L’iontophorèse, une technique prometteuse en ophtalmologie

Les uvéites représentent une dominante pathologique en ophtalmologie féline. Face à ces affections, le praticien se trouve confronté à deux difficultés : l’établissement d’un diagnostic causal et la mise en place rapide d’un traitement permettant de limiter la douleur et de préserver la vision. Les corticostéroïdes font partie de l’arsenal thérapeutique habituel lors d’uvéite antérieure aiguë. L’objectif du traitement est d’atteindre une concentration tissulaire maximale tout en limitant les effets secondaires généraux. Pour cela, les administrations locales ont été développées, en particulier chez l’homme. Parmi elles, l’iontophorèse a été utilisée dans le traitement des rejets de greffe de cornée et dans les uvéites aiguës. Cette technique consiste à utiliser un courant électrique continu de faible intensité pour augmenter le passage tissulaire d’une molécule ionisée. L’objectif de cette étude est d’évaluer l’efficacité du traitement des uvéites aiguës félines par iontophorèse de méthylprednisolone.

Matériel et méthodes

Les critères d’inclusion sont la présence de signes d’uvéite antérieure aiguë unilatérale (tels que myosis, hypopion, hyphéma, hypotension oculaire), l’absence de lésion épithéliale de la cornée, de lésion échographique du segment postérieur ou de luxation du cristallin, et de traitement préalable. Quatre chats sont inclus dans l’étude. L’évaluation initiale consiste en un examen ophtalmologique complet (vision, biomicroscopie, tonométrie) et en une échographie oculaire. L’intensité des signes cliniques permet d’établir un score clinique de gravité. Le traitement appliqué à J1 est une iontophorèse de méthylprednisolone (photo). Aucun autre traitement local ou général n’est utilisé. Les animaux sont examinés à J2, J3, J8 et J31.

Résultats

Une réduction du score clinique est observée pour tous les chats entre J3 et J7. La disparition totale des symptômes est observée dans deux cas. Aucun signe oculaire ou général nouveau n’est observé au cours de cette étude. À J31, les yeux traités présentent un niveau de séquelles variable, dont l’intensité est corrélée au score initial.

Discussion

L’efficacité du traitement des uvéites aiguës félines par iontophorèse d’une solution injectable de méthylprednisolone est évaluée sur quatre chats. Une amélioration du score clinique est observée dans tous les cas, ce qui confirme les résultats observés chez l’homme. L’iontophorèse semble permettre d’atteindre une concentration locale de méthylprednisolone suffisante pour améliorer le score clinique en huit jours, sans s’accompagner d’altération de la cornée ou de signes généraux. Le niveau de séquelles d’uvéite évalué en fin de période d’observation est lié à l’intensité des symptômes initiaux. Deux cas présentent une guérison incomplète de leur uvéite. Un traitement complémentaire local ou général aurait probablement permis d’éviter ces séquelles, bien que les chats concernés aient le score initial le plus élevé.

Les limites de cette étude sont liées au faible nombre de cas observés. L’évaluation d’un nombre de cas plus important permettrait de confirmer et d’affiner ces premiers résultats et de mettre en place une étude statistique sur les scores observés. D’autre part, les uvéites traitées n’ont pas fait l’objet d’une démarche diagnostique complète. Cette évaluation se limite à l’observation d’une réduction du score clinique, indépendamment de la cause de l’uvéite. La détermination d’une cause spécifique n’étant malheureusement pas systématique, il pourrait être utile de pousser plus loin la démarche diagnostique de manière à rechercher une corrélation entre le résultat du traitement et la cause de l’affection.

• 1 DESV ophtalmologie, praticien à Blagnac (Haute-Garonne).

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