Les services de téléradiologie

La téléradiologie vétérinaire a vu le jour aux États-Unis à la fin des années 1990. Durant la première décennie, les offres ont évolué et se sont organisées autour des systèmes numériques et d’Internet. En France, leur naissance s’est faite en même temps que la démocratisation des scanners, à la fin des années 2000. Paul Barthez fut l’un des pionniers de l’imagerie médicale en France et a été régulièrement sollicité pour procéder à l’interprétation d’examens ou pour un second avis. Devant cette demande croissante, il a créé Vedim, la première plateforme de téléradiologie à voir le jour en Europe. Aujourd’hui, d’autres prestataires sont venus renforcer le marché, qu’il s’agisse de sociétés dédiées, comme Vetpixel, ou de services attachés à des cliniques, par exemple, le centre Azurvet à Cagnes-sur-mer (Alpes-Maritimes), la clinique Alliance de Bordeaux (Gironde) ou le CHV Frégis à Arcueil (Val-de-Marne).

Un service valorisant l’examen radiographique

« Au moins trois ans sont nécessaires pour former un radiologue. Or dans les écoles nationales vétérinaires françaises, les étudiants reçoivent environ 30 heures de formation théorique, ce qui ne permet d’acquérir que les rudiments, explique Franck Durieux, qui effectue des prestations de téléradiologie au sein de Vedim. Un très grand nombre de praticiens sous-estiment toutes les potentialités permises par la radiographie. Une interprétation externalisée des clichés apporte un second avis, un compte rendu formalisé, ce qui valorise l’examen radiologique auprès du client ! Il y a beaucoup à gagner à avoir un second avis sur ses examens radiographiques. Un exemple parlant, tiré de la médecine humaine, concerne le dépistage du cancer du sein : doubler les lectures des mammographies a permis de réduire de 40 % les erreurs diagnostiques. » Environ 95 % des demandes adressées à la société Vedim concernent des lectures d’imagerie en coupe (scanner, imagerie par résonance magnétique). « Aux États-Unis, cette proportion est inversée. Les plateformes lisent essentiellement des radiographies : les praticiens veulent tirer le maximum d’informations d’une image, éviter les erreurs, poursuit-il. Pour la radiographie, les interprétations les plus plébiscitées en canine sont les clichés de thorax et de lésions osseuses complexes, non comprises. En équine, elles concernent surtout des rachis cervicaux, des tarses, des boulets, des têtes. En nouveaux animaux de compagnie, nous recevons essentiellement des clichés de lapins, dont les motifs de consultation sont des problèmes dentaires, ophtalmologiques, respiratoires ou neurologiques. » Chez Vetpixel, la majorité des demandes portent également sur les lectures en coupe. Concernant les radiographies, celles de thorax (pour des screening de chiens âgés, des bilans d’extension ou avant une intervention chirurgicale, afin de déceler une éventuelle anomalie cardiaque qui pourrait compliquer l’anesthésie) sont les plus recherchées, indique Yseult Baeumlin, cofondatrice de la société.

Un coût à intégrer dans le cadre d’une prescription raisonnée

Ces prestations ont, bien entendu, un coût. Par exemple, chez Vetpixel, un forfait de 20 à 40 € est appliqué par examen radiographique. Un souci pour les praticiens ? « La culpabilité de faire monter la note du client est un éternel problème en médecine vétérinaire ! Il faut être à l’aise avec ses tarifs, conseille Franck Durieux. Si la proposition émane d’une prescription raisonnée, le propriétaire pourra donner son consentement éclairé et accepter, selon ses choix financiers, le coût d’une seconde lecture par un radiologue. Les mentalités évoluent, et les propriétaires sont davantage enclins à offrir des soins de qualité à leurs animaux. Une solution peut être de mutualiser le coût des lectures externalisées. Le vétérinaire se fixe un budget mensuel qu’il veut attribuer à la téléradiologie et détermine le coût supplémentaire par examen radiologique. Cela permet de recourir à un spécialiste en cas de doute sur un cas, sans avoir à présenter de frais supplémentaires au propriétaire. »

« Un nouveau maillon de la chaîne de soins »

Ce type de plateforme permet enfin d’aller au-delà de l’interprétation des clichés. « Parfois, nos clients sont surpris, car nous leur signalons des clichés de mauvaise qualité, des radios bruitées. Nous les incitons alors à appeler leur distributeur pour régler leur matériel. Nous conseillons aussi pour le matériel, les incidences à choisir. Nous sommes en collaboration étroite avec notre client. Notre service permet à toute clinique de compter un radiologue dans son équipe !, poursuit Franck Durieux.

« Le développement de la téléradiologie dans les années à venir sera d’une grande aide dans le cadre de l’amélioration de la qualité des soins prodigués. Avec la multiplication des offres de service de téléradiologie et la grande facilité d’utilisation, on peut s’attendre à voir cette discipline comme un nouveau maillon essentiel des cliniques et des cabinets vétérinaires », conclut-il.