Des souris transgéniques exprimant la PrPc de lapin sont sensibles aux prions

La transmission d’une espèce à une autre des prions est aujourd’hui établie, aussi bien sur le plan expérimental que dans les conditions de terrain. Après plusieurs passages sur des nouveaux hôtes, les prions sont capables de modifier leurs propriétés biologiques et de s’adapter à leur nouvel hôte. Cette propriété est très importante à considérer lors de l’évaluation des risques potentiels associés à la consommation de protéines contaminées par les prions. Les lapins ont été considérés pendant des décennies comme une espèce extrêmement résistante à l’infection par les prions. Or une équipe de scientifiques espagnole a récemment rapporté, dans une étude publiée dans la revue Plos Pathogens, la possibilité de transmission des isolats de prions à des souris transgéniques surexprimant la protéine du prion normale cellulaire de lapin (PrPc TgRab, pour Transgenic Rabbit).

Expérience avec des prions de différentes espèces

Afin de vérifier la sensibilité des lapins aux infections par les prions, des souris transgéniques surexprimant la PrPc TgRab ont été développées au laboratoire. Les animaux ont ensuite été inoculés par différentes souches de prions provenant de laboratoires ou du terrain : souches de tremblante ovine (SSBP/1), de tremblante Nor98, souches bovines provenant d’animaux atteints d’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB-L), souches de cervidés atteints de la maladie du dépérissement chronique (MDCC), souches murines expérimentales (ME7, RML), souches de ruminants obtenues expérimentalement (Sheep BSE) et souches de lapin (De novo NWZ).

Lors du premier passage sur les souris de la TgRab, elles se sont révélées sensibles à la majorité des souches et isolats de prions (Sheep BSE, ESB-L, De novo NWZ, ME7 et RML), à l’exception des souches SSBP/1, MDCC et Nor98. De plus, les caractéristiques biologiques de chaque souche ont été retrouvées chez les souris inoculées : périodes d’incubation, lésions dans le cerveau, la répartition de la protéine prion anormale (PrPres) dans le système nerveux central et les profils moléculaires de la PrPres retrouvés par Western blot.

Ces résultats confirment les études précédentes de la même équipe sur la sensibilité du lapin à la transmission par les prions, dans lesquelles ils n’avaient toutefois utilisé qu’une seule souche de prion.

Les auteurs concluent que le lapin pourrait être un réservoir pour les prions et qu’il est important dorénavant de surveiller les sources de protéines servant à le nourrir.

Vidal E., Fernández-Borges N., Pintado B. et coll. Transgenic mouse bioassay : evidence that rabbits are susceptible to a variety of prion isolates. Plos Pathog. 2015;11:e1004977. doi: 10.1371/journal.ppat.1004977.