La révolution numérique ne sera pas virtuelle - La Semaine Vétérinaire n° 1655 du 18/12/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1655 du 18/12/2015

Éditorialistes d’un jour

Auteur(s) : Michel Chassang

Le gouvernement a attendu le mois de novembre pour s’engager dans une politique de soutien au numérique. Il prépare un projet de loi destiné à faire émerger les nouvelles opportunités économiques issues des technologies numériques innovantes qui ont transformé nos modes de vie et sont en train de modifier l’économie de notre pays.

Certaines professions libérales ont pu établir des structures d’exercice multisites, permettant de mutualiser certaines fonctions, notamment le secrétariat, la prise de rendez-vous, le partage des ressources documentaires et le travail collaboratif. Dans le secteur de la santé, c’est aussi le développement de la télésanté et de la télé-expertise, des relations dématérialisées avec les financeurs, notamment les caisses d’assurance maladie et les complémentaires santé.

Cette évolution couplée aux comportements et aux besoins des utilisateurs, toujours connectés et plus exigeants, conduit à l’émergence de nouveaux modèles pour répondre encore mieux à la demande. Si ce mouvement est globalement positif pour les professionnels libéraux, en revanche, il faut prendre garde aux dérives, toujours possibles, et anticiper ses conséquences sur notre système social.

Le numérique ne doit pas entraîner la précarisation des professions via une “ubérisation” active. Ce phénomène touche tous les secteurs, et notamment les professions libérales : aujourd’hui, les domaines du droit, de la santé et des assurances sont déjà impactés, d’autres suivront.

La volonté de dérégulation et d’ouverture de certaines activités, notamment des activités libérales, réglementées, poussée par les instances européennes, pose de nombreuses questions en termes de redistribution des tâches, de responsabilités et de garanties apportées aux consommateurs. L’utilisation des nouvelles technologies numériques ne doit pas se réduire à une approche économique “pure et dure”.

Des garanties et réglementations sont nécessaires pour protéger les consommateurs et éviter la “paupérisation” des indépendants. Le sort est ironique. Bercy qui voulait, en 2015, déréglementer les professions libérales va devoir faire un virage sur l’aile, un an plus tard, pour répondre aux légitimes exigences des consommateurs et des professionnels.

Il sera aussi utile de modifier le cadre fiscal et notamment les règles d’amortissement des outils informatiques pour favoriser l’investissement dans ce domaine et pour que ces règles deviennent conformes à la durée limitée de vie d’un matériel à obsolescence inéluctable qui ne cesse d’évoluer. Pour de nombreuses professions libérales, ces équipements technologiques constituent un investissement productif, au même titre qu’autrefois la robotique pour l’industrie.

Enfin, la question de la fracture numérique reste posée, car si notre pays est en avance en termes d’infrastructures, tous les territoires n’ont pas été équipés au même rythme et ne bénéficient pas tous de conditions tarifaires équitables. Il est urgent d’intervenir à ce niveau pour éviter d’aggraver la fracture territoriale.

L’Unapl est évidemment favorable à la révolution numérique, qui d’ailleurs a déjà commencé, mais des garanties sont nécessaires. De nouveaux modèles sont à construire qui donneront une chance immense aux professions libérales de progresser. Bien utilisé et mis en œuvre, le numérique peut faire prospérer les entreprises libérales, développer leurs activités, permettre de mieux travailler. De nouvelles formes d’organisation se développent déjà, avec du travail à distance, permettant la mise en place d’équipes réparties sur l’ensemble du territoire.

Pour autant, le grand danger de ce virage numérique réside dans la dérégulation massive du travail, avec le remplacement des salariés par des professionnels indépendants free-lance, pseudo-salariés, salariés déguisés, ou des professions indépendantes pieds et poings liés aux entreprises faisant appel à eux. L’émergence de professionnels indépendants dépourvus de tout statut et sans protection sociale digne de ce nom est l’écueil à éviter. Si la loi Macron 1 était une loi de déréglementation, la future loi Macron 2 sur le numérique devra proposer de nouvelles réglementations.

Michel Chassang est médecin et préside l’Union nationale des professions libérales (Unapl) pour un mandat de trois ans (depuis 2013). Il défend les professions réglementées auprès du gouvernement, à l’heure des réformes et de la transition numérique, et rappelle le rôle des entreprises libérales, qui représentent un gisement d’emplois.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr