Objectif : moins d’antibiotiques dans les élevages - La Semaine Vétérinaire n° 1662 du 19/02/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1662 du 19/02/2016

ANTIBIORÉSISTANCE

Actu

Auteur(s) : Michaella Igoho

L’UE et la FAO confirment vouloir combattre l’antibiorésistance dans la santé publique mais aussi dans le secteur vétérinaire.

Comment lutter contre la résistance bactérienne aux antibiotiques à l’échelle nationale, européenne et mondiale ? Telle est la problématique à laquelle ont tenté de répondre les États membres lors d’une conférence ministérielle1 qui s’est tenue le 11 février, dans le cadre de la présidence néerlandaise de l’Union européenne (UE). Autour de la table, les ministres européens de la Santé et de l’Agriculture ont échangé sur la menace de la résistance antimicrobienne, avec une approche “une seule santé”. Ce concept s’appuie sur une action coordonnée dans les domaines de la santé, de l’environnement, de l’agriculture et de l’élevage. Étaient également présents des représentants de la Commission européenne, de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ou encore de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE). Il s’agit de la première rencontre organisée sur ce thème, impliquant conjointement plusieurs acteurs majeurs. Les actions proposées s’appuient sur des scénarios stratégiques illustrés afin de définir une politique commune de lutte contre la résistance aux antibiotiques à l’échelle nationale, européenne et mondiale.

Réduire drastiquement l’usage des antibiotiques critiques

Edith Schippers, ministre néerlandaise de la Santé, plaide pour une meilleure prévention des infections et un usage moins fréquent des antibiotiques. Elle propose également de développer de nouveaux antibiotiques et des traitements alternatifs, d’améliorer les diagnostics de façon à utiliser les antibiotiques aussi efficacement et modérément que possible. Martijn van Dam, ministre néerlandais de l’Agriculture, a quant à lui appelé à réduire drastiquement l’usage, dans l’élevage, des antibiotiques d’importance critique pour la santé publique. « La coopération ne doit pas se limiter aux secteurs de la santé humaine et de l’élevage. Elle doit également s’appliquer aux pays, car les bactéries ne se laissent pas arrêter par les frontières », souligne-t-il. Une série de réunions officielles et informelles du Conseil européen, qui rassembleront au printemps prochain les ministres de la Santé et de l’Agriculture, devrait déboucher sur des décisions concrètes. La discussion se poursuivra au cours des prochains mois au niveau européen.

La FAO également mobilisée

C’est aussi dans le cadre de cette conférence que la FAO a appelé à une action internationale face à la résistance aux antibiotiques. Dans un communiqué de presse publié le 10 février2, l’organisation a exhorté les ministres européens à aider les pays pauvres à relever le défi. « La résistance aux antimicrobiens est une menace mondiale qui ne peut pas être résolue uniquement en Europe, dans un monde de plus en plus interconnecté », insiste Maria Helena Semedo, directrice adjointe de la FAO. Il faudra relever les défis de la gestion des maladies, le changement climatique, l’urbanisation et l’intensification de la production alimentaire pour répondre aux besoins de la population mondiale croissante. L’organisation appelle à préserver non seulement la santé animale, mais aussi les moyens d’existence ruraux et la sécurité alimentaire. Elle rappelle qu’elle travaille en étroite collaboration avec l’OMS et l’OIE. ainsi qu’au plan mondial à travers les directives de salubrité alimentaire du Codex Alimentarius et ses programmes de terrain ciblés dans des dizaines de pays. Afin de réduire l’antibiorésistance, la FAO invite à des améliorations notables en matière d’hygiène, de prévention des maladies, de surveillance vétérinaire et de diagnostic, et préconise une alimentation de qualité pour améliorer la santé des animaux d’élevage et des poissons. Maria Helena Semedo souligne par ailleurs le rôle central des pratiques agricoles et des filières alimentaires pour contenir la résistance aux antibiotiques, tout en confortant l’engagement de la FAO à l’égard de l’approche “une seule santé”, qui comprend le bien-être des humains et des animaux, et la protection de l’environnement.

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