Une journée consacrée aux salmonelles en filière porcine - La Semaine Vétérinaire n° 1660 du 05/02/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1660 du 05/02/2016

CONFÉRENCE

Pratique mixte

L’ACTU

Auteur(s) : Nathalie Devos

L’Ifip et l’Anses ont coorganisé, le 21 janvier, une journée d’information sur l’actualité technique, scientifique et réglementaire en matière de maîtrise des salmonelles en filière porcine.

La journée d’information “salmonelles”, coorganisée par l’Institut du porc (Ifip) et l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), le 21 janvier dernier, était destinée à un large public (vétérinaires, organisations de producteurs, spécialistes de la nutrition animale, laboratoires, abattoirs, transformateurs, scientifiques, Administration, etc.). Elle s’est déroulée au Zoopôle de Ploufragan (Côtes-d’Armor) et en visioconférence depuis Paris, Bourg-en-Bresse (Ain) et Arzacq-Arraziguet (Pyrénées-Atlantiques). Plus d’une vingtaine de questions posées aux conférenciers ont permis d’aborder les différents enjeux des salmonelles pour la filière porcine. Focus sur quelques-unes d’entre elles.

Les enjeux de la maîtrise

Les enjeux quant à la maîtrise sont de plusieurs ordres.

- En matière de santé publique : les salmonelles figurent parmi les premières causes de toxi-infections alimentaires, comme l’a rappelé notre confrère Gilles Salvat (Anses), qui ajoute que si les œufs et les ovoproduits sont les plus incriminés, la part relative liée aux produits issus de porcs augmente ces dernières années. Par ailleurs, il met en exergue l’émergence de nouvelles souches (variant monophasique de S. Typhimurium notamment).

- Sur le plan environnemental : le risque de contamination de l’environnement via les effluents devrait être mieux évalué.

- S’ajoutent également des enjeux réglementaires (via le “paquet hygiène”) et commerciaux (exportations vers des pays tiers).

Les moyens de la maîtrise

Les moyens ne sont pas évidents à mettre en œuvre, et ce pour plusieurs raisons, comme l’a rappelé notre consœur Isabelle Corrégé (Ifip).

- Les salmonelles sont des bactéries ubiquistes, présentes partout dans l’environnement (intrants, sortants, air, aliment, eau, ventilation, véhicules, rongeurs, notamment, sont des sources de contamination), où elles y sont très résistantes (jusqu’à un an dans le sol dans des conditions favorables, par exemple). De plus, la majorité des sérotypes sont sans spécificités d’espèces.

- Par ailleurs, plusieurs sérotypes coexistent ou non, le plus souvent dans un élevage, dans le temps ou selon le stade physiologique ou la catégorie d’animaux, qui peuvent, en outre, être excréteurs intermittents.

- Enfin, les conditions d’élevage (type d’exploitations, biosécurité, nettoyage-désinfection, etc.) sont autant de facteurs de risque.

Malgré tout, des mesures de prévention peuvent contribuer à la maîtrise des salmonelles, telles que :

- agir sur l’alimentation, qui intervient sur l’équilibre de la flore digestive. Mais l’efficacité est variable selon le stade physiologique, le mode de distribution en soupe versus à sec, etc. ;

- le nettoyage et la désinfection des salles, bien que certaines études montrent que le lien est parfois inexistant entre cette pratique et la présence de salmonelles après celle-ci ;

- améliorer le statut sanitaire vis-à-vis d’autres maladies (exemple : le syndrome dysgénésique et respiratoire porcin), qui, quand il n’est pas optimal, augmente le risque “salmonelles” ;

- réfléchir au statut sanitaire des reproducteurs : des études supplémentaires seraient à mener sur le statut des reproducteurs, qui joueraient un rôle non négligeable dans la dynamique des salmonelles au sein des élevages.

Isabelle Corrégé a, en outre, soulevé deux autres questions : faut-il concentrer les efforts sur le stade sélection-multiplication ou sur l’engraissement, ou encore se focaliser uniquement sur certains sérotypes ?

Notre autre consœur Catherine Belloc (Oniris) a, pour sa part, expliqué que l’évaluation des mesures de maîtrise peut aussi passer par une approche par modélisation mathématique. Celle-ci est complémentaire des approches observationnelles et expérimentales en élevage.

Une éradication possible ?

L’éradication est illusoire, indique Gilles Salvat. En effet, contrairement aux filières avicoles, où la séparation des générations est effective, ce n’est pas le cas concernant les mammifères, dont font partie les porcs. La même efficacité, en se focalisant sur les processus d’élimination au sommet de la pyramide de production, ne peut être attendue.

Les pistes de maîtrise passent aussi par les possibilités éventuelles d’agir sur la sélection génétique fondée sur la résistance aux salmonelles, sur une meilleure application des guides de bonnes pratiques à tous les étages de la production et des mesures de prévention susmentionnées, jusqu’aux produits finis (à travers les process, notamment).

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