Focus sur la fibrillation auriculaire chez le cheval

La fibrillation auriculaire (FA) est l’arythmie cardiaque la plus fréquente chez le cheval (prévalence de 0,5 %) et se manifeste cliniquement de façon très variée. L’animal peut ne présenter aucun signe clinique ou avoir une baisse de performance, un collapsus, de l’épistaxis, etc.

La FA se reconnaît à l’auscultation cardiaque par un rythme irrégulièrement irrégulier, le diagnostic final se faisant au moyen d’un électrocardiogramme (ECG) qui révèle l’absence d’ondes P et la présence d’ondes F (ondes de fibrillation, ECG 1).

Un tonus vagal important, une oreillette de grande taille et une période réfractaire courte par rapport à la taille de l’oreillette font de cette dernière le lieu privilégié pour la survenue d’une FA isolée et persistante. Grand cheval = grand cœur = grande oreillette, et donc terrain propice à la survenue d’une FA.

Dans certains cas, celle-ci est de courte durée et se termine spontanément au bout de 24 à 48 heures. Il s’agit d’une FA paroxystique.

Quels sont les facteurs pronostiques d’une fibrillation auriculaire ?

Les points clés du pronostic et de la décision de traitement de la FA sont :

– La fréquence cardiaque. Une fréquence cardiaque augmentée au repos (> 60-70 bpm) n’est pas de bon pronostic.

– Des anomalies cardiaques sous-jacentes. Des lésions significatives à l’échocardiographie telles que des régurgitations valvulaires modérées à sévères, une malformation cardiaque comme une communication interventriculaire, une fonction systolique du ventricule gauche réduite et une cardiomégalie modérée à sévère ne signent pas non plus un bon pronostic.

– Moment d’apparition de la FA (récente ou non). Une FA persistante (plus de3 mois) ou récurrente (récidive à la suite de traitements) doit également alerter.

Quels traitements ?

Le traitement de la FA peut se faire par cardioversion électrique ou médicale et est recommandé lorsque le cheval présente :

– une fréquence cardiaque normale au repos,

– pas d’anomalie cardiaque sous-jacente,

– une durée d’apparition de la FA inférieure à 3 mois.

La cardioversion électrique est pratiquée en Europe à l’université de Gand (Belgique) depuis 1998. Une récente communication de son équipe1 met en évidence un taux de réussite de 98 %, avec toutefois un taux de récidive à court ou moyen terme de 35 % environ. Aujourd’hui, d’autres universités en Europe pratiquent également la cardioversion électrique : Hanovre en Allemagne, Zurich en Suisse, Édimbourg en Écosse, pour un coût uniforme entre ces universités autour de 2 000 €.

La cardioversion médicale se fait principalement avec du sulfate de quinidine per os (PO) ou du gluconate de quinidine par voie intraveineuse (IV).

D’autres molécules peuvent être utilisées, mais avec moins de succès, comme l’amiodarone (IV ou PO). La flécaïnide a également été testée chez le cheval, mais est proscrite car son administration par voie orale peut entraîner des morts subites.

Si, pour diverses raisons (financières notamment), il est choisi de ne pas défibriller le cheval mais de continuer à le monter, il est très fortement recommandé :

1 - de ne pas le soumettre à un exercice intense,

2 - d’effectuer un ECG à l’exercice et de vérifier :

– le tracé de l’ECG afin de détecter la présence éventuelle d’autres arythmies,

– la fréquence cardiaque du cheval au cours des différentes phases de l’exercice?(pas, trot, galop), afin de mettre en évidence toute tachycardie à ces différentes allures.

La FA est considérée comme un risque potentiel lorsque la fréquence cardiaque maximale est supérieure à 220 bpm ou si un rythme anormal ventriculaire apparaît au cours de l’exercice (ECG 2).

Un cheval atteint d’une FA devrait être monté par une personne informée et consciente du problème de l’animal, ainsi que du risque potentiel.

Les équidés présentant une FA et une affection cardiaque sous-jacente doivent être mis au repos et sous traitement de support. La digoxine peut être intéressante dans ces cas, afin de limiter une réponse ventriculaire rapide. Des cas cliniques rapportés suggèrent que les chevaux peuvent bénéficier d’un traitement avec des inhibiteurs de l’angiotensine, mais il n’existe néanmoins pas de données objectives à ce sujet.

• 1 De Clercq et coll., 2015, journées Avef.