Une consœur victime d’un lynchage en règle sur les réseaux sociaux

Quand l’un de ses clients habituels lui apporte un border collie de 7 mois, le jeudi 12 novembre, Marianne Van den Plas est loin d’imaginer l’enfer qu’elle va vivre pendant une semaine… Ce client lui avait déjà demandé conseil, par téléphone, pour savoir ce qu’il pouvait faire d’un animal agressif, inapprochable, pinçant enfants et autres animaux. L’une de ses locataires le lui avait donné pour ces raisons, et il pensait qu’avec plus d’espace chez lui, l’animal se calmerait. Mais rien n’y avait fait, et aucune association de protection des animaux n’avait accepté de le prendre. La seule porte restant ouverte conduisait à son euthanasie, laquelle fut actée et rémunérée.

C’est alors que la locataire du client de Marianne Van den Plas imagine une sordide histoire de vol, sur laquelle elle revient rapidement, et d’euthanasie de son chien. Sans doute escompte-t-elle, en engageant une procédure contre son propriétaire, lui présenter l’addition de différends qu’elle aurait avec lui. Le post qu’elle publie sur sa page Facebook se veut des plus larmoyants, avec une tragique histoire racontée par son chien, à la première personne, victime de la barbarie des humains qui l’ont assassiné ! Il n’en fallait pas plus pour que des ultras de la protection animale relaient cette désinformation, dans une page Facebook, en la complétant avec les coordonnées du cabinet de la praticienne incriminée.

La profession interpellée

Il s’ensuit dès lors, pour Marianne Van den Plas, un déchaînement de violence haineuse sur les réseaux sociaux. Le post diffamatoire est partagé 12 000 fois en quelques jours ; un commando tague et dégrade son cabinet, avec des photos publiées sur la page Facebook de l’action militante. Elle porte plainte mais subit, pendant une semaine, un véritable harcèlement téléphonique, souvent des plus orduriers. Heureusement, la mobilisation s’organise chez ses confrères, à l’initiative d’Éric Jouanen, qui crée une page de soutien sur Facebook et sensibilise tous les groupes vétérinaires fermés : « C’est une chance que Marianne ne se laisse pas impressionner. Qu’en serait-il d’un confrère plus fragile ? Une consœur de Pau a vécu récemment ce même type de situation. Nous devons réagir collectivement. »

Et Marianne Van den Plas de s’interroger sur ce qu’il convient de faire en pareil cas : « Les associations qui se sont déchaînées contre moi sont-elles capables d’utiliser leur énergie pour prendre en charge ces animaux ? Si elles en sont d’accord, qu’elles le disent et l’assument pleinement. » Dans les groupes de discussion vétérinaires fermés, la profession est interpellée, à travers ses relais institutionnels. Le cas de Marianne exacerbe une forme de grogne. « De plus en plus de vétérinaires se sentent un peu laissés pour compte. Nous ne percevons pas le soutien de notre profession qui n’a su se mobiliser qu’une fois, en novembre 2013. Nous demandons qu’elle ne reste pas en retrait, au regard des évolutions de notre métier qu’elle subit davantage qu’elle n’anticipe. Nous voulons qu’elle ait une image plus présente à l’extérieur », soutient Éric Jouanen.