ÉMILIE ET GWENAËL SE SONT ENGAGÉS DANS LES FILIÈRES HORS-SOL ALORS QU’ILS NE S’Y DESTINAIENT PAS FORCÉMENT À LEUR ENTRÉE À L’ÉCOLE VÉTÉRINAIRE. CHARLES, QUANT À LUI, Y EXERCE DEPUIS PLUSIEURS ANNÉES - La Semaine Vétérinaire n° 1668 du 01/04/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1668 du 01/04/2016

TÉMOIGNAGES

Dossier

« Un métier passionnant, mais mal connu des étudiants »

La filière avicole française n’a besoin que d’une quinzaine de nouveaux vétérinaires par an, néanmoins le problème de recrutement des jeunes est réel. La première difficulté se situe au niveau de la formation. La plupart des étudiants ne connaissent pas du tout les filières hors-sol. Le corps professoral doit être assez motivé et déployer des moyens pour former à ces postes. Il est en effet essentiel d’inculquer aux étudiants l’ouverture à d’autres formes d’exercice que la canine ou la rurale traditionnelle, qui sont les deux pôles sur lesquels l’enseignement repose. Être vétérinaire n’est pas un métier, mais des métiers, et le nôtre est totalement différent. C’est une médecine rationnelle, de populations, qui correspond à la délivrance d’un conseil sur la performance technique et économique de l’élevage, avec la prise en compte de tout un environnement, en B to B. Intellectuellement, c’est réellement stimulant : les jeunes devraient en être davantage informés.

La seconde difficulté est l’image de la profession. Les filières hors-sol ne font pas rêver. Nous devons donc aller chercher les jeunes. Dans notre activité quotidienne, un temps est dévolu à intervenir dans les écoles, à rencontrer les étudiants, à proposer des formations, des stages et des thèses, et à accueillir de potentiels candidats. Et quand un premier pas de curiosité est fait par les jeunes, deux sur trois nous rejoignent.

Ils se rendent compte qu’il s’agit d’un métier intéressant et qui évolue en permanence. Travailler avec des professionnels est exigeant, mais c’est très gratifiant. De plus, l’avantage est d’exercer dans un réseau complet de plusieurs cabinets vétérinaires, avec un partage d’avis et d’expériences. Surtout, les jeunes réalisent que des boulevards de carrière s’ouvrent devant eux, avec une association rapide assurée, quand certains de leurs contemporains trouvent des plannings morcelés et des gratifications minimales conventionnées.

Les filières sont d’ailleurs ouvertes à tous les confrères. Des vétérinaires nous rejoignent après avoir été déçus par des premières expériences où ils n’ont pas trouvé ce qui leur convenait intellectuellement. J’en fais partie. Chacun peut mûrir son projet de carrière avec le temps, et nous devons être à l’affût de ces opportunités. Les vétérinaires s’imaginent peut-être qu’il n’y a désormais plus rien à faire dans les métiers liés aux productions en raison des crises successives. Or, c’est tout l’inverse : la pression sur les antibiotiques implique davantage de diagnostics, de conseils, et donc de compétences vétérinaires. De plus, la “viande standard” représente la grande majorité du marché, loin devant le bio, et les consommateurs continueront d’en manger demain. Au-delà des difficultés économiques, la part du budget des ménages consacrée à l’alimentation ne cesse de diminuer. Tant que l’iPhone sera préféré au poulet bio, les filières hors-sol auront de l’avenir.

« Des enseignants qui m’ont accompagné et soutenu »

Lorsque je suis entré à l’école vétérinaire, je souhaitais m’orienter vers une pratique mixte à dominante bovin lait. C’est au cours de ma scolarité que mon goût pour la filière porcine s’est affiné à la faveur de rencontres au cours de stages, avec Philippe Hamon puis Arnaud Lebret, et à l’école dans le cadre de ma formation sous la tutelle de Catherine Belloc et de Mily Leblanc-Maridor.

Aujourd’hui, je suis complètement passionné par mon métier.

La formation n’est pas suffisante s’il s’agit d’être autonome et compétent à la sortie de l’école, mais c’est le cas dans toutes les filières. C’est au cours des premiers emplois que l’on s’affûte et, durant ma carrière, je continuerai à me former et à en apprendre tous les jours. L’évolution des exigences de la filière porcine nous oblige à cela. L’enseignement à Oniris m’a apporté des bases solides pour appréhender les problématiques sanitaires dans les élevages et pour approfondir ces points de façon autonome. Les enseignantes d’Oniris m’ont d’ailleurs toujours accompagné et soutenu dans ces démarches, et elles continuent à le faire aujourd’hui !

