Le paysage vétérinaire européen à la loupe - La Semaine Vétérinaire n° 1652 du 27/11/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1652 du 27/11/2015

ASSEMBLÉES GÉNÉRALES UEVP-FVE

Actu

Auteur(s) : Karin de Lange

Les résultats de différentes enquêtes ont été dévoilés par l’UEVP et la FVE, apportant des éclairages sur l’évolution de la profession en Europe, en ce qui concerne notamment l’image véhiculée, le développement des structures et les préoccupations de terrain.

La Fédération vétérinaire européenne (FVE) et l’une de ses sections, l’Union européenne des vétérinaires praticiens (UEVP), ont réuni leurs membres pour leurs assemblées générales à Bruxelles (Belgique), mi-novembre. L’occasion de mettre en avant plusieurs tendances dans le secteur.

Le poids du physique

« Le capital érotique dans la vie professionnelle » était l’intitulé de la présentation de Marie Modal, déléguée norvégienne à l’assemblée générale de l’UEVP, le 12?novembre. Avec son enquête (thèse de master) réalisée en ligne, elle a cherché à évaluer à quel degré l’attraction physique d’un individu influence les attentes concernant son salaire et sa position professionnelle. Des photos d’hommes et de femmes, plus ou moins physiquement attrayants, dans des contextes professionnels différents (“santé”, “entreprise”, “secteur industriel”), ont été montrées à de jeunes collégiens, qui devaient répondre à quelques questions. Ainsi, les personnes des deux sexes avantagées physiquement ont été perçues comme gagnant plus. En revanche, les femmes attrayantes du secteur de la santé étaient présumées avoir un salaire moindre et ne pas exercer de fonction d’encadrement. Le sexe des répondants eux-mêmes n’a pas eu d’incidence sur les réponses. En d’autres termes, les filles s’attendaient aussi à ce que les jolies femmes du secteur de la santé soient moins payées. « C’est inquiétant, en particulier au vu du nombre croissant de jeunes consœurs qui rejoignent la profession, car cela pourrait mener à une discrimination sur le lieu du travail. » Et d’ajouter que « cela pourrait vouloir dire également que le public s’attend inconsciemment à des tarifs plus bas avec des femmes vétérinaires ».

L’estime de soi

Le degré d’estime de soi et l’image que l’on projette ont également été discutés lors de cette assemblée. Bob Carrière (Pays-Bas), vice-président de l’UEVP, a cité quelques données de l’enquête de la FVE de 2014 : « Une moyenne de 25 % des vétérinaires estiment qu’ils sont mal ou très mal vus par leurs clients, quand 36 % ont cette impression vis-à-vis du grand public. Avec environ 30 % de “neutres” dans chacune de ces deux catégories, cela pourrait suggérer que beaucoup de vétérinaires sont malheureux en Europe. » Ceux qui se considèrent les plus mal vus habitent en Bulgarie, en Italie et en Serbie et « les mieux appréciés » au Danemark, en Finlande et en Suède. La France s’en sort plutôt bien, avec 70 % de praticiens s’estimant bien ou très bien vus par leurs clients et par le grand public.

Les joint-ventures et les franchises

Une enquête sur la pénétration des cliniques de types joint-ventures et franchises a révélé que 17 pays européens ont désormais de telles structures, même si les entreprises avec plus de 15 sites ne sont présentes que dans six d’entre eux, souligne Kenelm Lewis (Royaume-Uni), secrétaire général de l’UEVP. Dans trois pays (Allemagne, Pays-Bas, Royaume-Uni), les franchises sont limitées au territoire national, tandis que les enseignes Evidensia et Anicura opèrent en Norvège, en Suède et en Finlande. La pénétration des corporate practices était la plus élevée en Suède et en Finlande, avec quelque 60 % des cliniques. La plupart sont des franchises “douces”, offrant une grande liberté clinique pour leurs employés vétérinaires, mais souvent avec un temps de consultation imposé (5 ou 10 minutes). Dans la plupart des cas, ces entreprises visent à incorporer des cliniques et des hôpitaux d’animaux de compagnie ; certaines se focalisent sur les centres de référés. Même si ces structures ont un nombre d’avantages évidents (moins de gestion, plus grande sécurité et flexibilité d’emploi, formation payée et encouragée), elles sont ressenties comme une menace pour les cliniques privées, à cause de leur tarification plus compétitive.

