« Nous avons beaucoup à apprendre de nos confrères du Maghreb » - La Semaine Vétérinaire n° 1654 du 11/12/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1654 du 11/12/2015

PROFESSION

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Auteur(s) : Guy Joncour

J’ai participé, les 21 et 22 octobre 2015, en compagnie de Jean-Marie Nicol, Jean-Louis Poncelet et Christophe Brard au premier congrès du GTV algérien1 de Tlemcen. Chacun en connaît le site Vétofocus. Et de nombreux participants y collaborent. Non des moindres.

Nous avons été très impressionnés par la compétence, l’humanité confraternelle et la convivialité de nos consœurs et de nos confrères algériens. Je voulais le rappeler ici. Mes contacts avec les Tunisiens et avec les Maghrébins en général m’avaient fourni quelques certitudes : j’avais déjà participé au 25e congrès maghrébin vétérinaire de 2008, à Alger. Mais ce n’était pas un hasard si, lors de mon passage à Alfort, de 1970 à 1974, notre équipe de football, pour le match annuel “Bretagne-Reste du monde”, comportait aussi des étudiants algériens, marocains et tunisiens. Régionalisme ? Cultures et esprits bien trempés ? Isolements ethniques ?

Une évidence : bien que les écoles vétérinaires produisent trop de diplômés et… de confrères chômeurs (en particulier, en comparaison avec ceux produits par nos excellents collègues tunisiens de Sidi Thabet), je voulais insister sur le fait que j’ai rencontré des confrères qui ne dépareraient pas dans notre milieu rural. “On” devrait y penser sérieusement, pour l’avenir des vétos français : le réseau d’épidémiosurveillance informel des vétérinaires de campagne français, avec ses 3 500 membres répartis sur le territoire, est bien mité. La relève ne se presse pas face aux annonces de confrères demandeurs d’assistants, de collaborateurs ou de “repreneurs de clientèle”. Sans alarmisme inutile, je ne suis pas très optimiste quant à l’avenir de la profession vétérinaire en France, dont je ne sous-estime pourtant pas les qualités adaptatives : mes 40 ans d’activité en campagne m’ont appris cette qualité “vétérinaire”. Quel dommage qu’il n’y ait pas d’équivalence diplôme maghrébin-diplôme de l’Union européenne ! Nous avons reçu des stagiaires tunisiens qui auraient fait honneur à la pratique en Centre-Bretagne et rendu service à la ruralité.

Le manque de moyens logistiques leur a fait développer des outils étonnamment pragmatiques et efficaces, sur les plans matériel et intellectuel. En partage. Nous avons beaucoup appris à leurs côtés. Y compris le rappel de nos “fondamentaux”. Ce n’est pas Christophe Brard, le président de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV), qui nous contredirait : notre société œuvre activement pour ces échanges. Certains professeurs des écoles vétérinaires aussi. Et je pense ici à Jeanne Brugère-Picoux, en particulier. Mais aussi à notre confrère et compatriote trégorrois Eugène Goater, un de nos meilleurs vétérinaires “aviaires”, qui a tant enseigné au Maghreb (ils étaient aussi à Alger en 2008).

Les actualités sanitaires démontrent que nos connaissances ne sont pas encore comblées, à leurs côtés (par exemple, si l’on considère leurs acquis concernant des émergences potentielles en fonction des modifications attendues du climat, du type peste des petits ruminants). La coopération devrait être “à deux sens” (elle l’est déjà, au sein de l’Organisation mondiale de la santé animale [OIE] à laquelle Bernard Vallat doit tant).

Je suis parti, pensant diffuser mes quelques connaissances et partager. En fait, j’ai beaucoup appris et je suis prêt à repartir au Maghreb. De toute façon, ils font déjà du très bon travail dans le “bled” et nous devrions parfois les imiter…

Confraternellement.

Inch’Allah.

  • 1 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1650 du 13/11/2015, page 35.

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