La ferrure de l’âne - La Semaine Vétérinaire n° 1665 du 11/03/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1665 du 11/03/2016

CONFÉRENCE

Pratique mixte

FORMATION

Auteur(s) : Marine Neveux*, Laurent Nizou**

Fonctions :
*Maréchal-ferrant

L’âne était autrefois apprécié par les paysans en raison notamment de sa force de travail. Écarté des campagnes avec le développement de la mécanisation, il fait aujourd’hui son retour en tant qu’animal de compagnie. Rustique, il doit cependant avoir de bons pieds.

La structure du pied

La structure interne du pied de l’âne est presque semblable à celle du cheval. En revanche, au niveau externe, le pied est plus étroit, plus long que large, les quartiers sont droits, il n’y a quasiment pas de mamelle. Il a une forme en “U” ou en lyre. La sole est creuse et épaisse, les barres sont presque verticales et les talons hauts. La muraille est verticale, avec un angle qui peut aller jusqu’à 60° pour les antérieurs et 65° pour les postérieurs. La corne est plus dure et plus résistante que chez le cheval. Elle est hydratée, épaisse et peu dense. La structure est aussi davantage déformable. La paroi reste partout la même. Ces animaux marchent souvent au pas et font un peu de trot.

Le parage de l’âne

Dans les climats secs et sur les terrains durs, l’âne n’a pas besoin de trop de parage, ce qui est différent sur les terrains herbeux et humides où des complications apparaissent et l’usure du pied est faible. Chez l’âne, les pieds poussent vers l’avant. Ils se déforment et vrillent s’ils ne sont pas correctement parés (tous les 4 mois au maximum). Il est donc nécessaire de sensibiliser les propriétaires à leur entretien.

Lors du parage, il convient de respecter les talons. La corne est ensuite coupée, la fourchette nettoyée, la sole est taillée lorsque les pieds sont très longs.

Quand la paroi est travaillée, un point de vigilance est à noter : comme le pied de l’âne est assez droit, le risque est de râper la couronne. Il importe aussi de veiller à la verticalité de la paroi.

Les aplombs de ces équidés sont particuliers : souvent serrés devant et derrière, et panards.

Les affections du pied

Les affections se produisent généralement par altération de la corne, mais bien souvent, l’âne ne réagit pas à la douleur comme le cheval.

– La fourmilière : elle sera ouverte au moment du parage.

– L’abcès : le traitement est le même que chez le cheval. C’est l’origine la plus commune de boiterie aiguë chez l’âne. Mais quand la pince à sonder est utilisée, cette espèce se montre moins réactive à la douleur que le cheval.

– La fourbure : chez l’âne, elle est surtout liée à une alimentation inadaptée ou à un manque d’exercice. Il convient d’enlever de la sole pour que l’animal marche sur la paroi.

La ferrure

Cet animal a une corne dure, mais il doit parfois être ferré. Le ferrage se pratique aussi bien à froid qu’à chaud. Soit les fers sont confectionnés par le maréchal-ferrant, soit des fers mécaniques sont transformés et adaptés.

Les branches doivent être bien droites et il convient de faire ressortir les éponges. Quatre à six étampures sont disposées en fonction de la taille du fer. La garniture n’est pas importante, contrairement au relevé de pince.

Le brochage de l’âne reste délicat, car la paroi des sabots est verticale. Mettre un peu d’obliquité sur la filure du pied peut aider. Les autres règles consistent à ne pas utiliser de gros clous (au niveau de l’antérieur, quatre à cinq suffisent), à respecter la conformation du pied, le fer, et à ne pas mettre trop de garniture. Sur la route, il est possible d’ajouter quelques cônes en tungstène, des crampons fixes ou vissés.

Contention

L’âne est malin, fort et réactif. Attention au coup de pied sec ! Il convient de l’attacher court et solidement lors de l’intervention.

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