissance approfondie du cycle de développement de ce nématode est essentielle pour prévenir l’infestation chez le chien, susceptible de consommer des limaces et des escargots, hôtes intermédiaires du parasite. Son traitement et sa prévention passent notamment par les lactones macrocycliques (moxidectine, milbémycine oxyme). Un état des lieux des connaissances concernant Babesia vulpes, une nouvelle espèce de Babesia répertoriée, à transmission probablement vectorielle et responsable d’un syndrome fébrile associé à une anémie régénérative sévère et une thrombocytopénie chez le chien, a été présenté. Ce parasite est surtout décrit en Espagne, après qu’il ait traversé les Pyrénées depuis l’Allemagne.

De nouvelles applications des antiparasitaires

L’accent a également été mis sur les nouveaux antiparasitaires et leurs applications, notamment la famille des isoxazolines lors de démodécie et de gale sarcoptique. Hors autorisation de mise sur le marché (AMM), l’afoxolaner (présent dans Nexgard©) a montré une efficacité de 100 % concernant la réduction du nombre de Demodex après quatre administrations (les deux premières à 15 jours d’intervalle, puis à J28 et J56), associée à une résolution clinique complète. D’autres études sont en cours de réalisation. Concernant la gale sarcoptique, une réduction de 100 % du nombre de sarcoptes trouvés aux raclages après trois administrations à un mois d’intervalle et une réduction de 80 % du prurit au bout du premier mois sont observées. L’efficacité de Nexgard Spectra® (association d’afoxolaner et de milbémycime oxime), administré mensuellement pendant six mois, permet de prévenir les infestations par Spirocerca lupi et Angiostrongylus vasorum chez le chien (utilisation hors AMM).

• 1 Otranto et coll. 2013.

• 2 Taylor et coll. 2015.

1 CHAT SUR 10 est infesté par des strongles pulmonaires en Europe