Missions et enjeux de la profession : osons le parallèle entre antibiothérapie et douleur

La profession vétérinaire a montré son excellence et son éthique en dépassant l’objectif des 25 % de réduction des ventes d’antibiotiques fixé par le plan Éco Antibio 2012-2017. Malgré les critiques, elle conforte ainsi sa position d’acteur essentiel et responsable de la santé animale, puisque capable, entre autres, de déconnecter le couplage prescription-délivrance d’intérêts mercantiles.

Le vétérinaire est l’expert du bien-être et de la maltraitance de l’animal : parfois contesté, insuffisamment reconnu, son rôle dans la prise en charge de la douleur apparaît cependant bien naturel (notre cœur de métier) et légitime, puisqu’inscrit dans notre Code de déontologie et dans les recommandations de l’OIE.

Le vétérinaire prescripteur responsable des anti-infectieux ou le vétérinaire professionnel garant du bien-être animal sont des évidences qui ne se décrètent pas pour autant : ces compétences doivent se cultiver et grandir par l’offre de formations différenciantes, par la mise en réseau et par des démarches de qualité.

Plus de 400 vétérinaires ont participé, depuis 2014, à des EPU traitant de la prise en charge multimodale au quotidien de la souffrance animale, associant des connaissances actualisées et des outils managériaux innovants. Fondé sur la volonté de changer le regard et la prise en charge de la douleur animale, le programme CAP douleur continue, en 2016, de guider l’équipe vétérinaire dans la mise en place de multiples savoir-faire et d’un double faire-savoir à destination du client et de la clientèle. Le niveau II de CAP douleur s’enrichit de la collaboration des enseignants Luca Zilberstein et Charly Pignon pour la maîtrise des anesthésies locorégionales et de l’analgésie des nouveaux animaux de compagnie.

La mise en réseau de compétences en analgésie améliore l’expertise par la veille scientifique partagée et la confrontation des résultats. Elle peut constituer, demain, de puissantes cohortes d’animaux douloureux (par exemple, arthrosiques), sources de recherche translationnelle inverse, c’est-à-dire partant de l’animal pour alimenter la recherche clinique et fondamentale. Les démarches de qualité et/ou de certification sont des outils pour pérenniser notre expertise douleur. Elles invitent les confrères au perfectionnement de leurs connaissances et de leurs techniques. Elles les obligent à élargir leurs compétences à l’ensemble de l’équipe soignante (confrères et ASV) pour obtenir une qualification collective attachée à la clinique vétérinaire. Charte et logo CAP douleur communiquent utilement pour réaffirmer notre prévalence analgésique sur l’émergence de nouveaux métiers paravétérinaires, surfant avec opportunité sur des préoccupations sociétales majeures, dont le bien-être animal.

Sujet universel (culturel, sociétal, philosophique, religieux, etc.), la douleur doit être appréhendée avec la vision uniciste prônée par le concept One Health : tout progrès dans la médecine profite à la santé des hommes, des animaux et à… leur bien-être commun.