Des indicateurs visibles pour évaluer le bien-être animal - La Semaine Vétérinaire n° 1668 du 01/04/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1668 du 01/04/2016

JOURNÉE DE LA RECHERCHE ÉQUINE

Pratique mixte

L’ACTU

Auteur(s) : Marine Neveux

La 42e journée de la recherche équine (JRE), organisée par l’IFCE avec la collaboration de l’Inra, a ouvert une session spéciale sur le bien-être des équidés, le 17 mars dernier à Paris.

L’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE), qui organise cette journée1, s’est attaché à cette thématique d’actualité. La notion d’indicateurs sur lesquels se reposer pour évaluer le bien-être animal est une nécessité mise en avant par plusieurs intervenants. « Il existe des grilles, mais au quotidien, nous avons besoin de nous appuyer sur des indicateurs visibles », explique Martine Hausberger, chercheure au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). En outre, s’appuyer uniquement sur les conditions de vie de l’équidé ne permet pas d’évaluer le bien-être de l’animal lui-même.

Faire émerger et valider des indicateurs de bien-être

Les études actuelles portent essentiellement sur les indicateurs du mal-être, qui peut avoir une expression variée allant de l’agressivité à l’apathie. « Les études combinant comportements, postures, physiologie et état sanitaire suggèrent qu’il serait possible de faire émerger et de valider des indicateurs de bien-être, c’est-à-dire d’état positif », développe Martine Hausberger.

« L’attention à l’environnement et la relation à l’homme sont les deux points les plus consensuels actuellement », poursuit-elle. Dans la relation à l’homme, le score de réactivité et la latence d’approche, par exemple, peuvent être évalués. Il est également possible d’utiliser la grille de la fondation Brooke. Par ailleurs, des études sont menées sur les réactions des chevaux à l’approche de personnes inconnues. Le principal facteur en jeu est le soigneur, les chevaux d’un même soigneur ayant tendance à se comporter de la même façon vis-à-vis d’autres personnes. « Indéniablement, l’approche humaine positive a un impact », conclut Martine Hausberger.

« Les paramètres sanitaires sont également considérés, poursuit-elle. Une corrélation négative est observée entre les troubles vertébraux des équidés et le bien-être. Les chevaux évalués comme ayant une colonne vertébrale en bon état sont aussi ceux qui vont le plus vers l’homme. »

Le côté apathique et le retrait sensoriel, chez les chevaux plutôt dépressifs, et le côté anxieux ne sont pas des marqueurs de bien-être. « Là encore, une corrélation apparaît entre le temps passé par le cheval à observer son environnement et l’état de sa colonne vertébrale. »

Notre consœur Gwenola Touzot-Jourde, enseignante à Oniris, poursuit sur la douleur chez les équidés et l’utilisation de grilles pour l’objectiver : « Les grilles d’évaluation de la douleur permettent d’éveiller, d’éduquer. Cela change le regard sur le cheval et le standardise. L’objectif est d’arriver à déterminer un score de douleur final nous permettant de nous orienter et d’arriver à un suivi. »

L’équitation, sport ostéogénique

Les sujets de recherche présentés lors de cette journée ont été particulièrement variés. Dans son étude, Hugues Portier, de l’université d’Orléans, a montré que l’équitation fait partie des sports ostéogéniques. Il étudie en effet la densité minérale osseuse des cavalières au niveau lombaire supérieur. Quel que soit l’âge de la cavalière – le constat est donc rassurant –, l’équitation amène cette densité, qui est identique à celle de sportives pratiquant des activités ossifiantes. « Il faut une pratique suffisante, au moins trois fois par semaine, et qui dure dans le temps », précise-t-il. Une densité minérale osseuse ne signifie pas pour autant une absence de risque de fracture. Il ne s’agit là que d’un paramètre (l’architecture, par exemple, revêt la même importance).

Stéphanie Fougerolle, du Labéo Frank Duncombe, s’est attachée à l’impact de l’âge et des anticorps maternels sur la réponse immunitaire lors de la vaccination contre la grippe. Une immunisation trop précoce semble induire une réponse anti?corps sous-optimale.

  • 1 La 42e JRE a rassemblé 150 chercheurs, professionnels et amateurs de la filière équine. Une retransmission avait lieu sur 22 sites en France et 1 en Suisse, permettant à 350 personnes de suivre les échanges et de poser leurs questions en direct.

    Lire aussi page 35 de ce numéro.

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