Je suis actuellement vétérinaire salarié d’un cabinet indépendant, au sein d’une équipe de six vétérinaires et de deux ingénieures, avec une activité exclusivement porcine.

Mes attentes en tant que débutant sont avant tout des besoins de formation. Je pense que la complémentarité entre les vétérinaires expérimentés et les ingénieures au sein du cabinet et du groupe Chêne Vert Conseil, ainsi qu’avec les laboratoires d’analyses du groupe, m’apporte énormément au quotidien. Cela me permettra d’atteindre rapidement, je l’espère, le niveau attendu par mes employeurs et les éleveurs.

La filière porcine sollicite au quotidien la capacité à travailler en équipe, avec les éleveurs et les autres intervenants en élevage, et mobilise de très nombreuses compétences. Contrairement aux idées reçues, la médecine y tient une grande place. Son point fort est l’approche globale de l’élevage, le sanitaire, bien sûr, mais aussi l’ambiance dans les bâtiments, l’alimentation et la qualité de l’eau, avec toutes les contraintes de la conduite en bande. C’est une filière dans laquelle les éleveurs font confiance à leur vétérinaire pour les conseiller au quotidien dans la gestion de leur élevage.

« Des stages et des visites en élevage qui m’ont convaincue »

Je suis entrée à l’ENVT sans savoir dans quel domaine j’allais exercer. C’est à partir de la 2e année, au cours de laquelle nous avions des cours de pathologies aviaire, porcine et cunicole, que je me suis intéressée aux filières hors-sol. J’ai eu envie d’aller sur le terrain pour découvrir à quoi correspondait le métier de vétérinaire exerçant dans ces filières.

J’ai effectué un premier stage chez Labovet Conseil, sur le site des Herbiers (Vendée). Il s’agit d’un cabinet vétérinaire spécialisé en productions hors-sol, adhérant au réseau Cristal. Aux côtés de vétérinaires spécialisés en aviculture, j’ai réalisé mes premières visites en élevage, et j’ai découvert une autre approche et les principes de la médecine collective. Associer examen clinique des animaux, autopsies et analyses de laboratoire dans la démarche diagnostique m’a beaucoup intéressée.

J’ai ensuite suivi d’autres stages et participé aux visites d’élevage et aux formations organisées lors du module d’enseignement aviaire-porc de 4e année. À l’ENVT, la 5e année d’approfondissement en aviculture, qui peut être réalisée sous la tutelle de Jean-Luc Guérin, m’a permis de préparer ma thèse en aviculture en collaboration avec Charles Facon, vétérinaire à Labovet Conseil.

Ces expériences complémentaires et enrichissantes m’ont convaincue de continuer dans cette voie.

Depuis septembre, j’exerce principalement en aviculture et un peu en cuniculture. Je participe à la gestion des cas et des autopsies des animaux amenés à la clinique. Je conseille et accompagne les éleveurs et les équipes techniques, et je réalise également des visites en élevage.

En parallèle, j’effectue des enquêtes de protection sanitaire, des audits de vaccination, des études sur les usages de médicaments en élevage, etc. Je prends du plaisir à suivre et à gérer les cas cliniques au jour le jour, mais aussi à m’impliquer dans des projets à plus long terme. En tant que débutante, j’apprécie d’être bien encadrée, de pouvoir échanger facilement avec d’autres vétérinaires et de participer régulièrement à des formations organisées par le réseau Cristal.

Peu d’étudiants connaissent les filières hors-sol en entrant à l’école et relativement peu d’heures d’enseignement y sont dédiées, proportionnellement aux autres secteurs d’activité. Globalement, ces filières restent donc méconnues et, qui sait, certains étudiants passent peut-être à côté d’une vocation !

Pourtant, les attraits des filières sont multiples, comme la diversité du travail, des rencontres et des échanges avec les différents acteurs de la santé animale (éleveurs, techniciens d’élevage, laboratoires, etc.). De plus, ces secteurs recrutent facilement des vétérinaires juniors et assurent leur formation en début de carrière.

Je pense qu’il faudrait encourager les étudiants à réaliser des stages dans ces filières. Cela leur permettrait de découvrir, en pratique, une autre facette de notre profession.

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