Le bien-être animal, une prise de conscience salutaire - La Semaine Vétérinaire n° 1654 du 11/12/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1654 du 11/12/2015

STATUT DE L’ANIMAL

Actu

Auteur(s) : Anne-Claire Gagnon

La Cité des sciences et de l’industrie, à Paris, organise, en cette fin d’année, un cycle de conférences intitulé « Révolutions animales, de la science au droit ».

Plusieurs acteurs du monde animal étaient réunis le 21 novembre pour des conférences et des débats à la Cité des sciences et de l’industrie, à Paris, comme notre confrère Jean-Pierre Kieffer, président de l’Œuvre d’assistance aux bêtes d’abattoirs (OABA), Donald M. Broom, professeur émérite de l’université de Cambridge, et Raphaël Larrère, de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), autour de la thématique « Le bien-être des animaux, une prise de conscience ? ».

Donald M. Broom a placé d’emblée les auditeurs dans la réalité des travaux sur la cognition animale. Oui, la notion de conscience existe chez la plupart des animaux, avec notamment la sentience, c’est-à-dire la capacité d’avoir des sentiments, une dimension à laquelle accèdent les humains, ainsi que tous les vertébrés, mais également quelques céphalopodes et crustacés. Au royaume des émotions, l’homme n’est donc pas seul ! La sentience sous-tend un niveau de mémoire, de cognition et des capacités de conscience.

Cognition animale : une réalité patente

L’analyse des réactions d’un mouton à la vision d’images d’humains et de congénères montre une activation des structures cérébrales pour tous les clichés, avec des préférences pour ceux de certains moutons, traduisant des affinités. Chez le veau, l’équipe de Hagen K. et Broom D. M. a montré l’existence d’une réaction émotionnelle – le célèbre “eurekâ” – lorsque l’animal réussit une tâche compliquée. Les porcs sont également capables d’utiliser les informations acquises avec un miroir, qui ne les leurre pas.

Le bien-être animal se définit comme un état dynamique permettant de faire face aux agressions ou aux provocations environnementales. Il nous appartient, dès lors, de protéger tous les animaux sentients, tâche sur laquelle est revenu Jean-Pierre Kieffer, président de l’OABA dont une des missions est de contrôler les conditions d’abattage au sein des abattoirs. Or il est actuellement moins facile de visiter un abattoir qu’une centrale nucléaire. L’OABA alerte régulièrement les pouvoirs publics sur les dysfonctionnements constatés.

Repenser les techniques d’élevage

Raphaël Larrère, ancien directeur de recherche à l’Inra et auteur de l’ouvrage Penser et agir avec la nature, a retracé le parcours qui a amené les scientifiques à envisager la douleur de l’animal, ainsi que, désormais, sa souffrance, et à ne plus considérer le bien-être comme la seule absence de souffrances et de stress, mais comme l’expression des comportements propres à l’espèce, voire à la réalisation de ses aspirations.

Le programme de recherche Agri Bien-être animal de l’Inra, qui mesurait les émotions négatives des animaux de boucherie en élevage industriel, tente aujourd’hui de mesurer leur qualité de vie et leurs émotions positives. Pour Raphaël Larrère, il est important de réfléchir, voire d’inventer des élevages adaptés aux comportements des animaux et respectueux de l’agroécologie. Actuellement, le budget énergétique des élevages industriels (fabrication d’aliments et transport des animaux) est tout simplement déplorable. Reste que, comme l’a souligné sans détour Raphaël Larrère, le problème, c’est de tuer. Avec l’élevage d’animaux sentients, l’issue finale de mise à mort paraît bien complexe.

La possibilité d’une véritable loi ?

Jean-Pierre Kieffer a précisé que l’OABA n’était pas opposée à l’abattage rituel, lorsqu’il est pratiqué avec étourdissement (ce qui est le cas en Indonésie, par exemple). Mais l’OABA est contre l’abattage sans étourdissement, réalisé de façon majoritaire dans de trop nombreux abattoirs français, pour des raisons bassement économiques. Le consommateur est actuellement dans l’impossibilité de faire un choix éclairé des produits qu’il achète ; c’est la raison pour laquelle l’OABA milite pour un étiquetage stipulant le mode d’élevage (naturel ou hors-sol, donc traditionnel ou industriel) et le mode d’abattage (avec ou sans étourdissement).

La France n’a jamais engagé de véritable débat parlementaire sur les conditions de mise à mort des animaux de rente.

Nos confrères Geneviève Gaillard (députée des Deux-Sèvres) et Jacques Lamblin (député de Meurthe-et-Moselle) devraient présenter rapidement une proposition de loi, pour laquelle chaque citoyen est appelé à mobiliser son député et son sénateur.

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