Les bactéries et les stratégies alternatives

« Les bactéries gagneront toujours, il faut les traiter avec du respect », a rappelé Henning Sørum (Norvège), professeur en bactériologie à la faculté de médecine vétérinaire et de biosciences d’Oslo, lors de sa présentation sur les gènes de résistance antimicrobienne et leur transmission. Citant diverses études, il a démontré comment la « toile mondiale de génétique bactérienne » a permis la diffusion de résistance vers la faune sauvage et l’environnement. Une de ces études, sur la présence de gènes résistants dans les fientes des mouettes le long du littoral européen, avait montré que le taux de gènes résistants (Β-lactamases à spectre étendu ou BLSE) était plus élevé dans les pays avec un taux de résistance supérieur parmi les animaux de rente. Selon Henning Sørum, la meilleure marche à suivre pour restreindre la résistance est le soutien du système immunitaire, l’évitement du stress et un usage des antibiotiques limité au cas d’infections aiguës, primaires, qui ne peuvent pas être gérées autrement. Pour les infections bactériennes chroniques, comme en dermatologie, le professeur préconise « davantage de recherche pour développer des stratégies alternatives », comme la vaccination et l’immunostimulation.

La disponibilité des médicaments

L’antibiorésistance ainsi que d’autres sujets “médicaments” (aquaculture, disponibilité de la kétamine, aliments médicamenteux, etc.) étaient aussi à l’ordre du jour de l’assemblée générale de la FVE, qui s’est tenue les 13 et 14 novembre. L’ordonnance vétérinaire, qui doit être réservée aux vétérinaires et non être confiée à d’autres « personnes qualifiées », est l’une des priorités de la FVE, selon Rens van Dobbenburgh (Pays-Bas), son vice-président, à la tête du groupe de travail sur le médicament vétérinaire de la fédération. Parmi les autres objectifs phares : l’usage métaphylactique d’antibiotiques, une plus grande flexibilité de la cascade et un encadrement plus strict de la vente par Internet. La FVE avait également lancé une enquête européenne1 sur la pharmacovigilance, qui se terminera fin décembre. Plus de 2 500 réponses ont été reçues à ce jour.

La consommation d’insectes

Un nouveau domaine professionnel potentiel a été mis en avant par Bob Carrière, qui présentait le compte rendu d’une conférence sur les insectes comme source de protéines, organisée par la KNMvD (société vétérinaire néerlandaise), en collaboration avec la FVE. « La production d’insectes pour les matières premières pour alimentation animale et humaine est une filière en plein essor », et probablement l’un des secteurs de production de protéines hautement durable dans un futur proche. Cependant, l’identification des points critiques de la qualité et de la sécurité alimentaire est nécessaire, tout comme un cadre légal. « Selon la réglementation actuelle, tous les animaux de rente doivent être mis à mort dans un abattoir », rappelle Bob Carrière, illustrant, à travers cet exemple, le besoin de mettre à jour la législation. Il émerge aussi « une demande claire de la part de la filière » de vétérinaires capables de fournir un service d’assurance de contrôle qualité pour ce nouveau secteur.

Le commerce des chiots

La Hongrie et l’Espagne seraient les principaux pays “producteurs” de chiots dans l’Union européenne, l’Allemagne et la Grande-Bretagne les plus grands “consommateurs”. C’est ce qui ressort, au stade actuel, d’une enquête (30 000 répondants) de la Commission européenne, dont le rapport sera bientôt publié. Ces résultats étaient présentés par Andrea Gavinelli (Commission européenne), le 12 novembre, lors de la Conférence européenne sur le bien-être des chiens et des chats dans le commerce2. Selon Andrew Robinson (Royaume-Uni), vice-président de la FVE, d’autres conférenciers invités à cet événement avaient souligné « que les contrôles aux frontières ne sont pas en état de freiner le commerce des chiots illégaux et que la certification frauduleuse et la vente par Internet de ces chiots étaient difficiles à combattre ».

Parmi les autres thèmes traités : la formation permanente, la castration des porcelets, l’éthique vétérinaire, l’hygiène et la sécurité alimentaire, l’avenir de la profession et l’auto-évaluation des instances ordinales via un outil dédié. La prochaine assemblée générale de la FVE aura lieu à Marche-en-Famenne (Belgique), les 3 et 4 juin 2016.

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