Beef carbon, pour réduire l’empreinte carbone de la viande - La Semaine Vétérinaire n° 1652 du 27/11/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1652 du 27/11/2015

FILIÈRE VIANDE BOVINE

Pratique mixte

FORMATION

Auteur(s) : Serge Trouillet

À quelques semaines de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP21) à Paris, la filière viande bovine a lancé officiellement, au Sommet de l’élevage, le programme Beef carbon (encadré), un plan d’action visant à réduire l’empreinte carbone de la viande de 15 % d’ici à 2025. L’objectif est ambitieux. Pour l’atteindre, la filière viande bovine a établi un plan d’action sur cinq ans. Il s’appuie sur une application web, CAP’2ER1, un outil d’évaluation des impacts environnementaux et d’appui technique à l’échelle d’une exploitation, développé par les filières d’élevage de ruminants. Cet outil permettra de réaliser le diagnostic, dès 2016, de 2 000 fermes de démonstration, dont 1 700 en France, afin d’obtenir un ensemble de références environnementales. Il s’agit de lancer une dynamique sur l’ensemble du territoire afin de créer un observatoire national et d’évaluer la faisabilité de la démarche. Parallèlement, 170 fermes dites innovantes vont être identifiées pour démontrer l’intérêt des différents leviers de réduction de l’impact environnemental, entre janvier 2016 et décembre 2020.

Construire un plan d’action

La démarche commence par la sensibilisation des éleveurs et de leurs conseillers à la prise en compte des enjeux environnementaux, économiques et sociaux, dans la gestion des exploitations, notamment concernant le lien entre les émissions de gaz à effet de serre (GES) et la pratique d’élevage (fertilisation, conduite sanitaire du troupeau, par exemple). Grâce à l’outil CAP’2ER, l’empreinte environnementale des produits des élevages de ruminants (lait, viande) pourra être évaluée, les exploitations seront situées par rapport à un référentiel, le lien sera établi entre les performances environnementales, techniques et économiques. Surtout, en identifiant les marges de progrès, il va faciliter la mise en place d’actions visant à améliorer l’empreinte environnementale des exploitations tout en assurant leur pérennité.

Un premier niveau d’utilisation de cet outil permet une approche pédagogique ; le diagnostic, qui nécessite la collecte d’une trentaine de données, peut être réalisé en une demi-heure et propose une première évaluation rapide des performances environnementales. Le deuxième niveau d’utilisation a pour finalité d’agir. À partir de 150 données, l’évaluation est bien plus fine ; elle permet d’identifier des marges de progrès et de construire, avec l’éleveur, un plan d’action qui pourra porter sur la gestion du troupeau, l’alimentation des animaux, la fertilisation, la gestion des déjections, etc. CAP’2ER offre également la possibilité de traiter l’information (synthèses, bilans, simulations de leviers d’action, suivi de performances, etc.).

Améliorer les performances d’élevage

L’évaluation environnementale ne se réduit pas aux émissions de GES, en lien avec le changement climatique. CAP’2ER intègre d’autres indicateurs, afin de mieux cerner leurs impacts potentiels sur l’environnement : consommation d’énergies fossiles ; qualité de l’air, à travers son acidification ; qualité de l’eau, à travers son eutrophisation. Il évalue également les contributions positives de l’élevage : le maintien de la biodiversité ; le stockage de carbone, qui permet de raisonner en émissions totales et en émissions nettes ; mais aussi la performance nourricière, qui traduit la fonction première de l’activité agricole.

CAP’2ER intègre par ailleurs d’autres piliers du développement durable, à travers des indicateurs de performance économique (coût de production, résultat) et de conditions de travail (quantité, pénibilité). Cette dimension vise à intégrer l’évaluation de la triple performance économique, sociale et environnementale, de manière à construire des plans d’action en cohérence avec la durabilité des exploitations d’élevage de ruminants, à moyen et long terme.

Tous ces indicateurs, pourtant, ne suffisent pas. S’ils sont nécessaires pour qualifier les performances d’un élevage, ils doivent être reliés à des indicateurs de pratiques utilisées quotidiennement par les éleveurs et les techniciens. En évaluant en parallèle ces deux types d’indicateurs, CAP’2ER permet de mettre en avant les pratiques qui doivent évoluer de manière à améliorer les performances techniques et environnementales d’un élevage.

Mettre en place et promouvoir des systèmes bas-carbone

Les évaluations conduites sur les systèmes de production mettent en évidence une variabilité importante des résultats environnementaux et de production. Elles soulignent en outre le lien entre ces résultats et les pratiques d’élevage. Les marges de manœuvre sur l’optimisation de l’existant sont donc substantielles. Par des actions ciblées, de nouvelles pratiques pourront alors être mises en œuvre. Elles permettront de réduire les émissions de GES, mais aussi d’accroître la compensation carbone. Les leviers, qui doivent être compatibles avec la performance technique et économique de l’exploitation, ne manquent pas.

Pour la réduction des émissions de GES, ils peuvent concerner la gestion du troupeau (diminution des animaux improductifs, augmentation de la productivité animale, par exemple), l’alimentation (équilibre de la ration, qualité des fourrages, etc.), la gestion des déjections (en bâtiment, au pâturage, méthanisation, par exemple), la gestion des cultures (introduction des légumineuses dans le système fourrager pour réduire l’utilisation des engrais azotés, recours à des techniques culturales simplifiées, etc.), l’énergie (consommation de fioul et d’électricité), etc. La compensation carbone est, quant à elle, favorisée par le maintien des prairies permanentes, l’implantation de haies, l’allongement de la durée des prairies temporaires, entre autres. Bref, l’objectif est d’optimiser au cas par cas, selon les systèmes de production, des techniques déjà utilisées, afin de mettre en place et de promouvoir des systèmes bas-carbone.

Communiquer sur les résultats

Avec ce plan d’action, la filière bovine affirme son engagement dans le défi climatique. À travers des actions concrètes, dans le cadre d’une démarche collective et cohérente déployée à grande échelle, les avancées du projet Beef carbon vont pouvoir se disséminer sur l’ensemble du territoire et faire émerger une autre vision du conseil en élevage. La filière espère ainsi capitaliser sur la communication des résultats produits, comme elle le fait lorsqu’elle rappelle que, depuis 1990, le secteur bovin viande et lait a déjà réduit de 14 % ses émissions de GES, et qu’il en compense en moyenne 30 % grâce au stockage de carbone dans les prairies et les haies.

  • 1 Calcul automatisé des performances environnementales en élevage de ruminants.

  • 1 Compte d’affectation spéciale “développement agricole et rural”.

UN RÉSEAU D’EXPERTS ISSUS DE QUATRE PAYS

Agréé en septembre 2015 pour une durée de cinq ans, le programme Beef carbon bénéficie de financements Casdar1 de l’Europe et du ministère de l’Agriculture. Il mobilise un réseau d’experts issus de quatre pays : la France (six régions) ; l’Espagne (quatre régions) et l’Italie (deux régions), pays vers lesquels partent la plupart des broutards français ; ainsi que l’Irlande, qui utilise déjà un calculateur d’empreinte environnementale. Les systèmes de production de ces pays, qui assurent 32 % de la production de viande européenne, sont très distincts, d’où l’intérêt de leur confrontation.

En France, en plus de l’Institut de l’élevage (Idele) et de l’association Interbev, qui regroupe les principaux acteurs de la filière viande bovine, Beef carbon fédère un large partenariat incluant l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) et les organismes de développement (chambres d’agriculture, structures de conseil, coopératives, etc.), sans oublier les 2 000 éleveurs (dont 1 700 en France) dont les exploitations vont être diagnostiquées, et qui sont au cœur du projet.

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