Évaluer l’alimentation du cheval

Pour la huitième année consécutive, les équirencontres Avef- Merial ont rassemblé, début décembre, sous l’impulsion de notre confrère Michel Pechayre, des professionnels et des amateurs, autour de thèmes tels que l’alimentation du cheval.

Le foin : connaître la qualité

La base de l’alimentation du cheval est le foin. Il est important de connaître ce qu’il contient et les conditions de stockage. « Il faut encourager le producteur à faire de la qualité. Il est bien d’avoir un échange avec lui, surtout lorsque vous avez beaucoup de chevaux à nourrir. La variabilité de la qualité est grande, en fonction des protéines, du rapport phosphocalcique, du fer », a indiqué le conférencier, Charles Barré.

Le foin de Crau est souvent considéré comme le plus riche (en calcium, notamment), mais il est possible de trouver du foin de prairie davantage calorique. Celui de Crau présente donc un avantage car, en général, il apporte plus de protéines et de calcium, mais il n’est pas obligatoirement plus riche en énergie.

Seule une analyse avec un échantillonnage cohérent offre une information pertinente sur le fourrage. Il convient de prélever des échantillons sur un nombre assez important de bottes (20). Des carottes sont réalisées avec une sonde à foin. Le coût n’est pas prohibitif (80 à 100 €), au regard du bénéfice qu’il procure.

Le bon foin est celui que les chevaux mangent, c’est le premier test à faire. C’est un foin qui est bien récolté, qui n’a pas pris la pluie. Il n’est pas poussiéreux, a été correctement et suffisamment fané. Il ne contient pas de corps étranger et son prix est raisonnable pour la région.

Les concentrés

Le choix des concentrés peut se porter sur des aliments industriels ou sur des matières premières, en fonction de « ce qui correspond à votre structure », préconise le conférencier. Il convient de se préoccuper de la densité énergétique : plus l’énergie est concentrée, plus les volumes distribués seront petits. Cela permet un ajustement, pour que le cheval n’ait pas des repas trop petits ou trop volumineux.

Les céréales. Pour faire varier la densité énergétique des céréales, plusieurs options : le concassage, l’aplatissage ou l’ajout d’eau. À l’inverse, pour augmenter la densité énergétique, il faut sortir sa bouteille d’huile…

L’avoine. Elle doit être dépoussiérée, brossée. Il convient aussi d’évaluer le poids au litre : inférieur à 500 g au litre, ce n’est pas intéressant.

L’orge. Elle doit être triée et non poussiéreuse.

Le maïs. D’utilisation plus délicate, le maïs grain ne peut pas être donné à un cheval tel quel : il faut le mouiller longuement avant. Il est possible de distribuer du maïs floconné, mais il ne peut pas être préparé à l’écurie, car la farine produite en passant du maïs dans un aplatisseur entraîne des risques de colique.

Adapter les rations

Il est nécessaire d’adapter la ration au cheval. Selon l’activité, il est possible d’établir une plage de variation de 5 à 10 unités fourragères cheval (UFC) et de faire des sauts de 0,5 UFC. La quantité de foin sera la même. Le foin est un prérequis, c’est l’aliment concentré qui s’adapte au foin et non l’inverse. « Gardez comme règle des repas qui ne sont pas inférieurs à 2 l et pas supérieurs à 4 l ». 1 kg de foin est égal à 0,5 UFC, 2 kg équivaut à 1 kg d’avoine. Sur les rations basses, le levier est majeur avec le foin. 300 ml d’huile correspondent également à 1 kg d’avoine. Pour 5 UFC, 10 kg de foin sont nécessaires. Pour augmenter la ration avec des repas cohérents, l’avoine aplatie sera préférée. En poursuivant ainsi, les 4 l vont être dépassés donc, à partir de 9,5 UFC, l’avoine entière sera utilisée.

Celui qui fixe les rations est celui qui connaît la charge de travail.

La complémentation

Si le rapport phosphocalcique est cohérent, il n’est pas forcément nécessaire de complémenter un cheval de loisirs dont l’activité est extrêmement légère. Dès que le cheval travaille, la complémentation peut permettre de voir une différence. Il existe des balancers, aliments industriels destinés à être donnés en quantités limitées et qui complètent les céréales, ou les compléments minéraux et vitaminés (CMV) classiques (en poudre ou granulés).

Choisir ou non des “correcteurs”

La luzerne déshydratée. Elle a le grand avantage d’apporter du calcium et des protéines. En fonction du foin, elle permet d’équilibrer le rapport phosphocalcique.

Le tourteau de soja. Cette protéine de qualité contient beaucoup d’acides aminés limitant. C’est la source de protéines la plus simple à trouver.

Les huiles végétales. Elles concentrent l’aliment utilisé, car elles procurent des calories sans augmenter le volume.