J’espère que le Vendée Globe 2016 sera celui de la vague parfaite - La Semaine Vétérinaire n° 1655 du 18/12/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1655 du 18/12/2015

Éditorialistes d’un jour

Auteur(s) : Jean-Pierre Dick*, Clarisse Burger**

Être sportif de haut niveau tout en gardant son identité vétérinaire, c’est visiblement possible. Comment l’expliquez-vous ?

C’est un état d’esprit, une capacité intellectuelle qu’on ne perd pas, même si l’on n’est pas au quotidien dans le monde de la santé animale. Il existe une logique équivalente pour arriver à réaliser un projet de course au large. Une démarche pour traiter les problématiques, la capacité à travailler, à entreprendre, la détermination, le dépassement de soi sont autant d’éléments appris à l’école vétérinaire qui vous permettent de gagner. On se construit à partir de là, pour poursuivre son parcours, pour appréhender la compétition de voile de haut niveau. En 2002, j’ai considéré que ce rêve de participer à cette épreuve constituait un énorme challenge et j’ai alors imaginé “saucissonner” les différents éléments qui me permettraient de relever ce défi. C’est en regardant des vidéos de la course, mais aussi en interrogeant les skippers passés que j’ai sélectionné les sujets clés de cette épreuve et recruté une équipe de spécialistes qui pourraient m’aider dans leurs domaines d’excellence (navigation hauturière, sport, mental, etc.). Cette démarche un peu scolaire m’a permis de constituer les bases, puis j’ai compris qu’il fallait aussi mettre un peu d’intuition et de logique floue dans tout cela. Le contact avec Loïck Peyron m’a fait toucher du doigt tout cela, lors de la Transat Jacques-Vabre 2003 que nous avons remportée ensemble. J’ai ensuite multiplié les navigations, engrangé de l’expérience dans différentes courses et participé à mon premier Vendée Globe en 2004.

Vous parlez d’innovation dans votre discipline. Quelle est-elle actuellement ?

Dans mes projets, j’ai toujours eu des éléments innovants, à bord de mes prototypes de course. Le travail que nous avons effectué avec les architectes et mon équipe technique m’a permis de gagner des courses, de continuer à me lancer dans les compétitions suivantes, avec Virbac également. Je pense également avoir apporté ma pierre à l’édifice de Virbac, en contribuant à la notoriété et au développement du groupe au travers de ce projet de compétition de course au large. C’est un beau projet que porte l’entreprise que je défends au travers de la course. Et c’est une fierté d’avoir Virbac à mes côtés depuis 2001. Nous avons créé une histoire forte ensemble, partagée avec les vétérinaires.

Dans mon parcours, je retrouve toujours le côté innovant, notamment dans la conception de prototypes. À chaque Vendée Globe, nous avons construit un nouveau bateau, car c’est dans l’ADN de l’équipe d’imaginer et de développer des prototypes.

La Transat Jacques-Vabre?2015 en double était la première course à bord du nouveau bateau St Michel-Virbac (mis à l’eau en septembre dernier), avec pour objectifs de tirer des enseignements sur ce nouveau monocoque (classe Imoca, 18,28 m) et d’en améliorer les performances.

Par exemple, la plus grande innovation cette année est l’apparition de foils, des appendices qui permettent de soulever la coque du bateau au-dessus de l’eau et, par conséquent, d’aller plus vite, de “voler” ! C’est une technique utilisée pour la première fois lors d’une course au large, autour du monde.

Sur un de mes précédents bateaux, nous avions mis en place un système (des volets ou trim en anglais) pour contrôler et réguler l’assiette du bateau et pour en améliorer les performances.

Nous essayons toujours d’avoir un temps d’avance, comme le fait le laboratoire Virbac avec les dernières molécules et les formes galéniques innovantes !

De quelle manière le monde vétérinaire vous suit encore aujourd’hui dans ce monde de compétition de voile ?

Les vétérinaires sont des personnes avec une forte culture de terrain et un timing important à gérer, comme c’est le cas pour la conception d’un bateau. La formation vétérinaire est pragmatique. Je ne regrette pas de l’avoir choisie, même si aujourd’hui je ne suis pas praticien. Je suis très fier d’appartenir à cette profession. Nous nous comprenons à demi-mot quand on se rencontre à bord. Deux vétérinaires se comprennent tout de suite. Pragmatisme, sérieux, scientifique sont les maîtres mots qui reviennent pour les vétérinaires. Lors d’une course, on rencontre de nombreux animaux en mer, qu’on ne soigne pas beaucoup. Nous essayons de ne pas blesser des cétacés que nous croisons, les baleines et les dauphins notamment. Ce sont toujours des moments magiques d’être accompagné par de majestueux dauphins, des albatros, etc.

Quels sont vos objectifs à l’avenir ?

Je me concentre sur le défi du Vendée Globe?2016. Le départ est le 6?novembre, aux Sables-d’Olonne. Ce sera mon quatrième. J’espère qu’il sera celui de la vague parfaite. Le Vendée Globe, c’est mon Graal ! Le cap des 50 ans [Jean-Pierre Dick a eu 50 ans en octobre, NDLR] pour un marin, c’est forcément un challenge, d’autant plus que la jeune génération de skippers arrive ! Je me focalise sur cet objectif, qui nécessite une bonne préparation physique, technique mais aussi une bonne gestion de soi (sommeil, nourriture) et une connaissance de la météo. Le bateau St Michel-Virbac est actuellement en chantier à Lorient pour renforcer la structure endommagée lors de la Transat Jacques-Vabre. Pour combler l’absence de navigation depuis la mise à l’eau, nous envisageons un programme intensif d’entraînement cet hiver. Nous participerons ensuite à la transat anglaise, Plymouth-New York, avec un départ le 2 mai 2016 et la course retour entre New York et Les Sables-d’Olonne, avec un départ le 29 mai. L’objectif est de naviguer au maximum pour être compétitif sur le prochain Vendée Globe.

L’an prochain, je participerai à mon quatrième tour du monde en solitaire avec la volonté de porter les couleurs du St Michel-Virbac sur la plus haute marche du podium.

Jean-Pierre Dick (A 91) a changé de vie en 2001. Après avoir travaillé dans l’industrie de la santé animale, il a décidé de se consacrer à sa passion pour la voile. Mais le skipper conserve ses attaches avec le monde vétérinaire, rappelant d’ailleurs que sa formation lui a apporté « les compétences utiles à l’acquisition rapide d’informations scientifiques et techniques ». Il compte aujourd’hui cinq victoires majeures en dix ans dans la course au large en monocoque, dont trois dans la Transat Jacques-Vabre et deux à la Barcelona World Race, et a été élu marin de l’année 2011. En septembre 2015, il a mis à l’eau son nouveau monocoque, l’Imoca St Michel-Virbac.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr