La dialyse en 5 points

Transposée de la médecine humaine, l’hémodialyse chez le chien et le chat a connu un véritable essor, notamment grâce aux avancées technologiques des appareils de dialyse, qui permettent la prise en charge d’animaux toujours plus petits. Les possibilités thérapeutiques offertes par cette technique ne cessent de croître, ses indications dépassant le simple “remplacement rénal”.

1/ P*rincipes

L’hémodialyse, terme fréquemment abrégé en « dialyse », est une technique d’épuration sanguine extracorporelle dont l’objectif initial est la suppléance de la fonction rénale. En pratique, des échanges entre le plasma et un liquide de dialyse, appelé dialysat, ont lieu au sein d’un système, le dialyseur ou rein artificiel. Celui-ci comporte deux compartiments séparés par une membrane semi-perméable disposée sous forme de fibres creuses. L’un sert à la circulation sanguine (dans les fibres), l’autre à celle du dialysat (autour des fibres), l’activité étant assurée par un générateur de dialyse.

Le dialysat contient différents ions, dont la concentration varie en fonction de la correction que l’on souhaite apporter aux déséquilibres métaboliques plasmatiques présents. Les échanges reposent sur deux mécanismes principaux : la convection et la diffusion. Il est possible d’opter pour l’un ou l’autre, ou de les combiner en fonction des effets recherchés. La diffusion (échanges selon le gradient de concentration) permet une très bonne extraction des métabolites dissous, tandis que la convection permet d’extraire l’eau libre en excès ainsi que des métabolites entraînés par le courant d’eau créé.

2/ Objectifs

L’objectif de la dialyse est de remplacer la fonction rénale déficiente, de manière transitoire, dans l’attente d’une récupération fonctionnelle. L’hémodialyse ne correspond donc pas à un traitement curatif, mais à un traitement palliatif des insuffisances rénales aiguës (IRA) sévères. Il s’agit d’en traiter les complications, telles l’hyperkaliémie, l’azotémie, l’acidose métabolique ou la surcharge volumique. Enfin, quelques rares publications relatent l’utilisation de l’hémodialyse lors d’intoxications aiguës.

3/ Indications et critères

Lors d’IRA, l’absence d’amélioration de la fonction rénale, malgré la fluidothérapie, dans les 24 à 48 heures est une indication principale de recours à la dialyse. D’autres critères majeurs existent cependant, tels que :

– la surcharge hydro-sodée, évaluée par le suivi du poids (surcharge), des mesures de la pression sanguine ou la présence d’œdème aigu du poumon (OAP) ;

– l’hyperkaliémie, au-delà de 6,5 mEq¹/l, malgré un traitement médical approprié.

D’autres critères peuvent être pris en compte, mais ils ne constituent pas, à eux seuls, des critères majeurs. Il s’agit de l’urémie (urée > 58 mmol/l), de l’acidose (pH < 7) ou encore de l’oligo-anurie (diurèse < 1 ml/kg/h). Enfin, le suivi de la créatininémie, plus précisément son augmentation malgré la fluidothérapie, sera un argument supplémentaire.

4/ Différents protocoles

Une séance d’hémodialyse se déroule généralement sur trois à quatre heures, l’objectif étant de réduire au moins de moitié l’urémie et la créatininémie.

Les séances sont à prescrire en fonction de l’évolution clinique, aucun protocole n’étant encore validé. Ainsi, le type et le nombre de séances ou encore le délai entre chacune sont à l’appréciation du clinicien néphrologue, en fonction de l’état de l’animal, et peuvent varier d’une séance unique à des séances quotidiennes et répétées.

5/ Informations pratiques

Outre le dialyseur et le générateur de dialyse, le traitement nécessite un personnel hautement qualifié dans la technique de dialyse et les soins intensifs, un néphrologue, un fonctionnement 24 h/24 et des locaux adaptés. C’est pourquoi encore peu de centres vétérinaires sont équipés en France.

Concernant l’aspect financier, il est préférable de prendre contact directement avec le centre concerné. Les prix sont en effet variables et dépendent de l’état de l’animal, des analyses à réaliser et du nombre de séances. L’hémodialyse nécessitant des soins lourds et continus, les devis sont le plus souvent conséquents (entre 2 500 et 3 000 €).

• 1 Milliéquivalent.

• 2 Résident au Siamu de VetAgro Sup.