L’abaissement du bilan électrolytique de l’aliment en pré-partum est déconseillé - La Semaine Vétérinaire n° 1666 du 01/04/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1666 du 01/04/2016

CONFÉRENCE

Pratique mixte

FORMATION

Auteur(s) : Anne Boudon*, Lorenza Richard**

Fonctions :
*UMR 1348 Pegase à l’Inra
de St-Gilles (Ille-et-Vilaine).
Article rédigé d’après une présentation
faite lors des 48es journées de la recherche
porcine (JRP), les 2 et 3 février 2016
à Paris.

Abaisser le bilan électrolytique (BE) de l’aliment distribué aux truies durant la dernière semaine de gestation augmente la durée de la mise bas, d’après une étude présentée lors des journées de la recherche porcine à Paris, en février dernier.

L’étude a été menée sur 24 truies landrace x large white multipares, séparées en deux lots. Durant les sept derniers jours de gestation (mise bas induite à 113 jours), un lot reçoit un aliment proche des conventionnels de gestation dont le BE est de 250 mEq/kg, l’autre reçoit le même aliment supplémenté en chlorures (de magnésium et d’ammonium) afin de diminuer le BE à 50 mEq/kg.

Une durée de mise bas allongée

Une diminution significative du pH urinaire des truies ayant reçu l’aliment de BE abaissé est notée avant la mise bas (de 7,5 à 6,7 à 112 jours). Le pH sanguin n’est pas affecté (de 7,42 en moyenne), mais ses taux en bicarbonates diminuent à 112 jours. Le rein joue son rôle de régulation de l’équilibre acidobasique de l’organisme, en augmentant l’excrétion d’ammoniaque et d’ions H+. De plus, l’excrétion de calcium est également augmentée à 112 jours, suggérant que l’acidification a provoqué une mobilisation des réserves de l’os en calcium et la réduction de sa réabsorption rénale. Pour les auteurs, cette mobilisation osseuse de calcium aurait pu être favorable aux contractions musculaires utérines, mais des résultats contraires à leur hypothèse ont été obtenus.

En effet, la mise bas a duré beaucoup plus longtemps chez les truies ayant reçu l’aliment à 50 mEq/kg de BE : 310 min en moyenne, contre 172 (considérées comme la norme1) chez les truies ayant reçu l’autre aliment. De plus, la cadence de naissance est plus lente dès le troisième porcelet avec l’aliment à BE abaissé (quatrième naissance 100 min en moyenne après la première, contre 50 dans l’autre lot).

Cela pourrait être expliqué par la réduction des teneurs sanguines en bicarbonates (réserves alcalines), qui limiterait les possibilités de l’organisme d’éliminer l’excès d’acide lactique libéré par les contractions utérines, ce qui a un impact négatif sur le tonus musculaire nécessaire à la mise bas2. Toutefois, la baisse du BE de l’aliment n’a aucune influence sur les teneurs sériques et urinaires des biomarqueurs de la résorption osseuse. Cela semble contraire à l’hypothèse de libération de calcium de l’os vers le sang, alors que les teneurs plasmatiques et l’excrétion de calcium sont augmentées : l’effet de l’acidification sur ces biomarqueurs nécessite ainsi d’être étudié. Cette étude confirme cependant que la lactation est une période de forte mobilisation osseuse chez la truie.

Aucun impact sur la survie des porcelets

Enfin, l’abaissement du BE n’a aucun effet significatif sur le nombre de porcelets nés totaux ou nés vivants, malgré l’allongement du temps de la mise bas et le risque d’hypoxie qui peut y être lié. Aucune influence n’est également observée sur la mortalité des porcelets le premier jour de vie ou durant la lactation, ni sur le poids de la portée à la naissance. Le gain de poids des porcelets durant la lactation n’est pas non plus affecté, suggérant que l’abaissement du BE de l’aliment n’a pas altéré la capacité laitière des mères.

Ainsi, une diminution du BE de l’aliment durant la dernière semaine de gestation, de 250 à 50 mEq/kg, n’est pas conseillée, contrairement à ce qui est pratiqué chez la vache laitière. L’impact est en effet négatif sur le temps de mise bas et semble nul sur le temps de survie et la croissance des porcelets.

  • 1 Loisel F., Farmer C., Ramaekers P. et coll. Effects of high fiber intake during late pregnancy on sow physiology, colostrum production and piglet performance. J. Anim. Sci. 2013;91:5269-5279.

  • 2 Bories P., Vautrin F., Boulot S. et coll. Analyse des paramètres physiologiques et métaboliques associés aux mises bas longues ou difficiles chez la truie. JRP 2010;42:233-239.

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