Un consensus d’experts sur les signes comportementaux de douleur - La Semaine Vétérinaire n° 1666 du 18/03/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1666 du 18/03/2016

BIEN-ÊTRE

Pratique canine

L’ACTU

Auteur(s) : Ségolène Minster

Une vingtaine de signes seraient suffisants pour révéler un état douloureux chez le chat.

Des praticiens anglais en médecine féline ont cherché à objectiver des signes comportementaux nécessaires et/ou suffisants de la douleur chez le chat1. L’identification de signes comportementaux fiables de la douleur permettrait d’avoir une méthode efficace et non invasive de détection applicable par différentes personnes dans différents contextes (à la maison ou à la clinique). En effet, certains propriétaires peuvent observer ces modifications du comportement sans relever leur importance clinique, les considérant, par exemple, comme un effet inévitable du vieillissement de leur animal. La douleur est multidimensionnelle et implique les voies sensori-discriminative (intensité, durée et localisation) et émotionnelle. Pour le moment, seule l’échelle Unesp-Botucatu2 semble sûre pour évaluer ces champs, mais elle n’est valable que dans le contexte de post-ovariohystérectomie chez la chatte. De plus, elle nécessite des interactions et la mesure de paramètres physiologiques.

La modification du tempérament oriente vers une douleur chronique

Une revue de la littérature a permis de lister 67 comportements liés à la douleur chez le chat. Les experts ont été invit?és à indiquer pour chacun si le comportement était présent en cas d’affection aiguë ou chronique, s’il constituait un indicateur fiable (et suffisant) de douleur, et sa prévalence en cas de douleur faible ou intense. Pas moins de 23 signes ont été identifiés consensuellement comme « suffisants » pour établir la présence de douleur3. Cinq d’entre eux sont fréquents seulement en cas de douleur forte (changement du comportement alimentaire, évitement de la lumière, grognements, gémissements, yeux fermés), 18 sont fréquents en cas de douleur faible et forte (encadré). Parmi eux, la modification du tempérament signe une douleur chronique, avec des rémissions temporaires seulement. En effet, le tempérament est un trait constant de l’individu. Un chat atteint de douleur chronique pourrait être décrit comme agité ou irritable au long cours, la douleur étant devenue une part intégrale de sa constitution, et ses prédispositions comportementales s’étant adaptées à l’impact de la douleur. Une difficulté à uriner a été interprétée comme un signe de douleur mais sans consensus sur son intensité. Aucun signe n’a été reconnu « nécessaire » pour impliquer un état douloureux.

  • 1 Merola I., Mills D. S. Behavioural signs of pain in cats: an expert consensus. PlosOne 2016. doi: 10.1371/journal.pone.0150040.

  • 2 http://bit.ly/1MhNAcS.

  • 3 La présence d’un signe suffit à déceler un état douloureux, mais son absence ne signifie pas une absence de douleur.

LES SIGNES QUI DOIVENT ALERTER

Les experts considèrent les signes suivants comme suffisants pour indiquer un état de douleur. Ils sont fréquents, quel que soit le niveau de douleur : boiterie, difficulté à sauter, démarche anormale, réticence à se déplacer, réaction à la palpation, retrait/évitement, absence de toilettage, baisse du jeu, diminution de l’appétit, baisse de l’activité générale, baisse du frottement contre les humains, modification de l’humeur, changement de tempérament, posture recroquevillée, modification du poids, léchage d’une région, tête abaissée, blépharospasme.

LE MOT DE L’EXPERT

Quel est l’intérêt d’identifier les signes comportementaux de la douleur du chat ?

Chez le chat, les manifestations fonctionnelles de la douleur sont moins probantes que chez le chien, car, espèce proie, il a tendance à masquer sa vulnérabilité. D’autre part, l’examen orthopédique est plus difficilement réalisable et le propriétaire est moins attentif à des signes qu’il confond avec la vieillesse. Les troubles comportementaux et les interactions sociales sont les clés de l’évaluation. Relier des items évocateurs de situation douloureuse aux trois champs territoriaux (isolement, exploration, agression) en facilite l’exploration pour le vétérinaire et le propriétaire.

Quelles sont leurs limites ?

Les 23 signes identifiés sont évocateurs mais pas toujours spécifiques de la douleur. Aussi convient-il d’en rechercher un nombre significatif et de les confronter avec un examen clinique associant toucher, palpations et manipulations d’intensité progressive. En l’absence d’outils pragmatiques, l’utilisation de ces critères apparaît fastidieuse au praticien, malgré un intérêt indéniable.

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