La Grande Odyssée Savoie Mont Blanc, au cœur de l’équipe vétérinaire - La Semaine Vétérinaire n° 1659 du 29/01/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1659 du 29/01/2016

COURSE DE CHIENS DE TRAÎNEAU

Pratique canine

L’ACTU

Auteur(s) : Charlotte Devaux

Une équipe de huit vétérinaires et quatre étudiantes s’est de nouveau mobilisée pour s’assurer de la bonne santé et du bien-être des participants à cette course de haut niveau, avec pour la première fois l’intervention d’un vétérinaire ostéopathe.

La Grande Odyssée Savoie Mont Blanc s’est achevée le 20 janvier. Comme chaque année, la course a bénéficié de l’aide d’une équipe de vétérinaires formés aux spécificités de la médecine sportive, en conditions extrêmes. La Team véto fonctionne sous forme de mini-cliniques formées de deux vétérinaires praticiens et d’une étudiante. Chaque attelage a son trio vétérinaire référent, ce qui permet un meilleur suivi. La Team véto comporte une spécialiste de médecine, un d’orthopédie, des généralistes et, nouveauté cette année, un vétérinaire ostéopathe. Ils fonctionnent en chaîne, n’hésitant pas à se référer les cas en fonction des compétences de chacun.

L’ostéopathie plébiscitée

« J’observe ici beaucoup de pathologies articulaires fonctionnelles sans lésion, notamment au niveau des antérieurs. Elles sont dues aux chocs sur le train avant dans les descentes, explique Frédéric Lanot, le vétérinaire ostéopathe sollicité pour cette édition de la Grande Odyssée. La particularité d’exercer sur la course est que les soins ostéopathiques ne pourront pas être suivis du repos préconisé habituellement, ce qui limite les techniques utilisables sans risque. La pratique doit alors s’adapter au contexte du sport de haut niveau. » Dans la Team véto, ostéopathie, médecine et orthopédie fonctionnent en synergie. Tous les vétérinaires présents, généralistes comme spécialistes, proposent aux mushers de faire réaliser des soins ostéopathiques s’ils les jugent indiqués. Les mushers prennent ensuite la décision de faire appel à l’ostéopathe ou non. La plupart du temps, ces derniers sont cependant à l’initiative des demandes de soins de cet ordre. Certains chiens sont même suivis en ostéopathie en dehors de la course. Pour les autres, l’épreuve sera l’occasion d’expliquer l’intérêt d’un suivi ostéopathique préventif.

Un arsenal thérapeutique restreint pour ne pas doper les chiens

Les contraintes liées à la compétition sont que la plupart des médicaments, comme la cortisone et les anti-inflammatoires non stéroïdiens, sont considérés comme dopants. Pour les douleurs traumatiques, il ne reste alors que l’ostéopathie, le repos et les soins de physiothérapie (application de chaud, de froid et réalisation de massages). En dehors des affections ostéo-articulaires, les pathologies les plus fréquemment retrouvées sont les diarrhées de stress, les bronchopneumonies par fausse déglutition, les vomissements en course ou dus à l’ingestion de neige et les ulcères de l’estomac. La déshydratation étant fréquente, une réunion d’information à destination des mushers a été organisée sur ce thème. Un chien de course devrait boire 4,5 litres d’eau sur 24 heures, ce qui nécessite de fractionner les prises jusque dans la nuit, mission dont est chargé le handler (assistant du musher/soigneur). En cas de déshydratation, la fluidothérapie est évitée, dans la mesure du possible, car elle peut être considérée comme dopante. Une réhydratation par voie orale est alors préférée. Quant aux diarrhées, elles sont traitées à l’aide de pansements digestifs ou de psyllium. Les antibiotiques sont autorisés et servent à traiter les plaies infectées, telles les morsures.

Lors de complication médicale importante, un repos temporaire de 24?heures reconductible peut être décidé par l’équipe vétérinaire. Si un traitement spécifique doit être mis en place, ce sera un drop définitif pour le chien concerné. Lorsque le cas est grave, comme cette année l’ingestion d’un corps étranger (extrait par endoscopie au centre hospitalier vétérinaire Saint-Martin), l’animal est référé à une clinique proche pour y recevoir les soins appropriés.

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